ALERTE AU KIVU

11 mai 2007

Actualités

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Le Kivu paie cash sa naïveté
(Le Révélateur 11/05/2007)

Le Kivu vit une veillée d’arme, si on ose le dire. Tous les paramètres réunis indiquent que Nkunda se prépare à lancer un nouvel assaut contre l’Est de notre pays au grand dam de la population qui s’est massivement rendue aux urnes en juillet 2006 sous la promesse de la  »paix ». Assassinats ciblés, catastrophes humanitaires, viols et razzias se sont pourtant succédés sans un seul espoir de cette paix. Et la cerise sur le gâteau fut le mixage, un processus qui a redonné du poil de la bête à Nkundabatware poursuivi pourtant pour crime contre l’humanité. Les députés du Nord et Sud Kivu, 41 au total ont signés une motion où ils dénoncent de manière virulente l’incapacité du gouvernement à rétablir l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays. Pathétique.

Les députés nationaux des Provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu toutes tendances confondues, comme l’attestent la déclaration qu’ils hésitent à publier depuis mardi 8 mai, ont perdu de la voix. Sont-ils en train de subir une pression plus forte que celle de leurs électeurs (exprimée lors d’une série de manifestations à Bukavu et Goma après l’assassinat ciblé de trois étudiants en moins de deux semaines) et choisir la solution des intérêts personnels ? Le Kivu est au bord de l’explosion. Il couve, à en croire de nombreux commentateurs, le risque d’un nouveau et vaste conflit armé.

Pour Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de la MONUC au Nord-Kivu citée par l’AFP, ‘‘tous les indicateurs sont au rouge, au plan sécuritaire et humanitaire, et on observe une hausse de la tension inter-communautaire’’. Conscients de la situation, ils ont pris leur courage à deux mains pour mener une action politique d’envergure : boycotter les travaux de l’Assemblée nationale pour exiger ‘‘la prise en compte des revendications des populations du Nord Kivu et du Sud Kivu’’, ‘‘jusqu’à (ce que) nous soyons assurés que les populations du Nord et du Sud Kivu bénéficient des signaux forts dans le sens du retour de la paix et de la restauration effective de l’autorité de l’Etat, et que les déplacés soient réinstallés dans leurs villages respectifs’’, avant que la situation n’atteigne le degré de Darfour. (Les Kivu vivent depuis 10 ans une catastrophe humanitaire proche de celle de la Deuxième guerre mondiale… qui ne peut se mesurer à ce qui se passe au Darfour, ndlr). Sans s’assurer du soutien de l’ensemble des députés, les élus du Kivu ont baissé les bras. (Lire ci-dessous la Motion incidentielle des députés nationaux des provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu à l’Assemblée nationale, toutes tendances confondues.)

La responsabilité de ces élus est grande d’autant plus que c’est eux qui ont échangé la ‘‘paix’’ avec des suffrages de la population. Ils ont contribué à toutes les élections, de la présidentielle aux législatives en passant par les provinciales et l’élection des gouverneurs avec un seul fonds de commerce, la Paix. La population ayant réalisé sa part du contrat se voit aujourd’hui comme le dindon de la farce. La paix s’éloigne de plus en plus. A part eux, on se demande pourquoi la société civile, l’archevêque de Bukavu et les associations des femmes du Kivu comme porte-voix, est devenue aphone, elle qui avait élevé la voix en juillet pour troquer les votes de Kivutiens contre la paix !

Recherche de l’exploit personnel

Alors que le Chef d’Etat-Major général des FARDC, le Lieutenant-Général Kisempia ainsi que le ministre de l’Intérieur, le Général-major Dénis Kalume rejetaient toute éventualité de prendre langue avec Nkundabatware, les observateurs ont appris avec surprise que le général John Numbi négociait avec le général déchu pour ‘‘mixer’’ ses troupes aux FARDC, ce qui supposait que les éléments de Nkunda devront lui rester fidèles et ne pouvaient s’éloigner de leur arrière-base, le Rwanda. Cet accord a donné ce que l’on craignait. De qui avait-il reçu ces ordres alors que les FARDC achevaient de mettre en place, fin janvier, un dispositif pour en finir avec lui ? Certains proches du pouvoir avancent l’intérêt d’une ‘‘solution de la pacifique’’ comme si elle était étudiée dans toutes ses facettes face à des interlocuteurs qui ne disent pas ce qu’ils pensent.

Nkunda nargue Kinshasa

Disposant de ses éléments selon ses humeurs, Nkunda a repris du poil de la bête dans le secteur. Finie la clandestinité, pour cet ancien officier visé par un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre, il s’affiche désormais au grand jour, harangue les foules, prend la parole sur les antennes de la Télévision nationale à Goma sur base de la légitimité lui conférée par ces accords… qui présentent beaucoup de zones d’ombre.
Sur fond de violences quotidiennes contre des civils au Nord et Sud-Kivu, Nkunda menace de revisiter ces accords. Cette menace fait transparaître le risque d’un nouveau conflit armé dans une province considérée comme une poudrière. C’est sous le label de son mouvement politico militaire, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), que le général renégat a évoqué mercredi 9 mai l’échec du processus de ‘‘mixage’’. Lorsque Nkunda dénonce l’échec de l’opération, il évoque également des accords politiques. Quels sont-ils ? Ses hommes ne sont-ils pas des FARDC ou ne doivent-ils pas faire la guerre comme les autres militaires ? Pourquoi doit-on les privilégier ? Pourquoi Nkunda voudrait-il absolument étendre son influence au Sud-Kivu ?

Préparation d’une nouvelle rébellion

Des renseignements militaires présentent en outre des chiffres qui pourraient faire croire que Nkunda recrute des démobilisés rwandais pour une nouvelle rébellion. ‘‘Nkunda avait au maximum 3.500 hommes avant le mixage. Il en fourni 7.000 et dit qu’il en a encore 2.000 en réserve’’, a-t-on appris de sources diplomatiques.

Pour un officier occidental contacté par l’AFP, ‘‘on va vers un conflit, la question est de savoir quand. La situation peut encore pourrir pendant des mois’’ alors qu’un conseiller du président Joseph Kabila reconnaît ‘‘l’échec programmé du mixage’’, affirmant que les hommes de Nkunda n’avaient jamais eu l’intention d’intégrer l’armée et que l’ex-général continuait à ‘‘instrumentaliser’’ les questions ethniques. Maintenant, après avoir conquis un vaste territoire de notre pays à la faveur de ces accords mal négociés, Nkunda récupère ses hommes pour ‘‘les utiliser autrement’’. ‘‘Le moment venu, on vous … dira’’ ce que ça signifie, a lancé Patient Mwendanga, responsable politique du CNDP.

‘‘La vraie préoccupation de Nkunda’’

Pour nombre d’observateurs, Kagame et Nkunda qui répond de lui, veulent transposer le conflit ethnico-militaire rwandais sur le sol congolais. Les rebelles hutu rwandais des Forces démocratique de libération du Rwanda (FDLR) ont accusé mercredi 9 mai le président rwandais Paul Kagame et l’ex-général Nkunda de vouloir créer un ‘‘Etat satellite du Rwanda’’ dans l’Est de la RDC. ‘‘Il (Nkunda, ndlr) a recruté des milliers de combattants au Rwanda, il est maintenant prêt à se proclamer maître du Nord-Kivu et du Sud-Kivu’’, a dénoncé un FDLR, Munyandekwe, joint depuis Bruxelles par l’AFP. ‘‘Kagame ne peut pas envoyer ouvertement ses hommes occuper les deux Kivus; il est obligé d’agir, en envoyant des hommes à Nkunda, dans la perspective de la création d’un Etat satellite du Rwanda, dans l’Est du Congo’’, a-t-il dit.

La guerre est à nouveau à nos portes, faute de tergiversations qui n’ont pas tenu compte d’intérêts de la communauté nationale. Plus d’un million de Congolais sont jetés dans les routes tandis que d’autres se cachent dans les forêts sans assistance et à la merci de toutes sortes de dangers.

Le Révélateur

MOTION INCIDENTIELLE DES DEPUTES NATIONAUX DES PROVINCES DU NORD KIVU ET DU SUD KIVU A L’ASSEMBLEE NATIONALE, TOUTES TENDANCES CONFONDUES

Honorable Président,

Honorables Madame et Messieurs les Membres du Bureau,

Honorables Députés et Chers collègues,

II vous souviendra qu’en dates des 12 et 13 avril 2007, les Honorables BOJI SANGARA et MULEGWA JEM’SI du Sud Kivu, joints par l’Honorable KYAVIRO Jean-Louis Ernest du Nord Kivu ont, devant cette Auguste Assemblée, posé des questions pertinentes aux membres concernés du gouvernement au sujet de la dégradation continuelle de la situation sécuritaire à l’Est du Congo, plus précisément dans les Provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu.

II serait nécessaire de rappeler qu’à cette occasion, au cours des riches débats qui ont suivi les questions des collègues précités, l’Assemblée Nationale et l’opinion publique ont eu la confirmation que :

1/ L’insécurité est récurrente dans ces deux Provinces ;

2/ Les crimes tels que les .assassinats ciblés, les razzias des villages, les enlèvements et surtout les viols à grande échelle, sans parler d’autres graves violations des droits de l’homme, sont massivement perpétrées sur des paisibles citoyens par des personnes et des groupes armés bien identifiés ; jouissant de la léthargie de la communauté internationale et profitant du silence coupable de l’Exécutif national ;

3/Le mixage des FARDC, l’opération illégale et anticonstitutionnelle aux contours obscurs, a officiellement introduit des étrangers dans notre armée nationale. Les unités mixées sèment mort et désolations sans la moindre sanction, ni la moindre remontrance de la hiérarchie et du Gouvernement. Il a été porté à notre connaissance que les opérations de mixage sont accompagnées de bouleversements dans l’administration tant civile que militaire. Chose étrange, les proches de l’ex général NKUNDA ont bénéficié ainsi d’élévation en grades dans l’armée, alors que les officiers fidèles et loyaux n’en ont pas bénéficié.

Entre temps, le plan de balkanisation du pays est déjà en marche : au Nord Kivu les responsables de la territoriale sont remplacés par les fidèles de NKUNDA, cas des territoires de RUTSHURU et de MASISI. Pour les insurgés, ce mixage a été l’occasion d’occuper le terrain sans combat, comme ces derniers s’en vantent à qui veut les entendre.

Pour preuve, monsieur NKUNDA, impose à présent ses éléments dans la Police nationale en remplacement de ceux régulièrement désignés. Les cas de Kiwandja à Rutshuru et de Bitonga à Masisi illustrent ce comportement.

Au Sud KIVU, le Gouvernement ferme les yeux devant la création de nouvelles entités territoriales que les insurgés érigent et où les autorités légalement établies sont violemment remplacées par des personnes de leur obédience. C’est le cas du territoire fictif de MINEMBWE avec 5 collectivités et 22 groupements.

Au niveau des zones contrôlées par les forces négatives, (NALU, FDLR, Interahamwe, Rasta…) ces dernières permettent de faire payer des taxes, de lever des impôts, d’imposer des travaux forcés, de trafiquer la drogue qu’ils forcent la population de consommera le tout en exploitant anarchiquement nos matières précieuses. Des véritables Etats dans un Etat existent ainsi à FATUWA, KASUGHO, BUNYATENGE et dans nombreux autres endroits du Nord Kivu et du Sud Kivu tels que BIJOMBO KATAKA… La population de ces deux provinces, traquées à la fois par les FARDC mal encadrées, les mixés et les forces négatives de tout bord, nos compatriotes fuient sans cesse leurs villages au point qu’actuellement, il est signalé plus de 150 mille déplacés de guerre dans les seuls territoires de Rutshuru, Lubero, Masisi et Walikale au Nord Kivu. Les chiffres de Walungu, Kabare, Shabunda, Fizi, Mwenga, Kalehe et Uvira au Sud Kivu sont presque similaires. A noter que les congolais dont question n’ont plus accès à leurs villages, à leurs pâturages et à leurs champs : ces derniers sont déjà occupés par des étrangers.

A la suite de ces questions auxquelles les tentatives de réponses du Gouvernement n’ont convaincu personne, l’Auguste Assemblée a pris des Résolutions et formulé des recommandations qui, jusqu’à ce jour, sont restées lettre morte.
Entre temps, les choses ne font que s’empirer sur terrain.

Aujourd’hui, la situation sécuritaire est devenue catastrophique, au point que la population (qui croyait) qui a vu dans les élections un espoir de paix, ne se reconnaît plus dans ses élus; y compris le premier d’entre-nous. Elle nous considère comme
complice d’un pouvoir qui l’abandonne.

En effet, après les questions orales où le Ministre de la défense a annoncé la fin du mixage, ces opérations de poursuivent pourtant. En plus, on annonce le déploiement des unités mixées jusqu’à Béni et Lubero.

Et les assassinats ciblés s’intensifient. Rien que dans la ville de Goma, 5 étudiants ont été assassinés la semaine dernière. Et la même pratique d’assassinat des leaders et des étudiants se poursuit à Bukavu. Aujourd’hui, le Parc National de Virunga est devenu un mouroir de suite des attaques quotidiennes sur les véhicules et des paisibles passagers par des hommes armés.

Au Sud Kivu, il y a quelques jours, des faux chefs coutumiers ont encore été désignés à Bijombo à Kataka au compte du territoire fictif de Minembwe. Ces derniers temps des opérations militaires sont menées avec comme objectif de pousser les FDLR et les lnterahamwe plus à l’intérieur du territoire national au lieu de les ramener dans leur pays d’origine. De tout cela aucune mission, même de consolation, n’a été jusqu’à ce jour accordée aux populations du Nord et Sud Kivu, ceci contrairement à d’autres provinces.

De tout ce qui précède, Nous, Députés nationaux des Provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu toutes tendances confondues :

1/ Exigeons la prise en compte des revendications des populations du Nord Kivu et du Sud Kivu tels que rappelés ci-dessus.

2/ Demandons à la communauté internationale, notamment, le Conseil de Sécurité de l’ONU, l’Union Européenne, l’Union Africaine ainsi que la SADC, de venir au secours des populations du Nord et du Sud Kivu, dont la situation devient de plus
en plus proche de celle du Darfour.

3/ Décidons qu’à dater de ce jour les députés du Nord Kivu et du Sud Kivu suspendent leur participation aux travaux de l’Assemblée Nationale, ceci jusqu’à (ce que) nous soyons assurés que les populations du Nord et du Sud Kivu bénéficient des
signaux forts dans le sens du retour de la paix et de la restauration effective de l’autorité de l’Etat, et que les déplacés soient réinstallés dans leurs villages respectifs.

4/ Demandons à tous les députés ici présents, dans la mesure où notre action vise le rétablissement de la paix et de l’intégrité de notre chère patrie, de nous soutenir dans cette action patriotique.

Fait à Kinshasa, le 8 mai 2007 

© Copyright Le Révélateur 

À propos de kakaluigi

Agé de 66 ans, avec 35 ans passés en Afrique dans la République Démocratique du Congo comme missionnaire. Engagé dans l'évangélisation, le social et l'enseignement aux écoles sécondaires. Responsable de la Pastorale de la Jeunesse, Directeur du Bureau Diocésain pour le Développement (BDD), Directeur d'une Radio Communnautaire et membre du Rateco.

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