Quelques acteurs et observateurs politiques de Kinshasa et d’ailleurs ont réagi par rapport à la crise politique qui prévaut au Sud-Kivu entre l’exécutif provincial et l’Assemblée provinciale à la suite de la motion de défiance votée la semaine dernière contre le gouverneur Célestin Cibalonza. Koya Gialo de l’AMP, Fidèle Babala du MLC, Kabasubabo du RCD et l’analyste Thomas Lwango se sont confiés à radiookapi.net
La première réaction émane de Koya Gialo Ngbase te Gerengo, secrétaire exécutif adjoint de l’AMP (Alliance de la Majorité Présidentielle), plate-forme dont sont issus la majorité des députés de l’Assemblée provinciale et les membres de l’exécutif provincial du Sud Kivu. Selon lui, l’Assemblée du Sud-Kivu a fait usage de ses prérogatives constitutionnelles. Tout comme le gouverneur qui a introduit un recours auprès de la Cour d’Appel. « Je crois que tous deux ont raison, ils se trouvent dans leur droit », souligne l’ancien gouverneur du Katanga sous le régime Mobutu.
Cependant, Koya Gialo se dit, gêné de constater que les deux institutions provinciales aujourd’hui en crise de confiance appartiennent toutes à la famille politique du chef de l’Etat. Ce qui serait un cas difficile à gérer au niveau de l’AMP sans entraver les droits des uns et des autres.
« Si la crise persiste et empêche vraiment le fonctionnement normal des institutions, il y a une disposition constitutionnelle qui permet le droit d’arbitrage du chef de l’Etat », a-t-il fait savoir tout en écartant cette possibilité étant donné que les instances judiciaires sont déjà saisies.
Du coté de l’Union pour la Nation, Fidèle Babala du MLC estime qu’il s’agit là d’une véritable crise de confiance au niveau de l’exécutif provincial du Sud-Kivu. Par conséquent, il faut que toutes les conséquences soient tirées. Pour Fidèle Babala, on doit respecter la procédure en la matière telle que prévue dans la loi électorale et la Constitution. « Une motion de défiance ou de censure est un mécanisme prévu par la Constitution. Le premier contrôle qu’on doit exercer est un contrôle sur la régularité de cette motion. Il n’appartient pas au gouverneur ainsi qu’au gouvernement provincial de se porter juge sur la légalité de cette motion », indique-t-il. De ce fait, Fidèle Babale dit ne pas voir l’opportunité de la mission de la CEI à Bukavu. Il s’agit, selon lui, d’une immixtion dans une affaire qui ne concerne pas la Commission électorale indépendante.
Kabasubabo du RCD est plus critique encore. D’après lui, les élections de gouverneurs de province ont été faussées au départ. Elles ont été faites non pas sur base des programmes communs ou d’idéologie commune entre les acteurs politiques provinciaux, mais du clientélisme et de la recherche du gain matériel. Il n’est donc pas étonnant que des telles situations arrivent, déclare le secrétaire exécutif du RCD. D’après lui, toutes les provinces pourraient même en être contaminées.
Analyste politique et professeur de droit à l’Université de Bukavu, M. Thomas Lwango s’inspire quant à lui de l’histoire politique du Congo pour inviter toutes les parties en présence à privilégier la voie de la paix et de la réconciliation. Entre 1961 et 1962, le Kivu, dit-il, avait déjà connu pareille crise. « Un gouverneur avait été investi le soir par l’Assemblée provinciale pour être démis le lendemain », rappelle le professeur Thomas Lwango. « On a connu des difficultés considérables avec ce genre de crise », prévient-il.
19 novembre 2007
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