Violences à l’est de la RD Congo

7 juin 2007

Actualités

Qui veut la paix prépare la guerre (L’Avenir) 

*Pendant que la paix marque les pas, la violence avance à grands pas, semant la mort et la désolation à l’est de la République Démocratique du Congo tel le massacre de Kanyiola qui n’est que le dernier épisode temporaire d’une longue série de barbarie et d’atrocités injustifiées. *A cause de cette réalité très pénible, le gouvernement est appelé à travailler sans relâche à la recherche d’une solution définitive aux problèmes des régions orientales du pays, en dépit des ratés et autres échecs qui jalonnent le chemin des tentatives amorcées jusqu’à maintenant. *Dans la trame de ce conflit qui tire en longueur, le gouvernement est aussi appelé à tout mettre en œuvre – y compris l’effort de transcender les petits intérêts de ses membres – pour en finir avec le phénomène N’kundabatware l’homme orchestre de cette danse macabre qui s’exécute dans les Kivu. *Comme la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens et que la politique est une guerre sans armes à feu, la RDC a tout intérêt à préparer la guerre pour jouir de la paix.

La partie orientale de la République Démocratique du Congo est une partie malade. Voici maintenant plus de dix ans que la guerre a élu domicile dans les Kivu aux confins du Rwanda et du Burundi. Tous les protagonistes de ce conflit qui a eu pour théâtre des opérations le territoire de la RDC continuent à s’illustrer par des atrocités à l’encontre des populations civiles, ce qui fait des provinces de l’est jadis havres de paix, des zones de non Etat. Mêmes les Mai mai ces supplétifs des forces armées de la République Démocratique du Congo, se sont retournés contre les populations qui comme eux, sont des autochtones, congolais de souche. Ce retournement inattendu n’en finit pas d’étonner tous les compatriotes ; c’est dire à quel point la guerre a pris d’autres allures, épousé d’autres causes. C’est pourquoi on dit souvent qu’on connaît le moment où est tiré le premier coup de feu déclencheur d’une guerre, mais on sait moins le jour où cette dernière prend fin. Par ce qu’il en est ainsi, le gouvernement de la troisième République à travers le ministre de la défense, décentralisation et sécurité a eu l’idée plus ou moins géniale de mettre sur pied une Table Ronde regroupant toutes les forces vives des deux Kivu. On a cru entendre sonner le carillon de la paix. Hélas ! Cette conférence de la paix fait long feu, car elle a été étouffée dans l’œuf avant même de voir le jour. 

Beaucoup des acteurs et pas des moindres, ont récusé avec véhémence sa tenue, disant qu’elle recelait des intentions cachées en rapport avec l’hégémonie du peuple Tutsi, mieux, des Banyamulenge. Depuis cette tentative de récupération, patatras ! Le processus est en panne ; et comme toujours dans ce cas, c’est la violence qui reprend du poil de la bête avec sa cohorte des victimes innocentes, comme celles de Kanyiola dont on déplore encore la sauvagerie avec laquelle ces personnes ont été abattues à l’arme blanche, ce qui rappelle les tueries de 1994 au Rwanda. 

Nkundabatware l’homme orchestre de la violence à l’est 

Le général Nkundabatware est considéré par beaucoup d’observateurs comme celui qui tire les ficelles de la violence politique à l’est de la République Démocratique du Congo depuis cinq ans. On dit que l’homme manipule un certain nombre d’acteurs politiques congolais tout en étant lui-même manipulé par plusieurs acteurs de divers horizons aussi bien à l’intérieur du Congo Démocratique qu’à l’extérieur des frontières nationales. Ceci ne serait pas qu’une construction mentale au regard de l’implication toujours grande dans les conflits qui ont ensanglanté la RDC, des politiques et autres sociétés multinationales, ceux qu’on a appelé naguère « la haute finance internationale ». Comment s’en débarrasser ? Nkundabatware est à ce jour comparé au général Serbe exterminateur des musulmans bosniaques, Radko Mladic, toujours recherché par toutes les polices internationales à la suite du mandat de la CPI, mais jamais arrêté. La comparaison peut si on veut, s’arrêter là. Si le bourreau de Srebrenica est protégé par le gouvernement serbe de Belgrade, c’est par ce que ce dernier espère monnayer son éventuelle arrestation par une entrée au sein de l’Union européenne dans les mois à venir. Par contre si des documents divers qui nous parviennent parlent d’un traitement de faveur que le gouvernement congolais réserverait à N’kundabatware, on se poserait évidemment des questions sur une telle duplicité de la part d’un Exécutif qui ne cesse de souffrir des actions négatives du dissident N’kundabatware. 

On dit aussi que l’homme serait très lié au parti RCD. Toutes ces attaches font de ce soldat de fortune qui défie les institutions de la République, un mal, une épine qu’il faut extirper des pieds encore fragiles de la démocratie congolaise. Si même le gouvernement peut faire une croix sur la Table Ronde prévue et annulée récemment, il ne doit cependant pas baisser les bras, car chaque jour qui passe est un échec de sa politique de pacification et un cauchemar pour les populations de l’est du pays. 

Il est vrai que le problème N’kundabatware dépasse le simple stade d’un chef de bande qui tire de son action une simple satisfaction de son ego. Dans ces contrées de massifs forestiers, il est à craindre qu’il ne soit une force qui monte en puissance jusqu’à menacer le gouvernement central. Le Congo Démocratique étant aujourd’hui un pays démocratique à part entière, toute tentative de prise de pouvoir dans ce pays ne serait pas autre chose qu’un putsch antidémocratique, à moins qu’on ne nous dise que N’kundabatware est plus démocrate que les gouvernants actuels de la RDC. 

Le spectre de la guerre plane toujours sur l’ex Zaïre en dépit de la reprise de la coopération avec les partenaires extérieurs 

La RD Congo ressemble à un caméléon vu à travers une galerie des glaces ; le pays est si grand qu’il peut se passer des choses dans une certaine partie qui sont ignorées ailleurs dans l’autre partie de son territoire. Un document des « Grands lacs Confidentiel » daté du 16 mai 2007 fait état du risque qui plane sur la RDC post électorale. Le scénario serait le même : une attaque à l’est et un coup d’Etat à Kinshasa. On affirme que le but et l’objectif ultime de cette machination est de placer à la tête du pays un Tutsi. A tout le moins, cette conclusion est quand même assez cousue de fil blanc, trop belle pour être vraie. Sans vouloir débouter en priorité cet argumentaire, il est bon de rappeler le fil de l’histoire pour comprendre la suite à donner aux relations qui doivent régir les peuples des pays des Grands lacs africains. Le Rwanda et le Burundi sont deux petits pays surpeuplés. 

A ce titre ils ont des problèmes d’espace vital. Ce problème continuera à se poser au Burundi avec plus d’acuité qu’au Rwanda dans les années à venir. La raison est que dans ce dernier pays on a commencé à limiter les naissances, ce qui n’est pas le cas au Burundi où on a une moyenne de 6 enfants par ménage pour un territoire aussi miniscule qu’un mouchoir de poche. La conséquence de cette démographie galopante sera un engorgement préjudiciable à l’harmonie des habitants de ce pays. Comme la guerre est aussi un facteur démographique, elle n’est pas à exclure entre ce pays et le nôtre. Mais si guerre il y aura dans un proche avenir, elle ne sera pas une guerre pour mettre un Tutsi à la tête de la RDC. C’est un objectif irréalisable ; les tireurs de ficelles n’y sont pas arrivés au cours de leurs dernières tentatives car les Congolais ne le tolèrent pas. 

La guerre est donc à chercher dans l’économie et l’immigration. C’est pourquoi les Congolais doivent faire leur la maxime latine qui dit : Si vis pacem parabellum ». Le Congo démocratique est à la croisée des chemins. Après avoir réussi l’impossible pari d’organiser les élections dans un territoire plus vaste que l’Europe occidentale, mais sans aucune infrastructure de communication, le pays doit maintenant comme dans les années 60-65, gagné le combat de recouvrement de la paix civile. Les ratés qu’on observe aujourd’hui font donc partie de ces douleurs d’enfantement qui sont le lot d’un pays aussi riche, richesse dont les habitants ne font qu’assurer la garde au profit d’un autre maître jusqu’à aujourd’hui. 

L’Avenir

À propos de kakaluigi

Agé de 66 ans, avec 35 ans passés en Afrique dans la République Démocratique du Congo comme missionnaire. Engagé dans l'évangélisation, le social et l'enseignement aux écoles sécondaires. Responsable de la Pastorale de la Jeunesse, Directeur du Bureau Diocésain pour le Développement (BDD), Directeur d'une Radio Communnautaire et membre du Rateco.

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