RD Congo: au Nord-Kivu, une crise humanitaire comparable à celle du Darfour

31 octobre 2007

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KINSHASA (AFP) — Avec 350.000 déplacés de guerre depuis le début de l’année, le Nord-Kivu s’est installé dans une crise humanitaire permanente, désormais comparable à celle du Darfour et qui favorise les tensions ethniques dans cette province de l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

« La crise humanitaire au Nord-Kivu a atteint un niveau comparable à celle du Darfour », région de l’ouest du Soudan en proie à la guerre depuis 2003, estime le représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs africains, Roeland Van de Geer.

Après un séjour au Nord-Kivu, il estime qu’ »il y a urgence à régler cette crise et à s’attaquer à ses causes profondes », liées à la persistance des violences dans cette région frontalière du Rwanda, qui compte désormais près de 800.000 déplacés internes, soit 70% du nombre total de déplacés de guerre en RDC.

Foyer de rébellions qui ont par deux fois plongé le pays dans la guerre (1996-97, 1998-2003), le Nord-Kivu est depuis la fin août le théâtre d’affrontements entre les Forces armées congolaises (FARDC) et des soldats insurgés ralliés à l’ex-général tutsi congolais Laurent Nkunda.

Des accrochages opposent aussi régulièrement les soldats insurgés à des milices locales Maï Maï et des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

« Dans trois (des six) camps de déplacés de Mungunga (près de la capitale provinciale Goma), les responsables des camps se sont plaints des viols des femmes (…). Les déplacés mettent en cause les FARDC », explique M. Van de Geer.

Selon les agences humanitaires, la zone de Mugunga compte à elle seule plus de 60.000 déplacés, hébergés dans des camps ou des familles d’accueil, dans une promiscuité terrible, favorisant le développement de maladies et alimentant les tensions entre déplacés.

Au moins 38 cas de viols et 180 cas de choléra ont été recensés dans les différents camps de cette zone, selon différentes agences de l’ONU.

Des milliers d’autres déplacés restent inaccessibles dans le Masisi et le Rutshuru, deux territoires où le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) estime qu’un habitant sur trois est actuellement déplacé.

Dans la zone de Mweso (Masisi), où des accrochages fréquents empêchent toute assistance, « plus de 80 enfants sont morts de la rougeole en deux mois », indique Patrick Lavand’Homme, chef d’Ocha au Nord-Kivu, qui explique que toutes les agences ont renforcé leurs capacités pour répondre à cette « crise sans précédent » depuis la dernière guerre.

« Le PAM (Programme alimentaire mondial) a prévu des stocks de 3.500 tonnes de vivres (pour environ 200.000 personnes) par mois, l’Unicef (Programme des Nations unies pour l’enfance) a prévu 11.000 kits de non-vivres (bâches, savon, couvertures) », détaille M. Lavand’Homme.

« Mais si la crise se prolonge, avec de nouveaux combats et des opérations militaires, on sera complètement dépassés », prévient-il.

Or, en dépit de la reddition d’un chef milicien Maï Maï et de près d’un millier d’insurgés nkundistes depuis septembre, la tension ne diminue pas et l’armée pourrait lancer une offensive d’ici à la fin de l’année contre Nkunda.

Ce Tutsi congolais refuse de rendre les armes et se pose en défenseur de sa communauté contre les FDLR, dont certains ont participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre la minorité tutsie.

Cette crise a « exacerbé les tensions ethniques », alimentées par une « instrumentalisation de populations », selon Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de la Mission de l’ONU en RDC (Monuc) au Nord-Kivu.

« Tous les belligérants prétendent agir au nom de la protection des civils », qui deviennent la caution et l’otage des conflits, explique-t-elle, rappelant que depuis deux mois, les déplacés tutsis vont chercher refuge dans des zones différentes des autres communautés (hutu, hunde, nande…).

À propos de kakaluigi

Agé de 66 ans, avec 35 ans passés en Afrique dans la République Démocratique du Congo comme missionnaire. Engagé dans l'évangélisation, le social et l'enseignement aux écoles sécondaires. Responsable de la Pastorale de la Jeunesse, Directeur du Bureau Diocésain pour le Développement (BDD), Directeur d'une Radio Communnautaire et membre du Rateco.

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