(CongoForum)
En Ethiopie, l’UA aurait été saisie d’un plan pour sortir de la crise postélectorale
congolaise. L’appel à une grève générale lancé par Etienne Tshisekedi est un échec au
moins partiel. Contentieux électoraux, révision du Code minier, TVA, tels sont les sujets
évoqués par les journaux parus ce mardi à Kinshasa.
Plan de sortie ?
Les crises en Afrique figurent en bonne place sur l’agenda du 18ème sommet de l’UA qui
se poursuivait lundi dans la soirée dans la capitale éthiopienne. Panapress, sous le titre
« Vers un plan de sortie de la crise post-électorale », annonce plan de sortie de la crise
postélectorale en RDC, prévoyant un recomptage des voix, a été soumis au 18ème
sommet de l’UA qui se poursuit lundi à Addis-Abeba. Le plan de sortie de crise, signé par
plusieurs partis de l’opposition parmi lesquels l’UDPS d’Etienne Tshisekedi et l’UNC de
Vital Kamhere, demande à l’Union africaine de désigner un médiateur pour discuter avec
toutes les parties congolaises d’un consensus de sortie de la situation postélectorale. Les
opposants congolais suggèrent également de comparer les résultats de la CENI à ceux
des candidats et des observateurs internationaux. ‘Il faut organiser une nouvelle élection
présidentielle au cas où l’opération de recomptage des voix s’avère difficile’, propose le
plan de sortie de crise qui demande la reprise des élections législatives seulement dans
les circonscriptions électorales où il y a des contestations. Pour l’opposition congolaise, la
sortie de crise passe par la désignation d’une nouvelle personnalité consensuelle à la tête
de la CENI dont la composition devra être revue. ‘La majorité des forces politiques du
changement et de la société civile désigneront chacune deux personnes pour les
représenter au sein du Bureau de la CENI, dont toutes les fonctions administratives et
financières seront confiées à la MONUSCO (Mission des Nations unies pour la stabilisation
en République Démocratique du Congo’, ajoute le document. Il propose par ailleurs de
procéder au nettoyage du fichier électoral et à la publication des listes électorales
conformément à la loi et de requérir la participation des experts africains et
internationaux à toutes les phases du processus.
(L’UA rassemble les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique. Or, les crises
postélectorales ont pour origine la transformation des élections en machine à réélire
automatiquement le pouvoir sortant. Parler d’élections honnêtes à l’UA, cela ressemble
furieusement à faire un discours antialcoolique devant un congrès d’ivrognes et de
bouilleurs de cru ! NdlR)
Echec de Tshisekedi«
Echec de l’appel à une grève générale lancé par Etienne Tshisekedi » titre Forum des
As. Les Kinois ont normalement vaqué à leurs occupations quotidiennes hier. Déjà, de
bonne heure, les véhicules assurant le transport en commun desservaient leurs lignes
habituelles sans le moindre répit. Par conséquent, les élèves, les étudiants ont répondu
présent à l’appel. Par ailleurs, les magasins, les sélects et marchés de la capitale ont
ouvert leurs portes aux heures habituelles. Dans les entreprises publiques, aucun rameau
n’a été perceptible devant les entrées principales pour annoncer un quelconque
débrayage. Dans les rues de Kinshasa, l’appel à une grève générale lancée le week-end
dernier par le leader de l’UDPS a été diversement commenté. Non sans lyrisme de
mauvais aloi. Certains Kinois estiment qu’Etienne Tshisekedi est mal conseillé. Ou,
carrément, imbu de lui-même, le très charismatique leader de l’opposition sous Mobutu
ne veut plus entendre personne. D’autres par contre expliquent son comportement par la
situation politique du pays. Selon les partisans de la deuxième thèse, Etienne Tshisekedi
qui s’est autoproclamé le président élu, cherche davantage à créer la confusion pour
attirer l’attention de la Communauté internationale. « Fort des convictions personnelles
selon lesquelles la situation actuelle du pays pourrait tourner à sa faveur, l’inamovible et
incontestable président national de l’Udps n’a plus mieux à faire que de tenter certaines
initiatives pour mesurer son aura dans le pays. Principalement à Kinshasa où il a
massivement été élu lors du scrutin dernier », a-t-on entendu hier dans certains milieux
kinois.
AFP a sur la question un avis plus nuancé : « L’appel à la grève générale lancé en
République démocratique du Congo (RDC) à partir de lundi « et jusqu’à nouvel ordre » par
l’opposant Etienne Tshisekedi, autoproclamé « président élu », a été bien suivi dans ses
fiefs de Mbuji-Mayi et Kananga (centre) mais pas dans la capitale Kinshasa ».
A Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental, la grève a été « bien suivie. Des
commerces sont restés fermés, il n’y avait pas une circulation intense comme d’habitude,
beaucoup de piétons marchaient le long des routes », a déclaré le président de la Société
civile de la province, Jean-Alexis Kasuasua, à l’AFP. « Le gouverneur (de la province) est
sorti pour négocier avec des propriétaires de commerces pour qu’ils ouvrent mais ils
n’ont pas pu travailler parce que leurs employés ne sont pas venus », a-t-il ajouté,
précisant que le même problème s’est posé au niveau d’établissements publics et privés.
La population a « vaqué paisiblement à ses occupations », a pour sa part assuré un
collaborateur du gouverneur.
A Kananga, chef-lieu du Kasaï-Occidental voisin, plusieurs écoles et établissements
publics sont restés fermés, et « dans l’après-midi, les commerçants ont commencé à sortir
et essayer de vendre un petit rien pour subvenir aux besoins de la famille », a indiqué la
Socico. En revanche, à Kinshasa, les transports ont fonctionné et les commerces étaient
ouverts comme un lundi habituel, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Il reste qu’il y a un contraste entre les régions (les Kasaï et Kinshasa) qui ont soutenu
Tshisekedi. La répression est peut-être plus visible à Kinshasa, où il y a des chars bien
visibles dans certaines rues, mais cela n’explique pas tout. Forum des As avance une
explication sous forme d’équation « UN JOUR D’INACTIVITE = PERIL DANS PLUS D’UN
FOYER KINOIS ». « Le Kinois vit au jour le jour. Dans un environnement
économiquement précaire où la vie se réduit à la survie, plus d’un responsable de
ménage nourrit sa progéniture grâce aux efforts quotidiens. Cela s’entend, un jour
d’inactivité suffit pour entraîner un péril réel dans plus d’un foyer kinois. En tout cas,
cette réalité du pays n’échappe pas du tout au leader de l’Udps.
D’ores et déjà que la débrouille tient la règle d’or en RD Congo, le contexte actuel prêtet-
il à une quelconque grève générale ? Sans doute pas. Si Etienne Tshisekedi a réussi à
imposer des Journées ville-morte à Kinshasa sous Mobutu, ce succès rime avec le
contexte politique d’alors qui n’est plus le même. Compte tenu de la sociologie de
l’emploi en RD Congo dont le chômage passe pour la règle et l’emploi, une exception ; y
a-t-il un mouvement syndical qui serait disposé à respecter le mot d’ordre d’un leader
politique, fusse-t-il populaire, de scier la branche sur laquelle il est assis ? Qu’Etienne
Tshisekedi soit à la tête d’un syndicat, on comprendrait sa démarche, par ailleurs
légitime.
Cependant, lorsqu’un leader politique qui n’a pas prise directe sur la gestion de la chose
publique lance un appel à la grève, on ne serait pas loin de la démesure et de manque de
réalisme. La grève générale décrétée par Etienne et qui a brillamment échoué, fait partie
des actions de désobéissance populaire, annoncées la semaine dernière par le leader de
l’Udps. Ces actions s’inscrivent dans le cadre de ses stratégies de maintenir la pression.
Principale motivation, contraindre Joseph Kabila, proclamé vainqueur de la présidentielle
du 28 novembre à abandonner le pouvoir.
En attendant la suite des manifs populaires annoncées, certains commentateurs de
l’actualité politique en RD Congo soutiennent à l’unanimité que l’appel à la grève
générale lancé par Etienne Tshisekedi a eu le mérite d’être le premier échec de son
initiateur. D’autres pensent plutôt qu’il s’agit d’un deuxième fiasco. Le premier étant le
feuilleton, sans intrigues, du jeudi 26 janvier courant, lorsqu’ Etienne Tshisekedi a tenté
de se rendre au Palais de la Nation pour occuper ses bureaux présidentiels ».
Que cet échec soit le premier ou le quinzième, le moment est mal choisi pour une perte
de prestige. En effet, le Président de l’UDPS doit s’attendre à une fronde interne liée aux
législatives. L’UDPS a des élus et il est assez cmpréhensibles que ceux-ci trouvent la
pilule de « l’annulation » par leur chef assez amère.
L’Emergence affirme que « l’éclatement de l’UDPS c’est déjà demain ». En effet,
soutient ce journal, l’effondrement de l’UDPS se montre plus qu’imminente. Et chaque
acte, chaque déclaration qui caractérise le comportement de M. Etienne Tshisekedi n’est
qu’un signe précurseur de cet éclatement qui sera marqué par le divorce entre les élus
avec les non-élus. A en croire ce journal, certains candidats députés de l’UDPS qui se
sont investis dans les législatives du 28 novembre 2011, surtout ceux qui ont été
proclamés vainqueurs,, ne sont pas prêts à suivre leur leader Tshisekedi qui a proclamé
l’annulation des résultats de ce scrutin. Ils sont déterminés à siéger à l’Assemblée
nationale pour jouer le rôle de contre- pouvoir comme cela est de mise dans toutes les
démocraties. Appliquer la politique de la chaise vide, c’est courir droit à l’échec, estiment
ces députés tentés par la fronde.
Contentieux électoral
La Prospérité rapporte que dans un communiqué officiel publié lundi 30 janvier, le
greffier en chef de la Cour suprême de justice (CSJ) notifie à certains candidats
provisoirement élus à la députation nationale et à leurs partis que leur élection est
contestée. Les dossiers étant ouverts au greffe de la Haute Cour, qui liste les
contestataires, les concernés sont invités à déposer, conformément à la loi électorale,
toutes affaires cessantes, leurs mémoires en réponse dans un délai de trois jours.
La publication des résultats partiels des élections législatives est aussi à la une de la
Tempête des tropiques : « Publication des résultats provisoires des législatives :
Tshangu pose problème ». Le journal révèle que la dernière séance de publication des
résultats partiels des législatives a été reportée au 1er février. La Tempête des
tropiques indique que ce sont les résultats de la circonscription électorale de la
Tshanguà Kinshasa, qui posent problème. Il note aussi que la ville de Mbuji-Mayi, qui
devait connaître ses élus lundi 30 janvier, est obligée d’attendre les nouvelles consignes
du bureau de la Ceni. Il en serait de même pour Rutshuru (Nord-Kivu), Kongolo
(Katanga) et Popo Kabaka (Bandundu) dont les résultats traînent encore.
Pour les contestations, Forum des As renvoie tout le monde à la justice: « Rendez-vous
à la Cour suprême de justice ! ». Il constate que sur le front des législatives, on est
presqu’au bout du suspense, Kinshasa étant en passe d’achever de livrer ses secrets.
Mais, à l’allure où se décline le feuilleton électoral, version Ngoy Mulunda, écrit Forum
des As, la Cour suprême aura du pain – « beaucoup de pains »- sur la planche. « La
séquence de 2006 sera sans doute un jeu d’enfants par rapport au casse-tête qui attend
les juges électoraux », conclut-il.
Le Phare publie en manchette une lettre ouverte aux magistrats de la Cours suprême de
justice en rapport avec les contentieux électoraux.
Dans ce document, l’auteur – qui s’exprime sous l’étiquette du président de SOS
Kinshasa Asbl, souligne que les kinois exigent de la CENI et attendent de la Haute Cour
de voir à l’Assemblée nationale des députés élus et non ceux que certains individus
voudraient y voir.
Les candidats, quels que soient leur titre ou fonction, dans ce pays doivent accepter la
sanction populaire et respecter le choix de ce peuple.
Forum des As fait état d’un « Coup de théâtre hier à la Ceni ». Selon ce journal, les
candidats à la députation nationale donnés pour gagnants du scrutin dans les districts
kinois de la Lukunga et du Mont-Amba ne devraient peut-être pas encore se réjouir. Les
listes affichées au centre local de compilation des résultats (CLCR) à la Foire
internationale de Kinshasa (FIKIN) contiennent des erreurs et doivent, par conséquent,
être modifiées. Et, parce qu’il faut finaliser la certification des données, la Commission
électorale nationale indépendante (CENI) a décidé de reporter à demain mercredi 1er
février, la suite et la clôture de la publication des résultats provisoires de ce scrutin.
Mines
Sous le titre : « Révision du Code minier : chantage ou réalité ? », Le Potentiel rapporte
que l’idée lancée par JKK lors de son discours d’investiture a fait l’objet de cogitations
des cinquièmes journées minières tenues au centre Nganda à Kinshasa. Le nouvel
environnement constitutionnel, avec l’arrivée de nouveaux intervenants comme les
provinces, pousse à une relecture du code minier pour mettre un terme à cette forme
élaborée de pillage des ressources naturelles.
Le Potentiel note que l’annonce d’une révision du Code minier est bien accueilli dans
tous les milieux, principalement des observateurs neutres et des populations. Il n’est pas
évident que ceux qui tirent profit de cet état de choses se laisseront faire. C’est ici qu’il
revient à l’Etat de ne point reculer. D’entamer la procédure et de préserver les intérêts
vitaux de la République.
TVA
L’Avenir annonce qu’après la concertation FEC-Gouvernement, « la TVA
(est)maintenue ».
En effet, contrairement à la demande de la FEC, Fédération des entreprises du Congo,
qui voulait reporter l’application de la TVA pour le mois de janvier 2013, le
Gouvernement a rejeté cette idée qui fait reculer le pays. Mais il reste d’accord avec le
syndicat des opérateurs économiques quant à la révision de la loi sur la TVA dès la
rentrée parlementaire prochaine.
© CongoForum, le mardi 31 janvier 2012
31 janvier 2012
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