Le commandant rwandais Bernard Ntuyahaga, jugé en assises à Bruxelles pour le meurtre de 10 Casques bleus belges et du Premier ministre de son pays en 1994 à Kigali, n’a rien à se reprocher et est même l’un des rares à avoir « fait son devoir », a affirmé lundi son avocat. Bernard Ntuyahaga est « l’un des premiers qui a essayé de faire quelque chose », il est « l’une des 10 personnes qui ont fait leur devoir durant ces événements », a déclaré Me Luc De Temmerman, en réponse à l’acte d’accusion lu jeudi par le parquet.
Le magistrat fédéral Philippe Meire avait expliqué lors de la première audience jeudi que, selon l’enquête, le commandant Ntuyahaga, 55 ans, avait fait assassiner, à l’aube du 7 avril 1994, le Premier ministre Agathe Uwilingiyimana, alors qu’elle s’apprêtait à lancer un appel à l’unité nationale, quelques heures après l’attentat fatal au président rwandais de l’époque, Juvénal Habyarimana.
Le commandant est également accusé par la justice belge d’avoir emmené ensuite les 10 Casques bleus qui protégeaient le Premier ministre au « camp Kigali ». Ils y ont été tués par des militaires rwandais à qui Bernard Ntuyahaga aurait affirmé que les Belges avaient assassiné le président Habyarimana.
Lundi, son avocat a donné en une petite heure une toute autre version des faits, expliquant que l’officier rwandais avait simplement conduit les 10 militaires belges au camp Kigali parce qu’un bureau de l’ONU s’y trouvait, avant de retourner à son bureau.
« Il est ensuite revenu au camp, a tenté d’intervenir puis, voyant que ça ne marchait pas, il est reparti », a expliqué Me De Temmerman.
Selon l’avocat, le dossier a été monté contre le commandant Ntuyhaga pour des raisons « politiques », parce que l’on « ne peut jamais dire que la mort des 10 Casques bleus a engendré le retrait des troupes belges et que cela avait permis à (l’actuel président rwandais) Paul Kagame de prendre le pouvoir ».
Me De Temmerman, dont les propos ont choqué les familles des 10 parachutistes présentes au procès, a aussi affirmé que son client avait « toujours dit la vérité ». L’acte d’accusation relève toutefois que l’ancien officier avait durant l’enquête expliqué de cinq manières différentes les circonstances dans lesquelles il avait rencontré les militaires belges et les avaient emmenés au camp Kigali. La parole a ensuite été donnée aux avocats des parties civiles, avant que ne débute le premier interrogatoire de Bernard Ntuyahaga par le présidente de la cour d’assises, Karin Gérard.
La mort des 10 Casques bleus avait profondément ému la Belgique, dont le gouvernement avait immédiatement décidé de retirer son contingent, le mieux équipé de la Mission des Nations unies au Rwanda, la Minuar. Cela avait contribué à laisser le champ libre aux massacres, au cours desquels quelque 800.000 personnes, essentiellement des membres de la minorité tutsie et des opposants hutus, ont été tuées en un peu moins de trois mois. – http://www.afriquecentrale.info/central.php?o=5&s=47&d=3&i=392
25 avril 2007
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