Le mouvement politico-militaire de l’ex-général Laurent Nkunda a qualifié mercredi d’ »échec » le processus d’intégration de ses troupes à l’armée régulière de République démocratique du Congo (RDC) et prévenu qu’il envisageait de « récupérer ses militaires ». Les troupes de l’ex-général rebelle, qui s’étaient emparées fin novembre 2006 d’une localité proche de Goma, la capitale du Nord-Kivu (est), avaient commencé en janvier à intégrer l’armée nationale, à la suite d’un accord avec Kinshasa. Le pouvoir congolais avait alors affirmé vouloir privilégier une « solution pacifique » à la crise. Depuis début 2007, cinq brigades « mixées », constituées pour moitié d’hommes fidèles à Nkunda, ont été formées et déployées au Nord-Kivu.
« Le mixage a échoué sur le plan logistique et de l’organisation. Le gouvernement ne prend pas en charge nos militaires. Nous sommes obligés de leur fournir nourriture et carburant », a déclaré Patient Mwendanga, responsable politique du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Nkunda, joint par téléphone à Kitchanga, une des bases du général déchu au Nord-Kivu.
« Si le gouvernement n’arrive pas à assumer ses responsabilités, qu’il soit clair. Sinon, le CNDP va récupérer ses militaires et les utiliser autrement », a-t-il lancé. Interrogé sur la signification de cette « autre utilisation » qu’au sein de l’armée régulière qui peut être perçue comme une menace de relancer une rébellion dans la région, il a simplement répondu: « le moment venu, on vous le dira ».
Ancien officier tutsi congolais issu d’une ex-rébellion soutenue par le Rwanda pendant la dernière guerre en RDC (1998-2003), Laurent Nkunda est sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour des crimes de guerre commis par ses hommes lors de la brève prise de Bukavu (Sud-Kivu, est) en juin 2004.
Pour le CNDP, « le gouvernement ne respecte pas les accords passés, le mixage de la 6e brigade n’a toujours pas eu lieu ». M. Mwendanga a aussi affirmé que le mixage aurait dû s’étendre à l’état-major de l’armée au Nord-Kivu, au nord de la province (Beni-Butembo) et au Sud-Kivu voisin – ce dont il n’a jamais été question officiellement. Conçu pour désamorcer la crise sécuritaire et les conflits communautaires, le mixage des troupes de Nkunda, largement composées de soldats tutsis comme lui, devait être une « étape avant le brassage », le processus national de réforme de l’armée.
Les soldats mixés devaient « à terme » être démobilisés et formés avant d’intégrer de nouvelles unités destinées à être déployées à travers le pays et non sur place comme dans le principe du « mixage », selon le ministère de la Défense. Dans les zones sous contrôle des brigades mixées, élus locaux et ONG ont dénoncé la multiplication des violences contre les civils, y compris à Goma où la tension est montée ces derniers jours.
9 mai 2007
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