Voila la question qui passe de bouche en bouche en ces jours dans la ville de Bukavu. Tous ceux qui montent vers la colline de Muhungu, passant par l’ISP, et arrivant au pied de l’antenne de l’IDAP perçoivent, très étonnées, les innombrables constructions qu’à partir seulement de si peu d’années les Missionnaire Xavériens ont pu bâtir autour de cette église de Mater Dei.
Muhungu est un quartier de la ville de Bukavu qui est né, en bonne partie, avec les guerres qui depuis 1994 sévissent toute la région du Sud Kivu. Beaucoup de ses quartiers abritent des gens qui ont fui les horreurs de la guerre et qui ont trouvé un refuge ou un petit morceau de terre sur les pentes de cette colline, fameuse dans le temps comme la colline des milles couleurs, avec ses jardin fleuris, mais aussi avec les innombrables cultivassions de raretés de fleurs de la République. En plus Muhungu était le lieu des promenades dans la fraicheur des eucaliptus et de sapins. Aujourd’hui Muhungu est tout un grand village, plein de constructions et de maisonnettes. Les Péres Xavériens connaissent très bien Muhungu.
C’est depuis longtemps qu’ils sont là. D’abord avec le P. Domenico Milani qui avait construit sur cette colline de Muhungu l’ISP. Ensuite sont les Pères Xavériens de la communauté de Vamaro, en pleine collaboration avec la Paroisse d’Ibanda, avaient commencé à servir les chrétiens, en visitant les familles et en faisant leurs liturgies dans une petite chapelle en bois. C’est juste avant la guerre de 1996, avec le plein consentement des Evêques d’abord de Mgr. Munzihirwa et par après de Mgr.Kataliko et avec aussi l’aide de bienfaiteurs italiens, avaient acheté un terrain et pensé la construction d’une Eglise.
L’ Eglise, un véritable bijou dessiné et réalisé par le P. Giorgio Agostini et l’Abbé Alfredo Ferrari ; une eglise qui qui perce le ciel avec son clocher et son architecture classique. Le P. Giorgio avait doté la quasi-paroisse aussi d’un espace pour des bureaux, des salles de rencontres, et la maison des pères (le presbytère). C’est le 01 janvier 2004 que Monseigneur Maroy, Evêque Auxiliaire, au nom de l’Archevêque Monseigneur Charles Kambale Mbogha
En ces jours la question que tout le monde se pose dans la ville de Bukavu e qui passe de bouche en bouche, parfois avec curiosité et malignité, et aussi avec ignorence, est la suivante : « Pourquoi les Pères Xavériens quittent la Paroisse de Muhungu ? » Les motivations de cette passation que les Missionnaires Xavériens sont en train de faire sont diverses.
- « Nous sommes à la fin des célébrations de l’année centenaire d’évangélisation de l’Église de Bukavu, et les Missionnaires Xavériens fraternellement ont voulu faire un cadeau à notre Église locale en lui donnant la Paroisse de Mater Dei. Ce que les Missionnaires Xavériens ont pu faire c’est extraordinaire. Ils ont pu construire avec l’aide et la collaboration de toute la communauté paroissiale et de beaucoup d’amis et bienfaiteurs, C’est vraiment beau ce qu’ils ont fait : une très belle structure paroissiale, tout à fait nouvelle et moderne: avec une église très originale de plus de mille places; une cure très accueillante et panoramique ; salles de rencontres, de catéchèse, d’alphabétisation ; une bibliothèque pour les jeunes, des salle- ordinateurs, et un grandiose salon, plus vaste de l’église, pour des rencontres, conférences et spectacles.
- Mais les Xavériens en quittant laissent, je crois, un héritage encore plus précieux et important de toutes ces structures matérielles, c’est-à-dire la toile d’araignée vaste et forte des communautés chrétiennes de quartier, très actives et vivantes, les innombrables groupes d’action catholique. OUI, ce qui frappe à Mater Dei c’est de rencontrer beaucoup de laïcs très engagés dans les multiples ministères du laïcat, qui animent les multiples services des 12 communautés chrétiennes de base et collaborent en manière responsable et créatrice avec les prêtres. C’est formidable voir ces laïcs, de tout état social confondus, s’occuper avec responsabilité de la programmation, la gestion, même financière, la formation de toute la paroisse.
- La Communauté des Missionnaires Xavériens a décidé de faire cette passation au Diocèse, comme cadeau en cette commémoration du centenaire de l’arrivée des premiers missionnaires dans cette zone du Congo. Mais il y a aussi des autres motivations :
- Même les Xaveriens vieillissent… et le recrutement des nouveaux missionnaires devient difficile et les vocations manquent, pendant que par contre les prêtres diocésains sont toujours plus nombreux.
- Mais ensuite, surtout, parce que, comme missionnaires, nous pensons que celle-ci soit vraiment notre vocation spécifique : bâtir la communauté et, une fois qu’elle est assez mure la consigner dans les mains de l’Église locale.
- Nous laissons donc la pastorale ordinaire dans les mains de l’église locale lorsque les communautés déjà assez mûres et sont bien structurées, pour aller nous toujours un peu plus loin…!
- Comme missionnaires nous nous sentons en effet appelés à vivre aujourd’hui plus que jamais le programme de vie de Giovanni Baptiste (Jn 3.,30 : Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse. » C’est Lui/Christ = Elle/Église locale qui doit devenir importante, mais par contre je dois me mettre à coté).
- Nous nous sentons ainsi d’obéir au mandat missionnaire de Jésus, lorsque il invitait les apôtres à aller toujours plus loin, en nous assurant : « Je vous assure que vous ne serez pas passés encore dans toutes les villes d’Israël… d’abord qu’il vienne le Fils de l’homme » (Mt 10, 23).
Un grand merci aux Missionnaires Xavériens, de hier et d’aujourd’hui, qui sont passés à Mater Dei, pour tout le bien qui ont pu semer sur la colline de Muhungu. Ce geste est un signe d’amour des Xavériens envers cette Eglise locale de Bukavu. Jésus, le premier Missionnaire du Père, avait dit: « Il faut que j’annonce le Règne de Dieu… aux autres villages ; c’est pour cela que Dieu m’a envoyé « (Lc 4,43). C’est naturel qu’on sent dans le cœur toute une profonde souffrance pour ce départ. Tout départ est un peu mourir. Mais on sait que toute séparation et détachement vont engendré beaucoup de bien.
P. Luigi Lo Stocco
© kakaluigi
12 octobre 2007
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