FDLR/Interahamwe s’installent et circulent en libre citoyen

4 mai 2007

Actualités

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… sur l’ensemble du territoire national
(Congo Tribune 04/05/2007)

La question de la présence en RDC des forces négatives préoccupe depuis 1994 les organisations internationales et des gouvernements qui se sont succédés en RDC sans que suite favorable à sa résolution définitive n’y soit apportée. Que des sommets et résolutions, que des accords bipartites, tripartites, multipartites (Zambie, Addis-Abeba, Arusha, Luanda, Abuja 1et 2, Pretoria, Bujumbura, Kampala, Rome, etc.) ; que des engagements ; que des discours et promesses assorties d’ultimatum ont été tenus, adoptées, signés, pris, avancés, révisés, refaits, re-harmonisés ; que des mots abusés, que des frais des missions engloutis, que du temps perdu pour une promenade de reconstitution, un tourisme sans résultat.

Aujourd’hui, 13 ans après, la situation ou mieux la menace de la présence des forces négatives sur la région des grands-lacs demeure inchangée, le cas le plus éloquent est celui des Interahamwe dits FDLR, ces citoyens rwandais qui après avoir perpétré le crime le plus odieux du siècle dans leur pays, ont trouvé asile dans un état en totale déliquescence pour y instaurer leur autorité et trôner sur des millions des congolais de l’Est à l’Ouest. Il n’est plus à démontrer, moins encore à crier sur le toit que ces étranges étrangers ou mieux réfugiés (signe de respect envers ceux qui leur octroient le statut de réfugiés) administrent des entités territoriales congolaises plus vastes que leur propre pays, prélèvent auprès des citoyens congolais taxes et redevances dues à l’état, instaurent le pire des régimes de répressions sanglantes contre les insoumis, assorti des sanctions que jamais l’esprit inventif humain, même le génie du virtuel du

21ème siècle n’a envisagées, sous le regard moins ou plus regardant de la fameusecommunauté internationale inactive, intéressée peut-être, mais surtout vaincue sans courage de l’avouer. Jamais les Nations-Unies n’ont déployé dans le monde un aussi impressionnant dispositif militaire en hommes de troupes et en matériels, débloqué des montants faramineux de l’ordre des milliards l’an pour entretenir un dispositif qui n’a pas réussi à réduire d’un iota la menace. L’on apprend qu’il existerait encore dans les couloirs des Nations-Unies ceux de ces trop ambitieux, imbus d’eux-mêmes et affairistes qui voudraient convaincre le monde de leur ‘’sur aptitude’’ de remplir le tonneau de Danaïde par la reconduction de la fameuse mission déclarée mais jamais accomplie de la MONUC.

Pendant ce moment, aux cris assourdissants de détresse, des SOS des morts, des violées, des éventrées, des bébés enterrés vifs, des fœtus extirpés, dépiécés et assaisonnés pour garnir les tables des parents, des femmes et filles enlevées, violentées et vendues à la place publique au prix de 100, 200, 300 $ américains selon l’intérêt qu’elles présentent aux acheteurs, des décapités et autres amputés, des hommes poignardés, des malades achevés, des cadavres déterrés ou mutilés, des tombes profanées, les officiels et autres affairistes se complaisent dans des discours rassurants, prometteurs et plus souvent évasifs pour donner l’impression que la situation est sous contrôle pour autant qu’ils tirent leur épingle du jeu.

Victorieux, ils ne se voilent plus le visage, ils tiennent des brillants discours ‘’militantistes’’ on ne peu plus clairs clamant sur la place publique à qui veut l’entendre, leur position en faveur d’une forme de légitimation de la lutte et de la présence continue des FDLR/Interahamwe sur le sol congolais. Les débats publics aux parlements national et provinciaux, les interventions radiotélévisées des acteurs sociaux, politiques et économiques congolais que l’on entend en longueur des journées sont suffisamment révélateurs à ce sujet et n’ont qu’un seul objectif : celui d’apprendre aux compatriotes les notions du savoir-vivre avec leurs bourreaux comme les survivants de Goma avec le volcan.

L’on pouvait parier que les années sombres et sanglantes de l’histoire congolaises étaient suffisamment édifiantes qu’aucun congolais ne s’y tromperait, que l’on en extirperait des leçons édifiantes. Jamais croire que le train de la démocratie fait du surplace et gagne du temps en faveur de la réorganisation et de la légitimation du pouvoir des forces nées de l’intolérance pour le lancement d’un assaut final sur les survivants du désespoir. Du Nord-est au Sud-est de la République des nouveaux plans se mettent en place pour relancer la guerre africaine, peut-être cette fois-ci, la véritable troisième guerre mondiale, les stratèges militaires français officiels et mercenaires débarquent à Goma, le FDLR/Interahamwe finalise presque son dispositif d’approvisionnement, peaufine et raffine des nouvelles stratégies : des tactiques et techniques de combat sont au point de finalisation ; l’armée congolaise quant à elle sert de couverture, certaines brigades semblent mieux outillée, mieux disposée pour cette nouvelle aventure française dans la région ; un seul rêve, un seul idéal : trôner le FDLR dans le fauteuil de Paul KAGAME à quelque prix que ce soit et le monde se portera à merveille.

Pour plus de perfection dans l’accomplissement dudit plan, il faut déceler et démanteler tous les goulots d’étranglement : redéployer les mixées dans d’autres provinces que celles du Nord et Sud-Kivu, distraire par l’installation dans les allées du pouvoir des membres d’une certaine communauté pour non seulement les faire avaliser l’opération, mais aussi et surtout leur enlever tout prétexte de victimisation qui ferait des égratignures à l’opération. Quoi que diaboliquement génial, ce plan est encore loin de la perfection pour autant que les traces du crime ne sauraient le rendre parfait : la technique de camouflage des auteurs matériels n’atteint pas l’idéal ; de RUTSHURU à GOMA, en passant par WALIKALE, MASISI, RUMANGABO, ils se dissimulent sous la soutane du clergé et autres pasteurs d’églises, les manteaux des hommes d’affaires, des motards, des domestiques, des enfants de la rue, l’uniforme des membres de l’armée régulière ou du contingent de la MONUC, ils passent les frontières de la RDC porteurs des passeports congolais, ils siègent dans les institutions étatiques de la RDC où ils bénéficient des nombreux réseaux des partenaires, amis et sympathisants, ils sont fonctionnaires au sein des organisations non gouvernementales, bref ils sont moins invisibles qu’ ils le croient. Nationaux.

Au-delà de la sous-estimation de la capacité de nuisance des FDLR/Interahamwe dont font preuve les onusiens pour alimenter leur propagande d’autosatisfaction, cette organisation criminelle a su conserver et peut-être perfectionner l’entièreté de sa puissance militaire tout au long des années d’exil et constitue aujourd’hui une véritable machine à tuer qui a pu faire face et résister aux nombreux assauts des contingents internationaux dont les limites ne sont plus à démontrer. Par contre, quoi que l’on reproche aux mixées, ces brigades demeurent la seule armée capable de défier la puissance de feu des FDLR/Interahamwe, et démanteler tout leur dispositif politique et militaire, leurs réseaux d’amis, sympathisants et partenaires qui voient ainsi leurs intérêts voler en éclat.

A regarder de plus près le bilan des opérations menées par une seule brigade mixée dans le territoire de Rutshuru, plus de ¾ du territoire occupé sont déjà récupérés d’entre les mains des Interahamwe qui laissent derrière eux d’innombrables morts et blessés, des arsenaux militaires impressionnants, des tenues et autres effets de camouflage (brassards et macarons aux couleurs et effigies des mixés) qui leur permettent de se faire passer pour des mixés et perpétrer ainsi des exactions en leur nom. Tandis que les 3 ans de la présence des brigades brassées sur l’ensemble du territoire national n’ont pas inquiété le FDLR/Interahamwe, plutôt les deux forces vivaient en symbiose dont se complaisent publiquement certains parlementaires des zones où prolifèrent ces bandes armées. L’on était loin de s’imaginer une seule fois que des personnes présumées sensées se félicitent de leur cohabitation avec les auteurs du génocide recherchés par un tribunal pénal international et plaider pour l’arrêt de toute pression contre eux.

Quand la recherche du gain personnel l’emporte sur l’intérêt général, l’on s’éloigne davantage de la démocratie, il n’existe pas non plus de démocratie sans sécurité.

La redaction. – Source:www.kivupeace.org

À propos de kakaluigi

Agé de 66 ans, avec 35 ans passés en Afrique dans la République Démocratique du Congo comme missionnaire. Engagé dans l'évangélisation, le social et l'enseignement aux écoles sécondaires. Responsable de la Pastorale de la Jeunesse, Directeur du Bureau Diocésain pour le Développement (BDD), Directeur d'une Radio Communnautaire et membre du Rateco.

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