(Le Potentiel 07/08/2007)
Après son éboulement dans les années 90, la mine souterraine de Kamoto, est, une fois de plus, au cœur de l’actualité. En effet, l’éveil économique de la province minière de Katanga a attiré la convoitise de plusieurs opérateurs miniers. Et, ce sont bien évidemment les premiers – ceux qui se sont pointés avant le autres – qui se sont finalement tapés la part du lion. Maintenant, la stabilisation est revenue au terme des élections de 2006, des grands expriment leur envie d’avoir part au gâteau. Seulement, ceux qui se sont établis ne sont pas prêts à se dépouiller des privilèges, obtenus malheureusement en temps de guerre. Ainsi, l’endroit choisi pour accéder aux riches gisements miniers du Katanga est maintenant les bourses des valeurs mobilières où sont cotées la plupart des entreprises minières présentes en RDC. Le combat actuel a pour enjeu le contrôle de la mine souterraine de Kamoto.
Encore une fois, c’est dans la riche province de Katanga que se joue le dernier scénario rapporté par « Trends tendances », un magazine belge, sous le titre : « Guerre sans merci dans les mines congolaises ». L’enjeu, c’est évidemment le contrôle pour l4exploitation de la mine souterraine de Kamoto qui s’est écroulée début 1990.
Deux groupes miniers, Camec et Nikanor, se livrent une lutte acharnée pour le contrôle de Katanga Mining limited (KML), groupe minier coté en bourse de Toronto au Canada, dont le Belge Georges Forrest est l’un des actionnaires. La bataille est rude, si rude qu’il a fini par briser le cercle de la discrétion. Car, Nikanor, dans lequel se retrouve Dan Gerter – déjà en RDC à travers Emaxon – a mobilisé tout son état-major pour avoir accès à l’exploitation de la mine souterraine de Kamoto malgré les titres que dispose la DRC copper and cobalt project (DCP) – sa représentation en RDC qui a reçu de l’Etat congolais l’autorisation d’exploitation des mines de Kov, toujours au Katanga, comprenant la mine à ciel ouvert de Kamoto, d’Oliveira et de Virgule. Nikanor voit sans doute loin, et bien loin. Ce qui ne va pqs dans le sens de sécuriser les parties déjà présentes à KML.
La mine souterraine de Kamoto, actuellement entre les mains de KML, fut, avant son éboulement en 1991, la plus importante mine congolaise de cuivre et de cobalt de la Générale des carrières et des mines (Gecamines).
Des sources concordantes renseignent qu’une lutte de pouvoir fait rage derrières les opérations boursières menées par Camec et Nikanor. Même si la lutte se passe bien en dehors des frontières congolaises, elle est bien suivie par Kinshasa où des intérêts politiques parfois divergents s’opposent dans la sphère la plus élevée du pouvoir.
Camec, c’est bien la multinationale minière dans laquelle opère le Zimbabwéen blanc Billy Rautenbach qui, malgré l’expulsion de la RDC dont il a fait objet, demeure sur le sol congolais à travers l’entreprise minière Boss Mining – la première à avoir réalisé tout récemment sur le sol congolais une électrolyse de cuivre à 99,99% après la Gecamines à sa belle époque. Et, en citant KML, l’on se réfère directement à Georges Forrest, ce géant belgo-congolais de l’industrie minière au Katanga.
Face à Nikanor, les deux rivaux d’hier, à savoir Billy Rautenbach et Forrest, comme le rapporte le journal sud-africain The Sunday Independent, ont décidé de faire bloc pour contrer l’hégémonie de Nikanor. Le même journal sud-africain souligne que c’est le 18 août courant que l’on devrait savoir qui de Camec et de Nikanor aura de l’emprise sur la mine souterraine de Kamoto par la voie de KML. Mais, déjà, indique la source, Nikanor a d’ores et déjà acquis 17% de KML. Toujours selon le même journal, Georges Forrest, grand actionnaire de KML, manifesterait de penchant à céder ses actions à Camec.
PAS DE LOGIQUE ECONOMIQUE
Mais, à côté de la guerre boursière se déroule une autre de grande envergure. Celle-ci est bien politique dans la mesure où elle est loin de ne prendre en compte que les intérêts capitalistes, régulés par la bourse des valeurs mobilières où sont cotées différentes firmes en présence. C’est dans l’arène même du pouvoir que cette bataille se déroule. Elle oppose bien évidemment des camps aux intérêts bien divergents.
Là où la logique économique devait prévaloir, c’est plus le rapprochement à tel ou autre jugé influent dans la sphère du pouvoir qui prime. Chacun de son côté a mobilisé son artillerie, ne ménageant aucun moyen de combat. Tous les coups sont permis pourvu que l’objectif soit atteint. Mais, la question. Se soucie-t-on dans tous ces scénarii de l’intérêt de la RDC? Quand les géants se seront réconciliés, que restera-t-il alors de l’Etat congolais ?
Ce sont toutes ces questions que l’opinion se pose au regard de la tournure – malheureuse certes – qu’a prise cette affaire. Il devient bien évident que la bataille que se livre les deux groupes miniers n’est nullement dans l’intérêt de la RDC. Elle est comme les autres qui l’ont précédée au bénéfice des seules multinationales qui ont trouvé en RDC un terrain de prédilection pour s’exercer.
Quant à Kinshasa, l’on discute à travers une commission spéciale de revisitation des contrats miniers, les multinationales minières ont leur regard ailleurs et ne se préoccupent nullement de ce qui se passe en RDC. Le gouvernement peut beau entamer la procédure de revisitation des contrats, les opérateurs miniers ne s’en émeuvent outre mesure. C’est au niveau des bourses occidentales que se déroule la vraie bataille, celle par laquelle la RDC sera, si on n’y prend garde, dépouillée du contrôle de ses ressources minières. Le même journal sud-africain renseigne que tout récemment KML a pris ses distances de Camec, sans doute poussé par le fait que Rautenbach n’est pas en bonne intelligence avec le gouvernement de Kinshasa. Que lui reste-t-il donc à faire ? Sinon chercher des alliés sûrs et efficaces pour renforcer sa ligne d’attaque face aux assauts répétés de Nikanor.
Il y a de la poussière en l’air au Katanga. Et, le dénouement de la crise n’est pas pour demain même si le journal s’est hasardé à annoncer la date du 18 août 2007. Ce qui est sûr, c’est que le dernier mot revient au gouvernement congolais qui doit finalement réussir à imposer son point de vue. N’est-ce pas aussi une façon pour lui de réaliser le vœu exprimé par le ministre des Mines lors de l’installation officielle de la commission des contrats et conventions signées par les entreprises publiques et d’économie mixte dans le secteur minier, c’est-à-dire arriver à « faire respecter » l’Etat congolais pour que le peuple congolais trouve son compte dans ses richesses.
Par Le Potentiel








7 août 2007
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