Voila une très belle photo.
Elle a été tirée au cours de la visite du Pape Benoit XVI à la “Fazenda da Esperanca” au Brésil.
Benoît XVI visite une « Fazenda da Esperança » 12 mai 2007
La « Fazenda da Esperança » (« Maison de l’espoir ») pour les jeunes en phase de réinsertion
Ce matin, après une messe privée au séminaire Bom Jesús d’Aparecida où il est arrivé hier en fin de journée, le Pape Benoît XVI s’est rendu à 10h30 à Guaratinguetà, pour une matinée consacrée à la visite de la « Fazenda da Esperança ». Après des paroles d’accueil qui ont eu lieu dans l’église du domaine, le Saint Père va s’adresser à la communauté toute entière de ce centre de réinsertion de toxicomanes.
Fondée par des moines franciscains il y a 25 années, la « Fazenda da Esperança » (« Maison de l’espoir ») est située à, à peine 15 kilomètres de la Basilique d’Aparecida, le sanctuaire brésilien où le Saint Père célébrera la messe dimanche par laquelle il inaugurera la conférence des évêques latino-américains.
Des fidèles à la cocaïne et héroïne de tout le Brésil, et même des pays lointains comme la Russie, font des séjours d’un an au centre de désintoxication pour se désaccoutumer. Blotti en pleine nature équatoriale au fond d’un vallon couvert de bananiers et de cocotiers, le site de Pedrinhas est magnifique.
80 pour cent des patients arrivent à se déshabituer de la drogue après avoir quitté le centre et le succès des traitements a permis aux religieux qui ont créé l’exploitation agricole d’ouvrir 30 projets semblables au Brésil et 10 autour du monde, depuis le Mexique jusqu’aux Philippines.
« Le travail est essentiel dans le processus de réhabilitation, confie Antonio, l’un des animateurs du centre, lui-même ancien drogué. Les jeunes qui sont ici ont tous connu l’enfer de la drogue ou de l’alcool. Ils veulent s’en sortir. Beaucoup avaient cessé de travailler ou n’avaient jamais travaillé. Nous les aidons à découvrir ou redécouvrir la valeur du travail. Notre programme de réhabilitation s’appuie sur trois piliers : la vie communautaire, le travail et la spiritualité. Et ça marche ! Sans médicaments ni traitements spécifiques ! »
« Nous sommes ouverts à toutes les religions. La seule chose sur laquelle on doit être d’accord, est de rentrer dans un esprit de famille et d’amour « , a dit Hans Stapel, un prêtre allemand de 61 années qui dirige le projet.
« On vit ici la Bible mais on ne l’étudie pas. L’interprétation doctrinaire entraîne des défenses, mais vivre les enseignements de la Bible non « , a dit H. Stapel.
Suivant où est le lieu du traitement, dans les champs ou en ville, les patients travaillent dans des cuisines, des fabriques de meubles de bureau faits avec des matériaux recyclés, ou dans des exploitations agricoles en s’occupant depuis des arbres fruitiers jusqu’aux chevaux.
L’argent recueilli avec les ventes maintient le fonctionnement des centres de traitement.
Pour ouvrir de nouveaux centres, les moines dépendent de donateurs de terres et bâtiments, d’un réseau de volontaires et de l’aide de la hiérarchie catholique locale.
Stapel et ses collaborateurs ont invité le Pape Benoît XVI à visiter le domaine. Des fonctionnaires préparent la petite population à la visite papale et, après des années de négligence, ont pavé fébrilement le chemin de terre qui conduit au domaine.
Par coïncidence, Fray Galvao, que le Pape a canonisé hier, est né dans la ville où se trouve l’exploitation agricole.
Le Pape parlera le 12 mai à 2.000 fidèles en désintoxication qui feront le voyage jusqu’à la « Hacienda » depuis d’autres centres de traitement dirigés par les franciscains. Cela signifie que ses paroles seront traduites en Espagnol, allemand, russe et enAnglais.
Dans son message aux jeunes, le pape Benoît XVI avait eu des paroles très fortes à leur égard: « Bien des fois nous sentons trembler nos cœurs de pasteurs, lorsque nous constatons la situation de notre temps. Nous entendons parler des peurs de la jeunesse d’aujourd’hui. Elles nous révèlent un énorme déficit d’espérance : la peur de mourir, au moment où la vie est en train d’éclore et cherche à trouver sa propre réalisation ; la peur d’échouer, pour ne pas avoir trouvé le sens de la vie ; et la peur de rester déconnectés, face à la rapidité déconcertante des événements et des moyens de communication. Puis le Saint Père avait relevé le » taux élevé de décès parmi les jeunes, la menace de la violence, la prolifération déplorable des drogues qui secoue jusqu’à la racine la plus profonde, la jeunesse d’aujourd’hui. Pour ces raisons, on parle d’une jeunesse perdue ».
« Mais alors que je vous regarde, avait poursuivi Benoît XVI, vous les jeunes ici présents, qui rayonnez de joie et d’enthousiasme, je prends le regard de Jésus : un regard d’amour et de confiance, dans la certitude que vous avez trouvé le juste chemin. »
Après le déjeuner pris au séminaire avec les membres de la présidence du CELAM, le pape Benoît XVI se rendra à 18 h (23 h de Rome) au sanctuaire d’Aparecida pour le chapelet, qui sera suivi d’une rencontre avec des prêtres, diacres et séminaristes, religieux et religieuses du Brésil.
Histoire des « Maisons de l’Espoir »
Tout commence en 1981, quand le P. Hans Stapel, franciscain né en 1945 en Allemagne, est nommé curé de la paroisse Notre-Dame-de-Gloire de Guaratingueta, à côté de Pedrinhas , et déjà très active dans le domaine social. Il s’engage à fond dans ce nouveau ministère, et met son charisme au service des pauvres et des exclus. « Je n’avais aucun plan, dit-il, je ne voulais rien fonder. Mon désir, comme prêtre, était de vivre l’Évangile, de l’enseigner aux gens et de mettre en pratique les enseignements de Jésus. C’est ainsi que nous pouvons découvrir le monde avec les yeux de Dieu. »
Il sait convaincre et mobiliser les paroissiens. Ensemble, gardant tous au fond de leur cœur la phrase du Christ (« Tout ce que vous ferez à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’aurez fait »), ils se mettent au service de ceux qui n’ont rien, des exclus, des malades du sida. Bientôt, ils découvrent le monde des jeunes dépendant de la drogue et de l’alcool. Que faire ?
Avec quelques jeunes volontaires, il ouvre en 1983 une première maison pour les garçons. Puis, cinq ans plus tard, pour les femmes et les jeunes filles. La recette est simple : « Vivre ensemble, de son travail, selon l’Évangile. » La méthode, il l’emprunte à sa propre expérience franciscaine : vie communautaire, travail au contact de la nature, moments de prière et de spiritualité. Il s’entoure aussi de volontaires, religieux ou non, qui se consacrent au service de ce programme de « retour à la vie ».
L’intuition est féconde. Au fil des années, les Fermes de l’Espoir essaiment au Brésil et dans le monde entier, toujours avec l’accord de l’évêque et en lien avec les Églises locales. On en compte aujourd’hui 31 au Brésil (22 accueillent des hommes, et 9 des femmes), et 11 ailleurs dans le monde, de la Russie aux Philippines, de l’Allemagne au Mexique.
« Il ne s’agit pas seulement de désintoxication »
Toutes les Fermes adoptent les mêmes principes. Après un entretien pour vérifier leurs dispositions personnelles, les candidats de tous âges sont accueillis gratuitement. Tout au long de leur séjour d’un an, au cours duquel ils peuvent rester en lien avec leur famille, ils sont accompagnés individuellement, se nourrissent de la Parole de Dieu, et réapprennent la vie en société, le sens des responsabilités. « Il ne s’agit pas seulement de désintoxication, témoigne l’un d’eux, mais aussi de la découverte de l’amour de Dieu. Nous faisons l’expérience que Dieu peut nous guérir. »
De fait, le succès est au bout de la route : en vingt-cinq ans, plus de 8 000 jeunes (dont 1 800 actuellement), garçons et filles, ont pu ainsi prendre un nouveau départ et retrouver espoir. Car la réinsertion fait aussi partie du programme. À leur sortie des Fermes, les jeunes ont la possibilité de poursuivre l’expérience dans des groupes « Vive Espérance », qui se réunissent localement chaque mois.
En janvier 2006, le P. Hans, compagnon d’études à Paderborn de Mgr Paul Josef Cordes, actuel président du Conseil pontifical Cor Unum, est invité à donner son témoignage à Rome, à l’occasion de la publication de l’encyclique Deus caritas est de Benoît XVI. À cette occasion, il entend parler du projet de visite du pape au Brésil. L’idée lui vient alors d’inviter le pape à l’une des Fermes, proches d’Aparecida. « Jawohl », murmure prudemment le pape.
De retour au Brésil, le P. Hans mobilise les évêques d’Amérique latine qui connaissent son travail et leur suggère d’écrire au pape pour soutenir son initiative. L’appel est entendu. Le nonce au Brésil reçoit plus de 80 lettres de sollicitations, qu’il transmet fidèlement à Rome.
La visite confirmée, le vallon de Pedrinhas prépare ses habits de fête. Les routes sont élargies et goudronnées. On nettoie les abords. Les artistes mettent une dernière main à leur chef-d’œuvre. Les jeunes attendent avec impatience. « La visite du pape est une grâce pour le Brésil, reconnaît le P. Stapel. Nous devons profiter de ce moment de grâce pour augmenter notre solidarité et tendre la main à tous ces jeunes. »
Bernard JOUANNO, à Pedrinhas
16 mai 2007
Au fil des jours