Par Le Potentiel
Le contraire aurait étonné. Plusieurs mois après l’accord donné par le Conseil de sécurité des Nations unies à l’envoi temporaire de 3.000 soldats de la paix et policiers supplémentaires pour renforcer les effectifs de la Monuc, on ne voit rien venir. L’appel est resté sans suite. Les traditionnels pays contributeurs en soldats pour le compte de la Mission internationale de la paix continuent à faire la sourde oreille.
De passage à New York, le représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en RDC en a fait état. « Aucun des 3.000 casques bleus supplémentaires promis en renfort l’an dernier par le Conseil de sécurité n’est arrivé sur place en RDC », a-t-il déploré, ajoutant, toujours en rapport avec les mesures prises l’an dernier pour les renforts d’effectifs et d’équipements militaires lourds, que « rien ne s’est pour le moment matérialisé sur le terrain ». Aujourd’hui, les choses en sont à ce niveau. Dans tous les cas, rien n’indique que la situation pourrait s’améliorer dans les mois à venir. Et comme les dossiers de ce genre ne rencontrent plus un quelconque empressement du côté des pays qui ont l’habitude de fournir le gros des effectifs appelés à constituer les forces de maintien de la paix, il y a lieu de ne pas se faire d’illusions. Les Congolais, avec eux l’envoyé spécial des Nations unies qui faisait, jeudi, devant le Conseil de sécurité un exposé sur la situation en RDC, doivent déjà se dire que le pari pour le renforcement des effectifs de la Monuc devient de plus en plus irréalisable. De toute façon, les Congolais, dans leur ensemble, n’avaient jamais compté sur l’accroissement de la présence de la Monuc sur leur sol. Surtout que la force onusienne a montré ses insuffisances, notamment son incapacité à faire face aux problèmes, même les tout petits problèmes, qui rentrent dans le cadre de sa mission. Répondant, tout récemment, à une question de New York Times au sujet de la Monuc, le chef de l’Etat congolais n’en a pas dit mieux. « Non seulement moi, mais la population congolaise s’estime déçue », a-t-il lancé, explicitant que « la Monuc a fait des promesses et obligations, mais elle ne répond pas à ces obligations et ne respecte pas ses promesses ». « Obligations de protéger la population. Promesses de faire en sorte que le cessez-le-feu ne soit pas rompu… » Entre-temps, le ciel n’en demeure pas moins lourd. Il y a, certes, des avancées significatives dans la sécurisation et la pacification de la partie orientale du pays. Mais n’empêche. Les incertitudes subsistent si elles ne s’enflent pas. Cela est d’autant plus vrai qu’avec la fin, de plus en plus proche, du mandat de la Monuc – même si on nous a jusque-là habitués à ses incessantes prorogations tous les six mois -, va se poser à nouveau, et en des termes plus lancinants encore, le problème de la mise sur pied d’une armée nationale républicaine, moderne, forte et dissuasive. Toute la question est donc là : pourquoi n’arrive-t-on pas, plusieurs années après l’Accord de Sun City, à concrétiser l’un de ses cinq principaux objectifs, à savoir la formation d’une armée républicaine… ? Dans l’opinion, on sait qu’il s’agit avant tout de manque de volonté politique. Par conséquent, aussi longtemps que la volonté politique ne sera pas effectivement à l’ordre du jour, les comptes, dans ce registre, ne seront jamais bons.
11 avril 2009
Billet du jour