23/01/12 / REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE LUNDI (CongoForum)
Les sujets dominants d’actualité dans les journaux de ce lundi se rapportent encore une
fois aux élections. Invisibilité de JKK, menace de démission que brandirait le président
de la CENI à cause de la pression exercée sur sa personne par certaines autorités,
« sortie » médiatique de Tshisekedi vendredi dernier, tout contribue à donner au
processus électoral le visage d’un naufrage.
CENI
Au mois d’avril, il y aura exactement 100 ans que le Titanic a fait naufrage.
Faustin Kuediasala en profite pour signer dans le Potentiel un article intitulé « Comme
le Titanic, le navire électoral de la CENI coule ». La comparaison ne se borne pas à
constater que les élections sont un naufrage titanesque. Il laisse entendre que parmi les
causes des deux naufrages, il y a une même cause l’arrogance des constructeurs du
navire, trop imbus d’eux-mêmes.
Ce rapprochement justifie à maints égards au regard de nombreux ratés accumulés dans
le processus électoral congolais. C’est dans les causes présumées du naufrage du Titanic
que l’on trouve de fortes similitudes avec les irrégularités que l’on dénonce aujourd’hui
dans le travail mené par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) que
dirige le pasteur-président Daniel Ngoy Mulunda. Le commandant de bord, Edward
Smith, malgré sa grande expérience, a minimisé le danger sur le terrain. La seule
passion du commandant Smith était de battre le record de la traversée de l’Atlantique et
se faire ainsi une réputation dans le monde. Malheureusement, il a minimisé le danger,
un peu comme la CENI, avec Ngoy Mulunda à sa tête.
« Au début du processus électoral congolais, des analystes avaient déjà tiré la sonnette
d’alarme sur d’éventuelles imperfections. C’est avant tout au niveau de sa composition,
prise en otage par les politiques – quatre issus de la Majorité et trois autres de
l’Opposition, écartant de la course la Société civile, comme ce fut le cas en 2006. Et, le
bureau de la CENI s’installe, Ngoy Mulunda présente un calendrier que d’aucuns
qualifient d’irréaliste. Mais, l’homme s’est entêté jusqu’au bout, rejetant toute forme de
dialogue ou de concertation pour parvenir à un calendrier réaménagé.
Comme le commandant Edward Smith du Titanic, Ngoy Mulunda s’est fié à son instinct et
à sa foi de pasteur. Cependant, il a oublié que les données su terrain ont sensiblement
changé. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur le travail bâclé réalisé par la CENI. Estce
par précipitation ou par incompétence ? Nul ne le sait. Mais, le plus évident est que la
CENI paie le prix de son arrogance.
En effet, pendant tout ce temps, la CENI et son président s’étaient enfermés dans une
forteresse, rejetant toute expertise extérieure pour l’épauler dans sa lourde tâche
d’organiser des élections réellement libres, démocratiques et transparentes. Il a fallu que
tous crient aux irrégularités dans les résultats rendus publics pour la présidentielle du 28
novembre 2011 pour que la CENI ouvre – alors légèrement – ses portes à l’expertise
étrangère. Mais, là encore, le passage des experts internationaux n’a été que de courte
durée. L’équipe dépêchée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne n’a pas fait long feu,
obligée de quitter la RDC presque sur la pointe des pieds. Comme le Titanic avec Edward
Smith, Ngoy Mulunda pensait faire mieux à la CENI en se fiant à son seul flair. A l’instar
de l’Eglise catholique, l’on s’est enfin rendu compte qu’il y a lieu de requalifier le
processus électoral en commençant par la CENI pour sauver la démocratie congolaise, en
danger permanent de perdition. Dans les différents Centres locaux de compilation des
résultats (CLCR) de la CENI, la compilation a laissé place à la complication. Bientôt, c’est
la machine qui sera bloquée. Prochain test : le 26 janvier 2012, date à laquelle la CENI a
promis de publier les résultats partiels des législatives de Kinshasa, après le report sine
die de ceux des provinces. Décidément, le navire électoral de la CENI est en train de
couler. Il y a urgence de lui jeter des bouées de sauvetage pour récupérer ce qu’il en
reste encore ».
L’éditorialiste de L’Observateur titre: «Majorité et opposition, unies dans la défaite».
Sous la pression et l’aigreur bruyante des candidats non élus, aussi bien de la majorité
que de l’opposition, toutes les lignes de démarcation politiques volent petit à petit en
éclat. Pour l’Observateur, on ne le savait peut être pas, mais c’est ainsi. Beaucoup de
prétendants, surtout dans ce pays aux traditions politiques brouillées, ne conçoivent pas
qu’ils ne puissent pas ne pas être élus députés. S’ils ne le sont pas, c’est qu’il y a eu
nécessairement bourrage des urnes, clament-t-ils partout. A ce point, de plus en plus des
gens dans l’opinion s’interrogent: «Ne serait-il pas par le bourrage des urnes qu’euxmêmes
ont été élus hier députés à l’Assemblée nationale ? Ce serait donc eux qui sont à
l’origine de cette pratique de bourrage des urnes qui cette fois ne leur a pas porté
bonheur ?» A lire aussi dans L’Observateur, ce titre relatif aux élections législatives au
Kasaï-Oriental. Des candidats députés nationaux du territoire de Kabinda, dans une lettre
adressée au bureau de la Ceni, dénoncent la fraude et contestent les résultats affichés.
Et ils ont joint leurs voix à celles des témoins en vue de constater des manquements
graves.
La Prospérité titre: «Pression sur Ngoy Mulunda. Majorité et Opposition au banc des
accusés ! » Ce quotidien explique qu’ayant eu vent du vote-sanction du peuple et ce, à
travers l’ensemble du pays, la machine de la corruption en aval s’est mise, depuis, en
branle. Cette puissante et cynique machine aurait impliqué, pour plus de succès, les
Gouverneurs de province qui, usant de tous les moyens à leur disposition, ont mis à l’aise
mais également mal à l’aise, les responsables des CLCR. Il était question, pour le journal,
semble-t-il, de manipuler à souhait des résultats des urnes en vue de proclamer les
candidats de leurs obédiences. Point n’est besoin de dire clairement qu’il s’agit d’une
stratégie des ‘‘hommes forts’’ du pouvoir, laquelle serait élaborée à l’issue d’une messe
obscure dite dans la ville haute. «Daniel Ngoy Mulunda n’a-t-il pas dénoncé maintes fois,
la présence des ministres, agents de sécurité et autres dignitaires du régime dans les
CLCR ?», s’interroge le journal !
A ce sujet, L’Avenir titre: «Processus électoral : Bouc émissaire, Ngoy Mulunda ne
mérite pas de porter seul le chapeau des dérives de la MP» Des bruits persistants font
état des pressions que subirait le président de la Ceni, Daniel Ngoy Mulunda ; des
pressions émanant de toute part de la Majorité tout comme de l’Opposition, selon le
quotidien. L’Avenir estime que Ngoy Mulunda ne peut pas porter seul le chapeau de
toutes les dérives attribuables à certaines personnes qui croient régenter le pays. Il
devra résister et la population n’acceptera pas qu’il soit considéré comme seul bouc
émissaire de cette affaire.
De plus, L’Avenir rapporte que certains ténors de la Majorité présidentielle font du
chantage pour inscrire les personnes qui n’ont pas été élues sur les listes. Selon ce
journal, il y a risque d’avoir plus de députés nommés par les responsables des CLCR et
certains secrétaires exécutifs provinciaux, avec la complicité des certains gouverneurs,
sur ordre de certains ténors de la Mouvance présidentielle que ceux réellement élus. (Et,
d’après « Radio Trottoir », ces nominations ne seraient pas gratuites. Il est question de
personnes qui « vendent » les places de député. Sans doute ne nouvelle formule
d’escroquerie. NdlR)
AfricaNews rapporte que blasé de recevoir les injonctions ou de subir la pression pour
modifier les résultats en faveur des listes recommandées au détriment de celles
véritablement élues, le président de la CENI a fulminé de colère avant d’éteindre ses
téléphones portables ! Le pasteur ne pourrait réapparaître que cette semaine pour
proclamer les résultats provisoires des législatives d’abord en provinces, puis à Kinshasa.
JKK
« J. Kabila doit rompre le silence », titre à la Une Le Potentiel. Il note que le président
de la République ne donne pas signe de vie depuis sa prestation de serment. Ce silence a
suffit pour que la radio trottoir tourne à plein rendement, distillant des rumeurs
persistantes. Face au silence du président de la République depuis un bon moment des
rumeurs des plus invraisemblables font le tour du pays autour de sa personnalité. Pour
couper court à toutes ces rumeurs, et en sa qualité de président de la République
démocratique du Congo, poursuit le journal, il lui revient maintenant de rompre le
silence. Joseph Kabila qui s’était donné à fond dans la campagne électorale plus que les
autres candidats, mérite bien le repos du guerrier. Seulement voilà, le président de la
République ne s’appartient plus. Il est au service du peuple congolais. Aussi, ce long
silence d’un mois a créé une « psychose d’un vide » et entretenu des rumeurs de tous
ordres. Pour Le Potentiel, il est temps que le président de la République rompe le
silence.
Tshisekedi
Le Phare annonce en manchette : « Tshisekedi a parlé ». Il retient de la conférence de
presse du leader de l’UDPS, trois messages : l’annulation des élections législatives par M.
Tshisekedi ; la sortie officielle du gouvernement de Limete cette semaine et le
recensement général de la population au mois de février prochain. S’agissant de son
gouvernement, Etienne Tshisekedi qui se considère comme le vainqueur de l’élection
présidentielle devrait en dévoiler la composition dans le courant de cette semaine.
Interrogé au sujet des négociations éventuelles avec le pouvoir en place, Etienne
Tshisekedi a été catégorique : elles sont sans objet au stade actuel
( Tshisekedi a aussi annoncé son intention de « se rendre au Palais de la Nation », alors
que, entre autres d’après Jeune Afrique, il a encore été bloqué chez lui ce dimanche par
la police.
Son refus catégorique de négocier est bien dans sa manière habituelle, d’autant plus que
personne ne manifeste pour l’instant la moindre intention de négocier avec lui. Annuler
les élections législatives n’a évidemment aucun sens si l’on n’annule pas également les
présidentielles. Pour un scrutin comme pour l’autre, il n’y a qu’une position logique et
raisonnable : reconstituer la « vérité des urnes » si on le peut ; sinon, annuler. Toute
autre attitude est inacceptable, qu’elle vienne de Kabila ou de Tshisekedi ! NdlR)
© CongoForum, le lundi 23 janvier 2012
Pour
23 janvier 2012
Aujourd'hui dans la presse