Kabila persiste et signe : le temps de la carotte est révolu – Par Le Potentiel
Conformément à la tradition des Nations unies, le président de la République, Joseph Kabila Kabange, est intervenu hier, du haut de la tribune des Nations unies. Intervention, souffrez qu’on le rappelle, qui s’inscrit dans le cadre de la 62ème session de l’Assemblée générale de l’Onu. Il s’est agi d’un discours de politique générale qui épingle le point de vue de la République démocratique du Congo tant sur le point national qu’en rapport avec des questions régionales et internationales, sans oublier le fonctionnement de l’Organisation des Nations unies.
Discours attendu quand on sait qu’au plan national, le président de la République devrait se prononcer, une fois de plus, sur l’évolution du processus politique en République démocratique du Congo. Particulièrement sur le cas ayant trait à l’insécurité à l’Est, la présence des groupes armés tout en faisant un état de lieux de l’évolution du processus politique après la mise en place des institutions nationales.
En résumé, la position du chef de l’Etat n’a pas varié d’un seul iota. Tout en privilégiant l’approche politique et diplomatique, comme il l’a réitéré lui-même, Joseph Kabila est demeuré ferme. « Par tous les moyens, avec détermination et un sens élevé de l’urgence, résoudre le problème résiduel d’insécurité au Nord-Kivu. Parce que rien ne peut raisonnable justifier que des populations congolaises continuent à faire quotidiennement l’objet de violence et exactions de tout genre de la part des groupes armés nationaux et étrangers, et qu’elles soient massivement réduites à être des déplacés de guerre . La paix et la sécurité doivent rapidement et à tout prix être rétablies dans cette partie de notre territoire. Et elles le seront. Quant aux groupes armés étrangers, l’appui des Nations unies est nécessaire pour leur désarmement volontaire. Ou au besoin, forcer leur rapatriement et leur réinstallation ».
Propos sans équivoque qui soulignent la fermeté du président de la République d’aller vite en besogne. Sans faire allusion directement à Nkunda, mais en parlant des « groupes armés nationaux », il affirme que la paix et la sécurité doivent être rapidement rétablies à tout prix. Et de préciser : « Elles le seront ». C’est le même discours que le chef de l’Etat a tenu lors de ses points de presse tant à Kinshasa qu’à Goma avant de s’envoler pour la Belgique et New York.
INTERAHAMWE : LA PART DE L’ONU
Parlant des forces négatives, le chef de l’Etat rappelle tout simplement les grandes lignes du programme DDRRR (Désarmement, démobilisation, rassemblement, rapatriement et réinsertion ». Ce programme exige l’implication totale des Nations unies. Jusqu’à ce jour, le désarmement volontaire n’a pas porté de fruits. Il ne reste qu’une alternative : le recours à la force ou exil en dehors du territoire congolais.
Dans ce cas, le moment est arrivé de passer aux actions dissuasives avec la signature du dernier accord entre les Fardc et la Monuc pour des opérations militaires conjointes. En fait, ces mêmes actions concernent aussi les groupes armés nationaux s’ils ne respectent pas l’ultimatum lancé par le gouvernement congolais. Ils disposent de 21 jours, à dater du 24 septembre, pour rejoindre les centres de brassage. Dès lors que le président de la République, du haut de cette même tribune des Nations unies à réitérer l’engagement de la RDC de maintenir le partenariat avec l’Onu, rien ne peut plus s’opposer, dans ce contexte précis, à ce que l’Onu assume sa part de responsabilité. Tout est question d’élaborer conjointement des plans d’actions pour s’appuyer sur le chapitre VII de la Charte des Nations unies. Le temps joue désormais contre la RDC et l’Onu.
Mais comment brandir le bâton en même temps que l’on privilégie l’approche politique et diplomatique ? Si cet aspect du problème concerne Nkunda et les Interahamwe, il vise également le feuilleton Kabila – Bemba. Mais comme nous le prévoyions, la rencontre entre les deux personnes étant hypothétique à New York, il n’était normal que le président de la République n’en parle point. Peut-être que la question a été débattue dans les coulisses de l’Onu.
Mais par approche politique, il serait possible que le cas Nkunda serait débattu lors de la table ronde préconisée pour le Nord-Kivu. Quant à la question liée à Bemba, il reste toujours, jusqu’à preuve du contraire, du ressort des institutions nationales. C’est-à-dire, le Sénat et la Justice. A moins qu’à New York, des pressions aient été exercées sur le président de la République pour laisser au Sénat d’user de sa sagesse dans ce cas précis.
En ce qui concerne le volet diplomatique, pour les Interahamwe, la question est ramenée à la dimension de la Tripartie Plus 1, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Pas étonnant qu à ces niveaux, il soit demandé au Rwanda de faciliter la réinsertion ou la réinstallation, c’est selon, des opposants rwandais. Faute de quoi, la Communauté internationale devra lever l’option de chercher une autre terre d’asile pour les Interahamwe. Ceci dit, après New York, il faudra s’attendre à des initiatives concrètes pour ramener la paix et la sécurité en RDC. Dans le cas contraire, dans l’hypothèse des tergiversations, le processus politique en RDC prendra un coup sérieux.
DEMOCRATISER L’ONU… LA CATASTROPHE NATURELLE
Par ailleurs, la question de la réforme de l’Onu étant inscrite à l’ordre du jour de cette session, le président la République ne pouvait que s’y prononcer. Aussi, s’est-il investi pour une grande cohérence en ce qui concerne la réforme de l’Onu visant l’élargissement du Conseil de sécurité. Joseph Kabila estime qu’il s’agit là d’une exigence démocratique pour accéder à la représentation du continent africain au sein du Conseil de sécurité. Le chef de l’Etat a insisté pour que soit revisité d’autres organes de l’Onu ainsi que leur fonctionnement avec comme point de chute l’affirmation de l’autorité du président de l’Assemblée générale des Nations unies
Proposition émise par un chef de l’Etat dont le pays sort d’une guerre complexe, il y a lieu de retenir que l’on a tiré la leçon des turpitudes des membres du Conseil de sécurité, sur fond des enjeux régionaux et internationaux. Souvent dubitatifs, ils ont laissé pourrir des situations jusqu’à ce que génocides s’ensuivent. D’où l’échec des misions de paix de l’Onu au Rwanda, en Angola, en Somalie pour ne citer que ces pays. Dès lors que la démocratie étant une notion universelle, il est temps que l’on s’y attarde sur l’Onu si l’on ne tient pas à ce qu’elle subisse le même sort que la Société des Nations.
Quant au changement climatique, il importe que l’on fasse payer la facture aux pays grands pollueurs. Il est inadmissible que pour des intérêts personnels, ils polluent l’environnement, le détruisent, perturbant ainsi les écosystèmes des pays africains. Aujourd’hui, le Bassin du Congo demeure le seul endroit capable de sauver l’humanité. Or, la RDC renferme 60% des essences forestières de l’Afrique. Le 24 novembre prochain, lors de la réunion projetée justement pour les changements climatiques, il revient de compenser des dégâts subis pour un développement durable des Nations.
Paix, sécurité, préservation des conditions optimales de vie, autant de cas urgents qui touchent de plein fouet la République démocratique du Congo. Il faut aller vite et bien en besogne pour des solutions urgentes et satisfaisantes.
28 septembre 2007
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