Journée nationale du poisson

25 juin 2007

Actualités

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Faste à Kinkole sur fond de misère alimentaire
(L’Avenir Quotidien 25/06/2007)

*40ième édition de la journée nationale du poisson en République Démocratique du Congo célébrée avec faste pour inciter à la reconversion des mentalités dans le domaine de la consommation des produits de la pêche. *Le constat est néanmoins malheureux dans la mesure où la RDC comme toujours lorsqu’il s’agit d’elle, continue d’accumuler les contradictions ; ce pays n’a même pas commencé à développer le secteur de la pêche, ce qui en fait un importateur attitré de poissons surgelés. *Cette fois sera la bonne, selon le ministre d’Etat Mobutu Nzanga qui a promu la réhabilitation rapide de la pêche, pour combler les besoins des nationaux en protéines émanant de poissons. *Par delà l’émotion suscitée par sa présence à Kinkole, le ministre d’Etat doit avoir les deux pieds sur terre et être solide sur ses deux épaules afin de quitter le domaine des actions ponctuelles et entrer dans celui de la tranquillité d’un homme de responsabilité.

C’est sous un soleil printanier qu’a été célébrée à la cité de Kinkole  » la cité de poisson « , la journée congolaise du poisson dans sa quarantième édition. Cet événement célébré chaque année à la date du 24 juin est d’une grande portée, dans un pays baigné par des eaux parmi les plus poissonneuses du monde ; il a été entièrement pris en charge par le gouvernement de la République sous la houlette du tout puissant ministre d’Etat chargé de l’agriculture, pêche et élevage, Mobutu Nzanga. Ce dernier a annoncé d’emblée la création dans un délai très court d’un code agricole qui mettra l’accent sur la consommation prioritaire des produits d’origine locale.

Le gouverneur de la ville province de Kinshasa, également présent sur les lieux de la cérémonie commémorative, en a profité pour annoncer pour sa part, la mise en place dès le 1er juillet d’une chambre froide ultra moderne à côté de Kinkole. Ce beau monde venu faire honneur aux poissons du fleuve Congo avait pris d’assaut l’esplanade de la maison communale de la N’selé à Kinkole, pour assister au défilé des pêcheurs et ensuite à la course des piroguiers sur le fleuve. Ces derniers, membres des associations affiliées à l’Union des pêcheurs du Congo, sont encadrés par des Ong de développement du secteur de la pêche en République Démocratique du Congo. Tout était réuni pour donner à cette journée le faste qu’elle mérite dans l’imaginaire populaire des Congolais qui sont par nature, amoureux du fleuve Congo aussi bien dans son rôle de pourvoyeur d’énergie que dans celui de fournisseur de cette précieuse denrée protéique qu’est le poisson.

Un faste indigeste

Le secteur halieutique de la RDC est un des parents pauvres de la vie nationale. Il symbolise une contradiction à tous points de vue identique à ce qui se passe dans le domaine minier, forestier et tant d’autres. Le Congolais se nourrit essentiellement de produits importés depuis des générations. Cette habitude acquise s’est longtemps nourrit de préjugés défavorables à l’encontre du métier de pêcheur considéré comme celui des parias par bon nombre de compatriotes qui ne savent même pas retracer l’origine des poissons surgelés importés qu’ils mangent à longueur d’années. Et de fait, le pêcheur ne retrouve un semblant de dignité que l’espace de cette journée du 24 juin qui lui est dédiée. Pourtant, l’homme qui est à l’origine de la création de cette journée feu le maréchal Mobutu, est considéré jusque bien après sa disparition comme le Congolais le plus attaché au fleuve et à ses usagers, les pêcheurs.

Bien des récits rendent témoignage de cette évidence qui a donné naissance à quelques épithètes pas toujours ragoûtants contre la personne de l’ancien chef de l’Etat congolais. C’est donc avec peine que les Congolais en général et les pêcheurs en particulier se rendent compte que l’amour de la nature d’un homme ne le prédispose pas toujours à la mettre en valeur pour le plus grand bien des populations autochtones. Les professionnels de la pêche en République Démocratique du Congo en sont restés au stade rudimentaire de la production artisanale faite de privations, de risques inutiles pour des prises dérisoires. Conséquence de cette désaffection, le poisson frais n’est consommé presque systématiquement que par des pêcheurs et quelques privilégiés suffisamment pourvus de moyens pour se le procurer.

Le peuple voudrait croire que cette page est maintenant définitivement tournée. Les manifestations de ce dimanche 24 juin 2007 tendent à le prouver, si tant est que le ministre d’Etat Mobutu Nzanga veut réparer une injustice historique. D’ailleurs il a intérêt à imprimer une nouvelle dynamique au ministère qu’il dirige afin de quitter le domaine des actions ponctuelles dont son géniteur était friand.

Une nouvelle ère en gestation

A Kinkole hier, le gouverneur André Kimbuta a annoncé l’installation dès ce 1er juillet d’une chambre froide au sein même de la cité des pêcheurs. Cette infrastructure prendra en charge la production de poissons qui sera stimulée par d’autres actions de développement au profit des pêcheurs.

Ce sera une « banque de données  » qui fera de Kinkole un centre d’approvisionnement ininterrompu en poisson frais. Cette annonce a été accueillie à juste titre par les riverains avec effusion et reconnaissance. Le code agricole congolais mettra résolument le cap sur la voie du changement, mieux, de la reconversion des mentalités. Il s’agira de pousser littéralement les congolais à consommer les produits agricoles et de la pêche émanant du label des nationaux. La RD Congo importe annuellement 150 000 tonnes de poissons ; ceux-ci arrivent dans l’assiette du consommateur alors qu’ils sont largement débarrassés de leur protéine d’origine. Cette masse de poissons importés indique clairement que les congolais sont des grands amateurs de poisson. Cela suffit à galvaniser les pêcheurs qui ont pour fonction celle de mettre à la disposition des compatriotes cette denrée nécessaire à la croissance de l’homme.

Pour qu’ils soient capables de tirer du fond des eaux les poissons qui sont fatigués de vivre en quantité industrielle, il faut que les 400 000 pêcheurs répertoriés en RDC soient dotés des moyens adéquats pour l’exercice de leur métier.

« Consommateur congolais  » qui sera désormais le credo du plan d’action du ministère de l’agriculture, pêche et élevage ne sera pas un slogan creux comme un morceau de bambous que dans la mesure où les pêcheurs de la RDC disposeront des instruments appropriés devant leur permettre de couvrir les 86 000km2 des plans d’eau qui environnent le territoire national. C’est dans cet ordre d’idées que le ministre Mobutu Nzanga fait déjà les yeux doux aux investisseurs qui lorgnent sur le secteur des eaux et forêt pleines de promesses.

La journée nationale de la pêche a pour fonction entre autres, celle de revaloriser le pêcheur et son métier. Certes, mais elle a toujours été l’occasion pendant longtemps pour les décideurs d’endormir les pêcheurs par des dons circonstanciels, sans grand effet pour le long terme. Hier ça été encore le cas ; l’opinion espère que les intrants et les autres matériels qui ont été complaisamment distribués aux pêcheurs de la capitale n’étaient que le synonyme d’une aide humanitaire d’urgence pour des gens qui sont restés longtemps sevrés par l’indifférence des autorités.

Les pêcheurs ne doivent plus être considérés comme des grands garçons à qui l’on offre des friandises dont le goût disparaît aussitôt la dernière bouchée avalée. C’est dans le domaine de la pêche que le proverbe chinois qui met l’accent sur l’apprentissage plutôt que sur la jouissance temporelle est en vigueur. Il ne faut donc plus continuer à donner quelques hameçons et filets aux pêcheurs congolais, mais les aider véritablement à se prendre en charge et à nourrir le peuple congolais comme il se doit.

L’Avenir

À propos de kakaluigi

Agé de 66 ans, avec 35 ans passés en Afrique dans la République Démocratique du Congo comme missionnaire. Engagé dans l'évangélisation, le social et l'enseignement aux écoles sécondaires. Responsable de la Pastorale de la Jeunesse, Directeur du Bureau Diocésain pour le Développement (BDD), Directeur d'une Radio Communnautaire et membre du Rateco.

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