UN TEMOIGNAGE EN PROVENANCE DU NORD KIVU

21 septembre 2007

Actualités

 

 L’auteur de ce témoignage est sur place depuis des années. Il connaît bien toute la zone de Muhanga au Congo (RDC). Un groupe de jeunes européens à passé le mois d’aout avec lui. Malgré la « zone rouge » les jeunes on été témoins d’attaques et de violences faites par les hommes en uniformes sur le civils. Personne ne parle de ce que la population congolaise est en train de vivre. Les 4 millions et demi de victimes depuis 1998 sont totalement oubliés et personne n’en parle.

 

 

« J’ai envie de raconter, de raconter aux autres, et répondre aux demandes des nouvelles des Mai Mai, de Nkunda, de la Monuc, des attaques, des fusils,  car je ne peux pas m’empêcher de crier et raconter ce que mes yeux on pu voir de cet endroit où je vis depuis longtemps, et en même temps je cherche à comprendre  « les grands jeux politiques, combattre, les grandes escroqueries…. », proclamés  et camouflés comme : « attention aux pays pauvres, école de démocratie, protéger, lutte au terrorisme, défense des droits… » . 

 

 Je désire  vous dire comment nous avons vécu toutes ces choses dès notre po station, surtout à partir du dur prix que la population est en train de payer.  Combien de saleté on peut voir à partir d’ici, combien de souffrances, combien de promesses ! Combien nous touche et nous fait mal  savoir qu’à une grande partie de l’opinion  « tout cela ne lui intéresse pas »… Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? 

 

* Nous sommes assez tranquilles. Le chef Mai Mai de Bingi nous a envoyé un groupe de gardiens « meilleurs », et quelque chose de positif on peut l’entrevoir. Cependant, eux aussi molestent les gens  volent, mangent…, Et personne pense à nous. 

 

  • Le problème de Nkunda  est plus à sud, vers Goma. Lui et les forces gouvernementales, sous pression de la  Monuc, ont suspendu pour l’instant le feu. Entretemps on découvre des fosses communes  et  des groupes isolés continuent à se battre. La vérité et le mensonge se mélangent bien dans les nouvelles. Tous ont appris bien la leçon. Toute cette situation malsaine, même la nôtre, et les continuelles fusillades comprises, dépend de la tournure que « Nkunda » prendra en ces jours. Je sais qu’on travaille dans les hautes sphères pour trouver des solutions capables d’être acceptées par tous. 
  • Je pense que le noyau du problème se trouve dans la convoitise du Rwanda et de l’Amérique sur ce riche Kivu. En plus n’oublions pas les mires hégémoniques de l’Amérique  pour  tout le continent africain. 
  • Mais le véritable poids de toute cette lourde et pénible situation est sur les épaules des  gens dont on ne parle jamais. Et sont ces gens là  que nous connaissons par  nom, qui son en train d’écrire la véridique histoire de la RDC.  Il y a Wilfrid avec ses enfants qui a beaucoup de peur et passe la nuit dans les bananeraies même si il pleut ; Il est suffisant entendre deux coups et il est déjà dehors de sa maison sur la route. C’est depuis 10 ans que cela se repete. Il y a  Mwenge, Ermelinde, Isaki, Victoire, les soldats ont leur volé tout : drap,  couvertures, matelas, assiettes  et casseroles, n’ont plus rien. Il y a aussi Janvier, menacé par les Mai Mai et les ruandais  et qui a perdu ces petit cochons d’Inde. Voila des petites histoires de chaque jour.   
  • Je me demande si  on puisse parler de Wilfrid, d’ Ermelinde, de Cesarina, Gelas, Pierrot.. à l’Onu ? A la radio vaticane ? Ou dire sur les pages des tabloïds internationaux  qu’à cause de Nkunda, du Rwanda de l’Amérique, du  coltan, du pétrole… aujourd’hui Léonie, Oscar, Léontine  doivent se contenter  d’un de pate  de manioc trempée  dans la sauce faites avec ses feuilles. Et cela hier, et si tout va bien même demain, peut-être pour des ans encore, sans jamais changer. Mais cette nouvelle intéresserait-elle vraiment l’opinion publique ? Le rédacteur d’un journal quelconque permettrait de la publier? Et qui achèterait un  journal pareil ? 
  • L’Onu, la Monuc : il n’y a pas de clarté sur leur présence parmi nous. Il y a trois semaines le général dissident Laurent Nkunda a attaqué quelques centres au Masisi et le village de Sake, près de Goma. Il avait été repoussé par les attaques des forces gouvernementales. Mais au moment que les forces du gouvernement voulaient en finir une fois pour toutes, la Monuc intervient, et impose le  cesser le feu, et cela  « pour protéger la population en fuite… » Il y à plus d’un mois, le même scénario se répète. Deux groupes de Mai Mai, celui de Jakson, fidèle au gouvernement, et celui de Lafontaine dissident,  s’approchaient à Muhanga et Bunyatenge ; nous avons averti la Monuc, et l’avons aussi prié de venir sur place. Une leur présence pouvait éviter tout heurte et  dommage à la population. Nous n’avons pas eu  aucune répondue, ni aucune intervention… Le 4 août 2007 accrochage et  fusillade à Bingi, et le 14 aout même chose ici à Muhanga… : deux laids attaques avec des morts, en plein centre habité ; toutes les maisons pillées, population en fuite. La Monuc, nouement interpellée, n’a pas donné signe de vie. Quelques jours après, les deux représentations des belligérants acceptent de s’asseoir pour dialoguer et trouver une solution pacifique. Nous invitons aussi la Monuc, nous leurs faisons pression, pour qu’elle vienne au moins pour assister… mais encore du silence et de l’absence totale, et cela jusqu’à aujourd’hui. Qui sait donner une explication à tut cela? La réponse nous la connaissons : la Monuc est là pour « protéger la paix ». 

 

  • L’Onu a dessiné les localités de Muhanga et Bunyatenge sur leurs cartes géographiques de leurs beaux bureaux à Lubero, en les marquant comme « zone rouge ». Effectivement les fusils et les militaires sont partout. Mais aussi des groupes de ruandais, ignorés par tous, continuent à créer insécurité et peur. Les gens de Butembo ne voyagent plus jusqu’ici. Tous ont peur. J’ai entendu qu’en Europe court la nouvelles qu’ici chez nous il y aurait l’Ebola, le sida, des guerres tribales, de la famine. Encore des mensonges, bien étudiées, pour se pacifier les consciences à ne pas intervenir. 

Le mois d’aout j’ai reçu chez moi un groupe de jeunes. Ils n’étaient pas recommandés, mais ils étaient venus tout en sachant de la « zone rouge » et tout en voulant… Ces jeunes ont été témoins de ce qu’il a eu mardi matin, 14 août à 5h.30 à Muhanga : ces coups insistants  de feu et le pillage de ces soldats sans scrupules. Nous étions tous enfermés dans la maison, mais en passant  d’une fenêtre à l’autre, nous avons vécu ce moment terrible. 

 

Maintenant vous connaissez un peu plus  de ce que signifie vivre ici, à Muhanga. Toujours suspendus sur les incertitudes du lendemain.  Maintenant vous connaissez aussi qu’est-ce que c’est ce 3e monde africain, avec ses guerres oubliées, avec ses hommes et ses femmes qui en grande dignité courageusement luttent pour survivre. 

 

 

* Je ne sais pas trouver les mots adaptés pour décrire ce miracle que je vois chaque matin lorsque je sors de la maison. Katembo est là en train d’ouvrir ponctuellement son branlant magasin ; Françoise, Jeannette et Esperance, les vendeuses du bord de route sont là avec leurs petites choses. Eric et Grace, deux petits gamins sautent pleins de joie et de vie. Olive, une maman de treize enfants (!), est là, fraîche comme une rose, toujours souriante. Son histoire est triste. Les militaires ont été très méchants avec elle. Mais, chaque matin je me pose la même question : Ces gens, comment font-elles à être encore ici, vivants et qui mangent chaque jour? Elles n’ont pas succombé aux pillages, aux vols, aux violences. Depuis dix elles patientent et espèrent. Elles sont là et continuent le soir à mettre sur le feu leurs casseroles.    

Choses à ne pas croire ! Mais nous en sommes les témoins.  Et pourtant elles ont le courage et la force de « gagner quelque chose » pour remplir leurs casseroles et rassasier leurs enfants et en même temps  ont aussi le courage de rire, et danser… Voila  le  miracle au quotidien dont nous en sommes les témoins privilégiés. 

À propos de kakaluigi

Agé de 66 ans, avec 35 ans passés en Afrique dans la République Démocratique du Congo comme missionnaire. Engagé dans l'évangélisation, le social et l'enseignement aux écoles sécondaires. Responsable de la Pastorale de la Jeunesse, Directeur du Bureau Diocésain pour le Développement (BDD), Directeur d'une Radio Communnautaire et membre du Rateco.

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