L’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC), Jean-Pierre Bemba, a quitté mercredi Kinshasa pour le Portugal, près de trois semaines après des combats meurtriers entre sa garde rapprochée et l’armée régulière, a-t-on appris de source aéroportuaire.
Il a embarqué avec sa femme et ses cinq enfants à bord de son Boeing 727, qui a décollé à 02H00 (01H00 GMT) à destination de Lisbonne.
Le président de l’ex-rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC), devenue le premier parti d’opposition du pays, était « hébergé » dans une résidence de l’ambassade d’Afrique du Sud à Kinshasa depuis le 22 mars.
La famille Bemba a été convoyée dans la nuit de cette résidence à l’aéroport par des Casques bleus de la Mission de l’ONU en RDC (Monuc).
La garde rapprochée de l’ex-rebelle a été totalement défaite lors des combats à l’arme lourde des 22 et 23 mars, qui ont fait plus de 200 morts dans la capitale, selon des sources diplomatiques.
L’adversaire malheureux de Joseph Kabila à la présidentielle de 2006 quitte officiellement le pays pour des soins à une ancienne fracture à la jambe dans une clinique de Lisbonne.
Pour un diplomate en poste à Kinshasa, cet « exil sanitaire » devrait ouvrir la voie à « une restructuration de l’opposition » dans un climat encore très tendu à Kinshasa.
Le MLC, qui est resté très silencieux ces dernières semaines, a dénoncé dimanche des menaces contre ses cadres, des arrestations arbitraires et l’occupation de son siège national, encore occupé par la garde présidentielle.
Toutefois, ses élus ont continué à siéger à l’Assemblée nationale et ont réaffirmé leur volonté de mener un combat républicain pour sauvegarder le processus démocratique en RDC. Mardi, l’opposition a obtenu par consensus deux des sept présidences de commission permanente à l’Assemblée.
Les élections de 2006, considérées comme les premiers scrutins libres en plus de 40 ans dans l’ex-Zaïre, ont mis fin à une difficile transition politique entamée en 2003 après une guerre régionale de près de cinq ans.
Le camp du président Kabila, qui s’est imposé avec 58% des voix contre M. Bemba à la présidentielle, dispose d’une confortable majorité dans la totalité des institutions élues depuis 2006.
Après la présidentielle, l’ex-rebelle Bemba s’était engagé à conduire une « opposition forte et républicaine ». Elu sénateur de Kinshasa en janvier, il avait refusé de voir ses troupes intégrer l’armée régulière, estimant que les 12 policiers affectés à sa protection par décret présidentiel étaient totalement insuffisants.
Après la défaite des troupes de l’ancien chef rebelle, le pouvoir a accusé ce dernier d’entretenir « une milice » et le parquet général a ouvert une « information judiciaire » qui pourrait déboucher sur des poursuites contre lui.
Dans ce contexte délétère, le sénateur Bemba, actuellement couvert pas son immunité parlementaire, avait demandé à être évacué pour des soins au Portugal, où il possède une résidence.
En dépit de son engagement à n’avoir « aucune activité politique » sur le sol portugais et d’un « accord de principe » de la présidence, les discussions ont duré près de 15 jours avant qu’un feu vert soit finalement donné par le président du Sénat.
Cette autorisation permet à M. Bemba de quitter librement le pays et d’être assuré de ne pas perdre son siège au Sénat, où toute absence non autorisée à plus d’un quart des séances d’une session met automatiquement fin au mandat. www.afriquecentrale.info
11 avril 2007
Actualités