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Les combats à l’arme lourde s’intensifiaient mardi entre Forces armées de République démocratique du Congo (Fardc) et troupes insurgées ralliées à Laurent Nkunda au Nord-Kivu (est), plongeant des milliers de civils dans le cauchemar de nouveaux déplacements. Des combats à l’arme lourde et légère ont repris ce week-end et pourraient s’intensifier après que Laurent Nkunda eut affirmé lundi qu’il lancerait une «offensive active» contre l’armée, en ouvrant un nouveau front partout où il estime que ses troupes sont attaquées.
Joint dans les montagnes de Masisi, l’ex-général a confirmé hier que des combats se poursuivaient dans les zones de Karuba et de Mweso, respectivement situées à environ 40 km à l’ouest et 70 km au nord-ouest de la capitale provinciale Goma. «Nous résistons (aux) attaques» de l’armée, a affirmé Laurent Nkunda. L’officier déchu tutsi congolais, dont les troupes sont estimées par l’ONU à environ 5000 hommes, a par ailleurs une nouvelle fois accusé l’armée de combattre aux côtés de rebelles hutus rwandais – stationnés depuis treize ans dans l’est congolais et accusés d’avoir activement participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre la minorité tutsie.
Depuis fin août, des dizaines de milliers de civils ont fui leurs foyers et s’entassent dans des camps de déplacés, essentiellement dans la zone de Mugunga, à 15 km au nord-ouest de Goma. «Nous avons recensé 371000 déplacés internes au Nord-Kivu depuis décembre 2006», a déclaré Louis Vigneault, du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) à Goma. «Mais nous avons des informations que nous n’avons pas encore pu confirmer – étant donné les conditions sécuritaires – sur 136000 autres déplacés, ce qui porterait à un demi-million le nombre de déplacés en neuf mois», a-t-il précisé.
«Viols, pillages, violences»
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), la situation des déplacés est «effroyable». «A Mugunga, plus de 80000 personnes s’entassent dans cinq camps de fortune. La tension est très forte entre elles, elles sont mal accueillies par les populations résidentes et des cas de viol ont été signalés à l’intérieur des camps, a déclaré Jens Hesemann, porte-parole du HCR. Ces gens ont été victimes de pillages et de violences de différents groupes armés, de dissidents comme de militaires. Ils ont témoigné de recrutements forcés d’enfants, d’arrestations arbitraires et d’attaques dans des sites où ils s’étaient spontanément rassemblés avant de rejoindre des camps de déplacés.»
10 octobre 2007
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