(Reuters) – Le président rwandais Paul Kagame a prôné lundi un accord politique pour mettre fin aux affrontements dans l’est de la République démocratique du Congo et il a jugé légitimes certains grief d’un général rebelle tutsi.
Kagame a lancé son appel alors que l’armée de RDC et le général rebelle Laurent Nkunda continuaient de respecter dans la province du Nord-Kivu un fragile cessez-le-feu conclu jeudi sous l’égide de la Mission des Nations unies au Congo.
Nkunda, qui avait dirigé une première rébellion en 2004, dit combattre pour protéger les Tutsis de l’est du Congo contre des attaques de rebelles rwandais des FDLR, majoritairement hutus et accusés d’implication dans le génocide rwandais, en 1994.
Amnesty International a déclaré lundi que Nkunda était accusé de crimes de guerre et l’ONG a exhorté la communauté internationale, le Rwanda et le Congo à coopérer pour le traduire en justice. Le gouvernement de Kagame attend du gouvernement du président congolais Joseph Kabila qu’il disperse et expulse les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda. Nkunda accuse le gouvernement de Kabila de soutenir directement les FDLR.
« Vous ne pouvez vous débarrasser de ce problème au Congo sans appliquer l’option politique, parce que les causes sous-jacentes de ce problème sont principalement politiques », a déclaré Kagame lors d’une conférence de presse à Kigali, la capitale rwandaise. »Pour le moment, nous avons toujours un arrêt des hostilités. Mais c’est toujours très tendu », a déclaré pour sa part le major Gabriel De Brosse, porte-parole de la Monuc.
VIOLS ET MASSACRES DE CIVILS
Kagame a indiqué qu’à ses yeux, Nkunda ne devait pas être mis sur le même pied que les FDLR, qu’il a accusées d’être coupables de génocide. « Cet homme, Nkunda, que vous l’aimiez ou non, et quelles que soient les erreurs que vous puissiez lui reprocher, a des griefs politiques qui sont légitimes », a dit le président rwandais.
Les hommes de Nkunda ont abandonné le mois dernier les brigades mixtes de l’armée nationale congolaise qu’ils avaient rejointes dans le cadre de l’accord de paix de janvier. Mais le général rebelle s’est dit prêt à négocier la paix. L’intensification des affrontements au Nord-Kivu a contraint des milliers de civils à fuir leur domicile. Amnesty International a dit avoir recueilli des témoignages de viols et de massacres de civils. Selon ces informations, le recrutement d’enfants soldats se poursuit.
« Les informations selon lesquelles le gouvernement rwandais est, à tout le moins, de connivence dans la fourniture de personnel, d’armes et de munitions à un criminel de guerre présumé tel que Laurent Nkunda sont très préoccupantes », a déclaré Erwin van der Borght, directeur du Programme Afrique d’Amnesty International dans un communiqué.
« Il faut maintenant un engagement clair et une collaboration de la communauté internationale, de la RDC et du gouvernement rwandais pour le traduire en justice ». Jason Stearns, spécialiste indépendant du Congo, a dit à Reuters qu’il jugeait inquiétant qu’aucune mesure politique n’ait été prise pour renforcer le cessez-le-feu et il a dit redouter de nouveaux affrontements.
11 septembre 2007
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