Conférence internationale des Grands Lacs : la RDC suscite des inquiétudes

7 août 2007

Actualités

Par Freddy Monsa Iyaka Duku

 

 

 

Le IIIème sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs se déroulera l’année prochaine à Kinshasa. Apparemment, dans quinze mois. Ainsi, après Dar es-Salaam, Nairobi, ce sera le tour de Kinshasa d’abriter cet important sommet qui aura à évaluer le parcours accompli depuis Dar es-Salaam. Mais surtout le niveau d’exécution des programmes d’actions dans la région des Grands Lacs. Malheureusement, l’attitude de Kinshasa inquiète les autres pays membres de la conférence. Plus particulièrement, le secrétariat exécutif dont le siège est basé à Bujumbura. Il y a là comme un certain désintéressement de cette initiative porteuse d’espoirs et qui pourrait permettre à la République démocratique du Congo de jouer un rôle moteur dans le développement de la région de l’ Afrique des Grands Lacs. Par ricochet, trouver son compte après tant d’années de guerres destructives.

La République démocratique du Congo a-t-elle réellement conscience du rôle qu’elle doit désormais jouer dans la relance du développement de la région des Grands Lacs ? La question mérite d’être posée car, après trois ans de concertations, de discussions, de propositions pour restaurer la paix, la sécurité et consacrer le développement dans la région des Grands Lacs, la République démocratique du Congo donne maintenant l’impression de traîner les pieds. Comme si quelque part, on ne trouve plus aucun intérêt dans cette démarche.

Et pourtant, dans cette initiative de la refondation de la République démocratique du Congo, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs offre des opportunités innombrables susceptibles d’aider la RDC à sortir du gouffre. Une initiative qui permettra la RDC d’empêcher à tous ces envahisseurs et ces vautours de la déstabiliser et de contrôler ses richesses. La RDC cessera ainsi d’être un refuge des Etats parias.

Aujourd’hui, les acquis de cette conférence internationale sont incontestables. La Déclaration de Dar es-Salaam a jeté les bases d’une cohabitation pacifique et de non agression. Le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement de la région signé le 15 décembre 2006 à Nairobi a réconforté les Etats membres dans cette conviction de convivialité politique en apportant un plus dans l’adoption des programmes d’actions pour relancer le développement et assurer la promotion des populations de la région. Il y a là une ouverture pour « dédommager » la République démocratique du Congo.

Que dire du Corridor sud avec ouverture sur Lobito, de la réhabilitation du fleuve Congo, à partir de Kisangani, de l’exploitation du courant du barrage d’Inga, de la route transafricaine Mombasa-Lagos en passant par la RDC ? Autant de projets positifs pris à la volée et qui auront un impact direct sur les populations congolaises. Et lorsque l’on sait que selon les prévisions, la valeur marchande sera désormais de 60 % à l’Est contre 40% à l’Ouest, la RDC ne peut manquer cette vision régionale pour savoir se comporter en conséquence.

UN DESINTERESSEMENT INEXPLICABLE

Mais depuis un certain temps, Kinshasa accuse un désintéressement qui ne s’explique pas. Surtout après tant d’efforts fournis durant trois ans, pendant la période préparatoire de cette conférence.

Au fait, n’ eut été l’apport des Nations unies, des organisations comme l’Union européenne, le Groupe des Amis des Grands Lacs, la GTZ de l’ Allemagne, les délégations congolaises, tant au niveau des experts que du gouvernement, sans oublier le Comité national préparatoire, n’auraient pas assisté à plusieurs rencontres. Toutes ces délégations se sont déplacées aux frais du PNUD et GTZ pendant que les frais des missions établies au niveau national sans demeurer impayés jusqu’à ce jour. Par nationalisme, ces experts ont effectué des milliers de kilomètres, voyageant parfois dans des conditions difficiles en passant la nuit dans les aéroports faute d’argent pour se payer une chambre d’hôtel en transit, sans rien bénéficier de la part du gouvernement congolais. Pourquoi ? Difficile à dire avec précision. Mais tout se passe comme si dans certains cercles au sommet de l’Etat, on ne veut pas de cette Conférence internationale. Et pourtant, cette conférence dans sa formule définitive a été conçue autour de la RDC pour l’aider à se réhabiliter, à se refonder. Voilà qu’il y a ce désintéressement qui est totalement scandaleux. Comme si l’on est pris par une certaine inconscience qu’on a perdu d’un seul coup cette vision régionale, de l’Océan atlantique à l’Océan indien, pour permettre à la RDC de renaître.

INQUIETUDE A BUJUMBURA

Au secrétariat exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, à Bujumbura, l’inquiétude est grande. L’on relève d’abord que la RDC est en retard de paiement de ses cotisations. Un retard de sept mois à raison de 104 mille dollars par mois.

A en croire les premiers éléments d’information, l’on n’attendait que la promulgation du budget du gouvernement par le chef de l’Etat pour affecter la quote-part de la RDC au secrétariat exécutif de la Conférence. Rien n’est fait jusqu’à ce jour.

Mais là où les faits sont encore inquiétants, c’est qu’aucune candidature de la RDC n’ a été enregistrée à temps au secrétariat exécutif de la Conférence pour occuper les postes réservés à la RDC. A la date butoir, aucune candidature n’a été transmise à Bujumbura pour des raisons ignorées jusqu’ à ce jour. Ce qui fait que la RDC ne dispose pas encore de cadres au secrétariat exécutif de la Conférence. Sabotage ou absence de cadres répondant au profil édicté par le secrétariat exécutif de la Conférence ?

Enfin, il y a la promesse du chef de l’Etat de verser un million de dollars au profit du Fonds spécial de la reconstruction. Cette annonce a été faite solennellement à Nairobi devant tous les chefs de l’Etat des pays membres de la Conférence. Selon les modalités pratiques, la contribution de la RDC devrait être versée en deux tranches, à raison de 500 mille dollars par tranche. Silence radio de ce côté-là. On n’en parle plus.

Nous pensons qu’il y va là de la crédibilité du président de la République. Ses principaux collaborateurs devraient prendre toutes les dispositions pour que cette somme soit payée dès lors que la RDC trouvera bel et bien son compte dans la relance du développement de la région des Grands Lacs. Se taire sans aider le chef de l’Etat à honorer sa parole, c’est scandaleux. C’est du sabotage.

Face à ces inquiétudes, il nous revient que la Secrétaire exécutive de la Conférence, l’ ambassadrice Mulamula s’apprête à venir à Kinshasa pour s’enquérir de vraies intentions des autorités congolaises, de ce silence inquiétant, de ce désintéressement inexplicable. L’on envisagerait même d’intéresser les partenaires extérieurs, les bailleurs de fonds pour examiner cette situation au cours d’une réunion extraordinaire des chefs de l’Etat des pays membres de cette conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Car, l’on a peur que Kinshasa réussisse son pari d’organiser le IIIème sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.

À propos de kakaluigi

Agé de 66 ans, avec 35 ans passés en Afrique dans la République Démocratique du Congo comme missionnaire. Engagé dans l'évangélisation, le social et l'enseignement aux écoles sécondaires. Responsable de la Pastorale de la Jeunesse, Directeur du Bureau Diocésain pour le Développement (BDD), Directeur d'une Radio Communnautaire et membre du Rateco.

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