Ce mardi 3 avril 2007
Ils étaient amis Jean et Mathieu, depuis les années de leur enfance. Toujours ensemble. S’il fallait même la nuit dormaient dans une même maison. Ils étaient engagés sur un chemin qui les voyait toujours lutteurs pour la justice. Ils avaient choisi de se mettre à coté des « Sans voix ». Mais voila un jour l’un d’eux rencontre un groupe de personnes qui lui promettent le ciel, la richesse, le pouvoir. Ils lui demandent de se faire accusateur de son organisation et donc… de livrer son ami. Devant l’argent il ne se retire pas et accuse son ami qui fini en prison…
Il y a une page dans l’Evangile de Jean qui me bouleverse chaque fois que je me mets à la lire. Je viens da lire ce matin. Nous sommes au chapitre 13 de Jean aux versets 21-33-36-38.
* Le scenario c’est celui de la dernière cène. Jésus de Nazareth est entouré de ses apôtres pour ce dernier repas. Un repas de fête, pour la pâque qui s’approche, mais aussi un repas d’adieu car dans deux petits jours ce Jésus sera cloué sur une croix au sommet du calvaire.
Fête et souffrance, toujours ensemble, toujours présentes.
Fête et souffrance parsèment la vie et l’histoire de tout homme de toute race et de toute religion.
- « L’un de vous me livrera ». Et un grand froid et un profond silence tombent dans la salle. La fête est gâchée par cette annonce d’immense tristesse. Comment parmi ses amis il y en a un qui va trahir toute sa confiance ? Comment parmi ses amis il y en a un qui va le livrer au pouvoir sans aucune accusation ?
- « L’un de vous me livrera ». Lorsque les appétits de tout genre ont le dessus sur la raison, on ne peut pas s’étonner de trahisons, de mensonges, d’accusations, de meurtres. L’homme qui ne maitrise pas ses appétits et ses passions ne sera jamais capable d’être un véritable ami qui sache aimer.
- « L’un de vous me livrera ». Notre histoire humaine est parsemée de Judas. Partout, dans tous les coins de notre monde, il y a des Judas. Au sein de nos familles, de nos communautés, de nos villes, de nos gouvernements, dans la politique comme dans les églises, nous rencontrons des pauvres Judas.
* Combien de fois au cours de la longue guerre vécue en RDC dans laquelle nous étions témoins d’innombrables et macabres faits de violence, de tuerie, de viol, et de pillage perpétrés par les mêmes fils de cette riche terre, je me suis posé la question : « Mais pourquoi ce Judas qui vendent à leur gré et à leurs intérêts égoïstes cette terre que nos ancêtres nous ont laissé pour y vivre ? »
Oui, peut être j’avais bien trouvé une réponse, mais les dizaines et dizaines de cadavres innocents que j’avais rencontré sur mon chemin m’avaient amené, encore une fois, devant la dénonciation amère de Jésus de Nazareth : « L’un de vous me livrera ».
* Il ne faut pas beaucoup pour trahir une personne et devenir ainsi un Judas d’aujourd’hui. Un mot, un renseignement, un écrit, un geste, une action… ca suffit. Pour le traitre la personne humaine ne compte rien, ce qui compte pour lui est l’argent, son propre visage, ses propres gains.
Un traitre est plus dangereux qu’un fous, a dit Jules-Paul Tardivel . Un traitre est celui qui quitte son parti pour s’inscrire à un autre ; est un converti à une autre cause, parfois avec le danger de nuire. Le flatteur est proche parent du traitre, disent les basques. Enfin, si, pour exister politiquement, il faut aujourd’hui trahir ses amis politiques, alors vraiment la politique est tombée bien bas. Le traître ne peut plus jouer au caméléon pour mieux me piéger ; le traître ne peut plus se cacher derrière son ombre. La lumière éclaire tout, a écrit Jacques Rancourt dans son poème « Le traitre »
3 avril 2007
Billet du jour, Evangile