Voulant coûte que coûte arracher la prolongation du mandat de la Monuc, Wiliam Swing révèle : 8.000 Rwandais et 1.000 Ougandais menacent la paix en RDC
(Le Phare 11/05/2007)
En prévision de la fin du mandat de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc), à la mi-mai courante, le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, William Lacy Swing, s’est entretenu jeudi avec les députés nationaux membres de deux commissions permanentes. A savoir : Défense et sécurité, Relations extérieures.
L’échange a tourné autour de la nécessité ou non de la poursuite du mandat de la Monuc en Rdc. Après un bref exposé du 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale, Marc Mvuama, pour situer le cadre de la rencontre, le patron de la Monuc a pris la parole.
William Swing a fait précéder son propos de la projection d’un documentaire restituant le travail de son organisation sur le terrain en Rdc. Celui-ci était plus centré sur le district de l’Ituri ainsi que les provinces du Nord et Sud-Kivu. Les députés ont suivi quelques séquences de l’encadrement des populations déplacées par les casques bleus, l’opération du dépôt des armes par les ex-miliciens et leur incinération.
Bref, c’était une sorte de bilan que le numéro un de la Monuc voulait présenter aux parlementaires.
Il convient de noter que dans le document imagé, on n’a pas vu une seule séquence montrant le côté négatif ou les faiblesses de l’organisation onusienne face au calvaire qu’endurent les populations des contrées en butte à l’insécurité.
Après la projection, William Swing a indiqué que sa mission compte environ 16.000 militaires venus de 49 pays. Le budget de son organisation a été revu à la hausse ces 3 dernières années. La Monuc consomme un milliard de dollars américains par an.
D’où elle compte parmi les missions les plus coûteuses de l’Onu à travers le monde, a précisé William Swing.
Sur un autre chapitre, il a souligné que la Rdc est le seul pays d’Afrique centrale qui n’a jamais trouvé la stabilité politique. Deux missions onusiennes y ont déjà été dépêchées, à savoir l’Onuc de 1960 à 1963 et l’actuelle Monuc.
L’orateur a également évoqué l’aspect lié au fonctionnement des Forces armées de la Rdc (Fardc) en parlant de l’insécurité qui règne dans l’Est du pays. A ce sujet, a-t-il révélé, 7 à 8.000 éléments armés rwandais et un millier d’Ougandais occupent l’Est de la Rdc où ils sèment l’insécurité et provoquent la désolation parmi les populations civiles.
Quel est l’avenir de la Monuc ? Swing a interrogé les députés en fixant du regard le 2è Vice-président Mvuama. Il a ajouté que le gouvernement congolais a déjà émis le souhait de voir la Monuc continuer son mandat.
Une façon de mettre les élus du peuple congolais devant un fait accompli pour entériner la position du gouvernement. Enfin, le Représentant spécial de Ban Ki-Moon a déclaré que la Monuc aidera l’organisation des élections locales.
Les députés sur leur soif !
Comme il fallait s’y attendre, cet exposé a suscité quelques interrogations. En gros, celles-ci portaient sur la recrudescence de l’insécurité dans la partie orientale de la Rdc. Les députés ont notamment cherché à savoir ce qu’a fait la Monuc pendant tout le temps de son mandat pour que les coupables des tueries, estimées entre 3 et 5 millions de morts selon plusieurs sources, soient traduits devant la justice. Pourquoi traquer les Interahamwe et ex-Far vers l’intérieur de la Rdc alors qu’il aurait fallu les pousser vers la frontière ou carrément les reconduire dans leur pays d’origine? Comment le général dissident Laurent Nkunda circule-t-il librement alors qu’on lui a lancé un mandat d’arrêt international ?
Bref, les intervenants voulaient savoir ce que fait réellement la Monuc en matière de sécurisation de la population civile.
Car, pour les uns, elle a une large part de responsabilité et joue parfois la duplicité dans ce qui arrive à l’Est en ce qui concerne l’activisme des forces dites négatives.
Devant toutes ces questions dont certaines pleines d’émotion, particulièrement celles formulées par des compatriotes originaires du Kivu, William Swing, qui s’était jusque-là montré évasif, a dû exprimer son mea culpa en reconnaissant quelques manquements de son organisation. Avant de déclarer qu’avec 17.000 hommes, nombre semblable à celui des casques bleus envoyés en Sierra Leone, un pays 24 fois plus petit que la Rdc, il est impossible que ses hommes soient présents partout à la fois.
Vu son agenda chargé avec un rendez-vous urgent à la présidence de la République, William Swing a suggéré à ses interlocuteurs de suspendre le débat, quitte à le reprendre au cours d’un face à face ultérieur.
Abordé par la presse, le président de la commission en charge des Relations extérieures, José Endundo Bononge, a souscrit à l’idée d’une deuxième rencontre destinée à évacuer toutes les zones d’ombre.
Toutefois, il a fait savoir qu’on doit faire un net distinguo entre ce que peut faire la Monuc, conformément à sa mission et ce qui relève de la responsabilité de l’Etat congolais.
2007-05-11 – (Dominique Muikenza)
11 mai 2007
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