(CongoForum)
Les sujets abordés par les journaux parus ce mardi à Kinshasa gravitent autour du
processus électoral en cours en RDC. L’affaire Chebya/Bazana, le manque d’électricité
dans certaines communes de Kinshasa préoccupent également la presse.
Elections/Kamerhe
LE BILLET (« Hooliganisme politique ! ») que publie Le Climat Tempéré lui est consacré.« A en croire des informations circulant sur les réseaux sociaux, l’ancien président de
l’Assemblée nation ale, Vital Kamerhe, président de l’Union pour la Nation congolaise
(UNC) et candidat déclaré à l’élection présidentielle, vient d’être victime de voies de faits
au Canada. Les faits se sont déroulés dans une salle de l’hôtel Delta de Montréal, alors
qu’il tenait une conférence de présentation de son récent livre sur la RDC.
L’orateur aurait donc vu se dresser dans la salle des « protestataires » lui reprochant son
initiative de se porter candidat à la présidence de la République pour le compte de
l’opposition. Les manifestants, qui ont ainsi vicié cette rencontre politico-culturelle,
seraient identifiés comme des fanatiques d’un autre candidat de l’opposition à la
prochaine présidentielle. (Tshisekedi, mais LCT se garde d’écrire son nom en toutes
lettres. NdlR)
Après cette perturbation, assure-t-on, le calme est revenu et Vital a pu achever sa
présentation ainsi que l’installation de l’UNC/Canada et de l’UNC/USA. Les auteurs des
actes de Montréal n’ont pas agi par hasard. Ils ont voulu lancer un message en direction
des Occidentaux. De par l’histoire, de par la formation de nos élites, de par les
contraintes économiques, c’est connu que nos pays sont totalement rivés à l’Occident. Au
demeurant, qui pourrait prétendre à diriger un Etat moderne, surtout s’il s’appelle RDC,
sans se prévaloir d’un carnet d’adresses solide en Occident, s’assurer de relations dans
les hautes sphères ? Il n’y a d’Etat que s’il est assuré de la reconnaissance extérieure.
Qui rêve d’un destin national ne peut rester cloîtré chez soi ; il doit s’ouvrir vers
l’extérieur justement, consulter, se vendre, vendre son image, vendre ses idées et
rassurer les partenaires traditionnels de l’Etat. Un exercice auquel en ces moments
mêmes sont occupés un certain nombre de dirigeants de ce pays. Kamerhe y est allé de
façon peu habituelle, en y mettant de la cohérence et de la méthode. Il soutient son
image avec un livre de son cru. Il y présente sa vision de la RD Congo et donc, en
filigrane, les défis qu’il a identifiés et auxquels il se propose d’apporter des solutions.
En l’agressant, ses contempteurs auront donc voulu poser un geste pour défaire cette
image, en montrant que l’homme n’a pas de crédit auprès des siens mêmes. Il s’agit
d’une tentative de lynchage au propre comme au figuré.
Le message des « hooligans » de Montréal était aussi destiné aux Congolais. L’on sait
combien la diaspora impacte les opinions, les choix et les vies ici. Etre rejeté par les
frères de l’autre côté est du plus mauvais effet. Ce genre d’incident dont nos politiciens
et nos musiciens sont devenus coutumiers depuis quelques années en Europe appelle
quelques considérations.
Et d’abord, comme dit l’adage, l’on ne jette de pierres qu’à un arbre qui porte de fruits.
Si l’on se mobilise à gauche pour bloquer les initiatives de Kamerhe et mener la vie dure
à ses partisans en provinces, c’est que l’on se rend compte qu’il peut faire mal, très mal.
Si l’on se chagrine, à droite, de le voir poster sa candidature pour le compte de
l’opposition, c’est que l’on est conscient que cet homme n’est pas quantité négligeable.
(Où se situent la « Gauche » et la « Droite » en politique congolaise. Ce n’est pas
vraiment limpide. NdlR) Mais devrait-on se plaindre dans ce pays de disposer d’hommes
qui puissent représenter plus que d’autres, par rapport à l’idée que le peuple se fait de
son bonheur et du profil de celui qui pourrait l’y conduire ?
Il faut ensuite déplorer que ce soit l’opposition qui attaque l’opposition dans cette affaire.
Déjà qu’il soit objectivement difficile de battre un président sortant, en l’occurrence
Joseph Kabila, l’on est unanime à dire que cette opposition signerait son suicide en
affrontant la présidentielle avec plus qu’une candidature. Raison de plus pour négocier,
en tenant compte des ambitions des uns et des autres. Plutôt que d’adopter des postures
intransigeantes et belliqueuses qui pousseraient les autres à se cabrer et à vouloir
justement se comporter par défi. Si des gens de l’opposition pensent qu’ils peuvent
utiliser la violence comme argument politique, de quel droit pourraient-ils interdire à
l’autre camp d’agir de même ?
Nos frères de la diaspora devraient se battre sur des enjeux plus plausibles. Tel que
l’exclusion au droit de vote des Congolais à l’étranger. Eux dont l’influence sur la vie de
notre société est considérable devraient avoir leur mot à dire dans le choix de nos
dirigeants plutôt que de les mettre à l’écart. Et il n’est pas admissible que la RDC ne soit
pas en mesure de réaliser le vote à l’étranger, ce que d’autres pays africains noirs
réussissent. Voilà des combats qui en valent la peine. Et non ce hooliganisme rétrograde.
L’incident de Montréal doit être décrié comme une honte pour la démocratie congolaise ».
Elections /Calendrier
Sous le titre : « La bataille du report relancée », La Prospérité rapporte qu’après l’ICG
(International Criss Group) avec son rapport intitulé « Dilemme électoral congolais »,
voici venir le tour de trois ONG congolaises de proposer également le report des scrutins
prévus le 28 novembre prochain. Il s’agit de G1000, de l’Asadho et de la Synergie des
forces sociales qui, lors d’une confrontation avec les médias ont peint un tableau
alarmant du processus électoral en cours en RDC.
Dans leur réquisitoire, les nouveaux défenseurs du report des élections estiment que le
calendrier proposé par la CENI n’est pas réaliste et qu’il ne sert à rien de faire semblant.
Aussi, proposent-ils une prolongation allant de 18 à 24 mois.
(Le défaut de ce débat sur le report ou non des élections, est qu’il oppose apparemment
des idiots têtus à des imbéciles obstinés. D’un côté, des monomaniaques obstinés se
cramponnent à la fameuse date du 6 décembre comme si le sort du monde – ou du
moins de toutes les institutions congolaises – en dépendait. De l’autre, on semble
attendre des effets tout aussi magiques d’un report. Or, reporter les élections ne
changera rien ni au fait que la CENI est outrancièrement politisée, ni au fait que la
révision de la Constitution, pour légale qu’elle soit, n’en a pas moins été un signal
terriblement négatif, en montrant que JKK est décidé à tout pour être réélu, ni au fait
que le Pouvoir est bien décidé à user et abuser de sa mainmise sur les médias et sur les
forces de l’ordre, ni au fait qu’un fichier électoral bricolé au moyen du RAPTA ne sera
jamais suffisamment crédible pour que les résultats soient acceptés sans discussion. Un
report n’aurait donc de sens que s’il s’accompagnait d’une remise en cause de tout ou
partie des faits que l’on vient d’énumérer. Il serait surtout bénéfique s’il était lié au projet
de ne procéder à des élections qu’après un recensement sérieux de la population, car
c’est le flou des dénombrements RAPTA qui entretient toute la mythologie liée à la
nationalité et aux « faux électeurs congolais », mythologie qui à son tour justifie la
contestation perpétuelle des résultats. Sans recensement, on verra sans cesse reparaître
cette contestation et, s’il s’agit d’aller au vote sans recensement, autant jouer tout de
suite la comédie, car c’en sera une. NdlR)
Elections/femmes
Le Phare signale à propos de la loi électorale en examen à l’Assemblée nationale que la
parité mécanique a été rejetée. Commencé le samedi 21 mai 2011, l’examen et
l’adoption de la loi électorale article par article se sont poursuivis lundi 23 mai, et se
poursuivront encore ce matin à l’Assemblée nationale.
A ce jour, 70 articles seulement sur les 244 que compte la loi ont été adoptée, dont 9 le
samedi et 61 lundi. L’article 13 de la loi a particulièrement suscité des protestations de la
part des compatriotes féminines venus assister à la plénière, qui ont décidé de quitter la
salle des congrès. Leur colère était provoquée par le rejet par la plénière des
amendements relatifs à la consécration du principe de la parité dans la confection des
listes électorales.
Il s’agit de deux amendements faits audits articles, à son alinéa 3 qui stipule : « chaque
liste est établie en tenant compte, s’il échet, de la représentation paritaire hommefemme
et de la promotion de la personne vivant avec handicap. La non réalisation de la
parité homme femme n’est pas un motif d’irrecevabilité d’une liste ».
(La rédaction de cet alinéa est doublement discutable. D’abord, parce que mettre sur le
même pied les femmes et les handicapés n’est pas tr !s galant-ce qui est un détail – mais
surtout pas très logique. Sauf le respect dû à tous les sourds, aveugles, muets, estropiés,
bancroches et cul-de-jatte du Congo, ils représentent une minorité de la population, alors
que la sous-représentation des femmes concerne sa majorité. Ensuite, parce que dire, en
pratique, qu’il faudra tenir compte de quelque chose, mais que ce n’est pas obligatoire,
revient à ne rien faire du tout.
Nous l’avons déjà dit, le sexisme, au Congo, ne réside pas chez les électeurs. En 2006,
les femmes étaient 10% parmi les candidats et elles ont représenté 9% des élus. Le
problème se situe essentiellement dans les états-majors des partis, où siègent des
politiciens mâles qui ne sont pas prêts à abandonner leur bifteck à une représentante du
beau sexe. Ils ont bien trop peur de ce que diraient leurs femmes ! NdlR)
Pour comprendre les inquiétudes alimentaires des députés, il suffit de lire, dans Le
Climat Tempéré, l’article «
Arriérés des émoluments parlementaires de la transition :destination incertaine
».Les anciens parlementaires issus du Dialogue inter Congolais
revendiquent le paiement des arriérés de leurs émoluments, qui n’ont pas été liquidés à
la fin de la période de transition. Pourtant, des fonds évalués à plus de 2 milliards de
francs congolais ont été prévus dans le budget de l’Etat, pour l’exercice 2010 et
reconduits en 2011. Détail: de cette enveloppe, environ 421 millions de francs congolais
ont été libérés. 27 septembre 2010: Evariste Boshab, président de l’Assemblée nationale
a écrit au gouvernement pour demander le paiement de l’acompte de ce montant. Dans
cette action, il s’est constitué une coalition de trois législatures, qui ont précédé le
Parlement actuel. Les anciens membres du Haut Conseil de la République-Parlement de
Transition, de l’Assemblée Constituante Législative-Parlement de Transition et du
Parlement de Transition du schéma 1+4 ont regroupé leurs revendications au sujet des
créances des droits législatifs, estimés à plus de 112 milliards de francs congolais. Et
c’est le même Evariste Boshab, qui a adressé une lettre à la Direction Générale de la
Dette Publique, DGDP, pour lui demander de prendre en charge ce litige. Pour le
rapporteur de l’Association des Parlementaires issus du Dialogue Intercongolais, APIDIC,
il a été proposé de retenir 40% à la source pour la contribution des sénateurs à la
Sécurité Sociale des Parlementaires, SESOPA. D’après le rapport d’activités de 2007, les
créances dues aux sénateurs de la transition ont été certifiées. 60% de ce fonds ont été
payés. 40% restent à payer. Pour réclamer leurs droits, tous les ex-députés et sénateurs
victimes de ce déficit financier ont élargi leur mouvement au niveau de la Fédération
Nationale des Parlementaires du Congo, FNPC, constituée de 1654 membres.
Et, selon un parlementaire de transition, trois bons d’engagement pour paiement ont été
émis par le ministère du Budget et transmis aux finances. Le 15 janvier 2011: les exdéputés
apprenaient que les 2.181.033.985 Fc, engagés par le président de l’Assemblée
nationale sont tombés en annulation. A la grande désolation et au mécontentement de
ces anciens parlementaires qui, en dehors de leurs émoluments, attendent également les
frais de rapatriement. Jusque-là, le Parlement n’a pas émis des billets pour faciliter le
retour des ex-députés et sénateurs dans leurs fiefs. Des sources indiquent que des
membres du gouvernement, chargés de trouver des solutions à cette question, affichent
une sorte de méfiance à l’endroit de ces ex-parlementaires. Ceux-ci comptent, dans leurs
rangs, d’anciens mobutistes (HCR-PT) et des ex-rebelles (transition 1+4).
Affaire Chebeya-Bazana
« L’Etat congolais accusé à l’ONU ! » titre LCT, à propos d’une autre initiative des ONG
congolaises.
216 ONGDH exigent de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe de respecter son obligation
de dire le bon droit, rendre justice selon les prescrits constitutionnels et des instruments
internationaux ratifiés par la RDC. L’interpellation, contenue dans une lettre ouverte au
président de la République datée 20 mai, intervient à la suite des dernières audiences
publiques du procès sur l’assassinat de défenseurs des droits humains, Floribert Chebeya
et Fidèle Bazana. Les ONG exigent une justice équitable pour le prononcé du jugement. «
Nous prenons à témoin le président de la République, qui va tirer toutes les
conséquences de cette lettre ouverte », a soutenu le coordonnateur de l’ONG ‘’OEuvres
sociales pour le développement’’, Dieudonné Kabasonga Nduba.
« S’il n’y a pas une sanction exemplaire contre ces criminels, donc tous, nous sommes
candidats à la mort par les mêmes auteurs, parce qu’aujourd’hui, ils sont en train de
fulminer de colère… », s’alarme le directeur exécutif de La Voix des sans voix, Dolly
Ibefo, au cours d’une conférence de presse tenue dimanche 22 mai au siège de La VSV.
Le président de la Synergie Congo culture et développement, SCCD, Christopher Ngoyi
Mutamba a indiqué que les ONGDH se sont bien documentées sur les circonstances
exactes de l’exécution de Floribert Chebeya. « Nous sommes à un tournant décisif où lacommunauté internationale suit de près le procès pris en délibéré », a-t-il indiqué. Les
ONGDH se sont réveillées pour battre le rappel des troupes et maintenir la pression sur la
Cour de justice militaire devant ce qu’elles considèrent comme « des stratégiesmachiavéliques
», a explicité Christopher Ngoyi.
La lettre ouverte signée par les Amis de Nelson Mandela, Anges du ciel, l’ASADHO, le
CODHO, l’OCDH, JED, Toges Noires, VSV fait état de mécanismes internationaux à
activer des ONGDH pour saisir les instances de l’ONU, du Commissariat aux droits de
l’homme du conseil de l’Europe à travers la teneur de ce texte repris en intégralité cidessous.
En outre, Marie-José Bazana et Annie Chebeya, veuves de deux victimes exécutées par
les présumés policiers dans le box de la Cour militaire ont dénoncé sur RFI le déni de
justice qui se profile dans ce procès dont le verdict est attendu à la mi-juin 2011. Annie
Chebeya qualifie les contours de ce procès de « mascarade ».
Divers
« Kinshasa dans le noir : la SNEL coupable », titre à la Une Le Potentiel qui affirme
qu’une nuit sans électricité à Kinshasa est la norme. Cela n’émeut que timidement. La
situation est pire qu’il y a quelques mois seulement. Kinshasa est plongée dans le noir le
plus total. Curieusement, tous assistent impuissants à cette catastrophe dans un pays qui
regorge d’un potentiel de plus de 100.000 mégawatts, capable de desservir l’ensemble
du continent africain. L’opérateur public, la SNEL, est au banc des accusés.
L’Observateur, sur ce même sujet, parle d’une «
libéralisation annoncée ».
L’Avenir se fait l’écho des propos du Premier ministre Adolphe Muzito, qui en marge deson séjour à Bruxelles, a déclaré : « Nous n’avions pas trouvé un Etat ».
Il n’y avait plus d’Etat. Aujourd’hui on peut dire qu’on a recréé l’Etat, on est à la tête de
l’Etat, a insisté le Premier ministre Adolphe Muzito. S’adressant à ceux qui jugent
aujourd’hui l’action du gouvernement, Muzito leur fait remarquer que « vous raisonnez
comme si en arrivant au pouvoir, nous avons trouvé un Etat à gérer. Le régime Mobutu
n’a pas laissé un Etat ». Et d’ajouter, lorsque Mzee LD Kabila arrive pour refonder l’Etat,
il s’en est suivi des guerres interminables.
© CongoForum, le mardi 24 mai 2011
24 mai 2011
Aujourd'hui dans la presse