(CongoForum)
Plus ça change, et plus c’est la même chose. Seule nuance : la politique a complètement repris l’avantage sur l’économie, réduite à la portion congrue. Les sujets au menu des journaux parus ce mercredi sont la situation sécuritaire à l’Est de la Rdc, avec les preuves de l’implication du Rwanda dans les événements qui se passent dans cette partie du territoire congolais, et la désignation du porte-parole de l’Opposition.
RDC/Rwanda
Le Palmarès se distingue par un titre bizarre : « Kagame au centre d’un isolement ». Car, si Kagame est au centre de quelque chose, il n’est pas isolé et s’il est isolé, il n’est au centre de rien ! On comprend toutefois aisément ce que veut dire ce titre bizarre : Kagame a de moins en moins d’amis.
Le Palmarès explique qu’ « Avant de trahir Kabila aujourd’hui, Kagame a d’abord trahi Museveni qui ne lui porte plus à cœur et rêve de lui régler les comptes ». Pour ce journal, « en dépêchant son émissaire à Kampala, Kabila a manifesté son vœu de relancer l’axe Kinshasa-Kampala. Ce nouveau rapprochement n’augure rien de bon pour Kagame ». D’où, relève encore Le Palmarès: « Kagame devra ainsi apprendre qu’il n’est pas incontournable dans la région des Grands Lacs ». Enfin, ajoute-t-il, « tout indique encore et surtout que Kabila veut démontrer qu’en se tournant vers Museveni, qu’il a toujours été de bonne foi dans la gestion de la crise dans la région ».
Dans un autre article intitulé « Mutinerie au Nord-Kivu : Kigali accuse Kinshasa », Le Palmarès note que « le ton monte entre la Rdc et le Rwanda après la prise de position du gouvernement congolais ». Kinshasa, écrit-t-il, a officiellement accusé Kigali dans la mutinerie dans l’Est du Congo. Il a dénoncé la passivité de son voisin de l’Est face à des atteintes graves à la paix et à la sécurité de la Rdc.
Le Palmarès rappelle : « La réaction du Rwanda ne s’est pas fait attendre. La ministre rwandaise des Affaires étrangères, dans un communiqué publié par le journal pro- gouvernemental New Times a affirmé : « Le gouvernement congolais utilise le Rwanda comme bouc émissaire pour détourner l’attention portée sur ses crimes intérieurs ». Alors que « L’implication du Rwanda a été dénoncée après les premiers témoignages de onze déserteurs du M 23 qui sème le trouble au Nord Kivu », rappelle ce journal.
L’Avenir titre « L’Onu réplique au Rwanda » pour parler de ce même sujet.
« Hervé Ladous, Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les opérations de maintien de paix vient de répliquer farouchement aux propos de la ministre rwandaise des Affaires étrangères », dit ce journal. Cependant, « Et après ? », s’interroge L’Avenir selon lequel « la Monusco fait son maximum pour protéger les civils dans l’Est de la Rdc ».
Telle est la substance de ce message massue de l’onusien, contrairement aux déclarations tendancieuses et outrageuses de la Rwandaise qui traitait dernièrement la Monusco d’incapable, rapporte L’Avenir. Tirée par les cheveux, quel sera, au delà de simples répliques, le sort que l’Onu devra infliger à Kigali maintenant qu’avec HRW et le gouvernement congolais, la mère Onu visée pour avoir reconnu l’implication directe du pays de Paul Kagame dans son soutien à Ntangada et au M 23, s’interroge une fois de plus ce journal.
Le Potentiel, sous le titre « Malgré les graves accusations portées contre lui, Kigali étale son arrogance», note qu’alors que des charges irréfutables s’accumulent contre Kigali concernant son implication dans la tragédie qui perdure dans l’Est de la RDC, l’incriminé nie tout en bloc. Il affiche une désinvolture qui ne peut être autrement interprétée que comme une insulte à l’endroit de nombreuses victimes congolaises et un mépris vis-à-vis de Kinshasa, ajoute le journal. « L’étalage de cette arrogance rwandaise s’accompagne sur le terrain de la poursuite du mouvement de transplantation des populations rwandophones sur le territoire congolais », note le Journal. Le potentiel explique que cette attitude démontre que le Rwanda tiendrait mordicus à son projet d’annexion du Kivu.
L’Observateur relaie l’interview que Louise Mushikiwabo a accordée à Jeune Afrique. Et titre : « La Monusco est totalement irresponsable » La ministre rwandaise des Affaires étrangères affirmait dans cet entretien qu’il ne faut pas voir la main de Kigali derrière le M23 qui sévit en RDC.
Parlant de la Monusco, Le Potentiel rapporte qu’ « International Crisis Group appelle le Conseil de sécurité à revoir la stratégie de l’ONU » en RDC à l’occasion du renouvellement d’ici fin juin du mandat de la Monusco dans le pays, secoué par un regain de violences à l’Est.
Radio Okapi rappelle opportunément que « L’avenir de la Monusco se discute au Conseil de sécurité ».
« Lorsque vous serez invités à prendre action sur l’extension du mandat de la Monusco à l’issue des consultations que vous allez entamer bientôt, le peuple congolais et son gouvernement attendront de vous que vous condamniez de la manière la plus ferme la mutinerie de Bosco Ntaganda qui est venue perturbée nos efforts communs de stabilisation et de consolidation de la paix », a déclaré mardi 12 juin au Conseil de sécurité de l’ONU, Zénon Mukongo, le Chargé d’affaires de la mission de la République démocratique du Congo auprès des Nations Unies à New York. Il s’exprimait à l’occasion de la présentation du rapport du secrétaire général de l’ONU sur la situation actuelle en République Démocratique du Congo et sur le travail de la Monusco. Zénon Mukongo a également appelé le Conseil de sécurité à condamner et à rappeler à l’ordre les Etats de la sous-région pour qu’ils veillent au respect des engagements auxquels ils ont librement souscrit sur la préservation de la paix dans la sous-région. « L’idée de recentrer l’action de la Monusco sur les Kivu où sévissent les groupes armés étrangers et nationaux doit subsister à toute extension du mandat de cette mission onusienne », a plaidé le diplomate congolais affirmant que c’est cela qui peut justifier l’importance de cette mission onusienne pour les populations des zones affectées par l’insécurité dans l’axe Rutshuru-Sud Lubero, Walikale-Masisi ou Kitshanga dans le Nord-Kivu ou encore sur l’axe Bunyakiri-Hombo dans le Sud-Kivu.
Dans son allocution devant les quinze membres du Conseil, le patron de la Monusco et représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC, Roger Meece a souligné la détérioration de la situation sécuritaire dans les provinces du Kivu qui ont interrompu, selon lui, les efforts de rétablissement de paix. Il a déclaré : « Depuis mon précédent rapport présenté en début d’année, des progrès considérables ont été effectués notamment concernant la menace sécuritaire posés par des groupes rwandais des FDLR dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Cependant ces progrès ont été interrompus par les événements récents relatifs à la mutinerie lancée par quelques individus et dirigée par Bosco Ntaganda et Sultani Makenga. Cette mutinerie a entraîné une détérioration grave de la sécurité pour la population civile de cette zone en particulier dans la province du Nord-Kivu et ainsi une atténuation de la pression sur les autres groupes armés opérant dans la région. »
(Il faut bien remarquer une fois de pus que la guerre de l’Est est, du point de vue de la propagande, du pain bénit pour le régime en place. Les fraudes électorales ont créé un mécontentement populaire qui, même si la répression l’a empêché de s’exprimer, demeure présent. Il s’aggrave encore du fait que le pouvoir a bien dû annoncer qu’aucune modification sérieuse ne serait apportée à la CENI, ce qui signifie à peu près que, pour la suite des élections, on continuera à frauder. Ce mécontentement intérieur se double, à l’extérieur, de la désapprobation plus ou moins ouverte des partenaires internationaux. Or, le pouvoir issu du coup d’Etat ne peut relâcher la pression qu’il subit à propos des élections sans admettre sa propre illégitimité. Il lui faut trouver d’autres « soupapes ».
Fort heureusement pour lui, le mécontentement, tant intérieur qu’extérieur, concerne aussi d’autres points de friction : le refus de livrer Bosco Ntaganda, la non résolution de l’affaire Chebeya, les propos critiques sur les « touristes » de l’ONU… Aux yeux de la population, des hommes comme John Numbi – le suspect n° 1 de l’affaire Chebeya – et Bosco Ntaganda personnifient la mauvaise influence du Rwanda et les effets délétères du « renversement des alliances » – dont Numbi fut le signataire du côté congolais. Livrer Ntaganda, ou du moins essayer, ferait plaisir à la CPI. La France – importante parce que la prochaine grande échéance internationale est le sommet de l’OIF – apprécie tout revers subi par le Rwanda dont l’arrogance l’a humiliée. Obama ne peut à la fois se battre pour qu’on ne vide pas la loi Dodd-Frank de tout contenu et tolérer indéfiniment la « bourse aux minerais de sang » de Kigali. Et l’ONU sera bien sûr contente que l’on dise du bien des « Casques bleus ».
Le nouveau « retournement des alliances » représentait donc un coup démagogique et diplomatique idéal, qui a même l’avantage de se rapprocher de la vérité ! Enfin, le Rwanda a aussi une autre utilité faire perdre de vue que les principaux responsables de la situation sont congolais.
Qu’en est-il toutefois de « l’isolement » de Kagame ?
Il se peut que Le Potentiel, avec son obsession de la « balkanisation » – un terme très mal choisi – et de la « transplantation de populations rwandophones » ait mis le doigt sur un point sensible. L’une des références du Potentiel, quand il enfourche son « dada », est une série de textes qui comprend « There is no Congo » de Jeffrey Herbst et Greg Mills ainsi que les textes de Cahen et Sarkozy un peu vite qualifiés de « plans » et quelques déclarations patriotiques rwandaises, notamment de Paster Bizimungu, revendiquant des régions congolaises.
Or, il y a dans ce « corpus » composite des thèses très différentes. Elles n’ont en commun que l’appétence pour les ressources naturelles de l’Est de la RDC et le désir de les voir exploiter par un large éventail capitaliste international. Cela peut se faire en laissant subsister la situation actuelle, donc avec l’avantage de ne pas toucher aux frontières héritées de la colonisation. Un pays peut, en effet, être une « république bananière » entièrement asservie à une ou des multinationales et rester, sur le papier, intact et souverain.
Mais le Rwanda a un problème qui lui est propre : une surpopulation qui le met chroniquement au bord de la disette. C’est cette surpopulation, à côté de régions moins densément peuplées, à l’Ouest, qui est la raison des mouvements de population de l’Est vers l’Ouest, lesquels existaient depuis les temps précoloniaux. Le « surplus » de population se compose évidemment, comme partout, des gens les plus défavorisés, c’est-à-dire de ruraux au mode de vie agro-pastoral. Autrement dit, ce sont des gens à qui il faut de la terre pour survivre. D’où, au moins dans l’esprit de certains Rwandais, des envies d’expansion territoriale et ce que le journal appelle la « transplantation de populations rwandophones », qui cette fois touche aux frontières ! Si Kagame croit devoir céder à ces tendances-là, cela pourrait effectivement lui faire perdre ses soutiens internationaux. NdlR)
Porte parole de l’Opposition
Le Palmarès titre à ce sujet: « L’Udps donne la voix ».
La désignation du porte parole de l’Opposition divise à nouveau cette dernière. Il y a de ce fait risque de rééditer le scénario de la dernière législature qui n’a pas pu se doter d’un porte parole même, constate ce journal.
Toujours à ce sujet, AfricaNews titre : « Kamerhe en panne, Bemba lui dit non ». Selon Jeune Afrique, cité par AfricaNews, depuis sa cellule de la Cpi à La Haye, le chairman du Mlc bat campagne contre le chef de l’Unc.
Le patron du Mlc ne veut pas de Kamerhe comme porte parole de l’Opposition et en a instruit ses lieutenants. Pour AfricaNews, ceci est un avantage pour l’Udps Samy Badibanga.
(Le poste de « porte-parole de l’opposition » est une absurdité pure et simple. De deux choses l’une, ou bien l’on se trouve dans un état démocratique où les droits, notamment à la sécurité et à la liberté d’expression, sont respectés et aucun parlementaire n’a besoin de plus de droits et privilèges que ceux qui découlent de ses qualités de citoyen et de parlementaire ; ou bien l’on est dans un régime où règne l’arbitraire, et mieux vaudrait lui offrir un gilet pare-balles.
L’institution même est absurde par rapport à la RDC, parce qu’elle n’a de logique que dans un système à deux partis, comme en Grande Bretagne. Cela n’a pas de sens dans un système à multipartisme votant à la proportionnelle comme en RDC. Ce que l’on a fait dans ce domaine était purement circonstanciel : il s’agissait, en 2006, de donner des garanties à JP Bemba après un épisode où le canon avait parlé. Qu’on laisse cette pantalonnade sombrer dans l’oubli qu’elle mérite. NdlR)
Economie
La Prospérité affiche à la une : « Table ronde sur la responsabilité sociale, entreprises : l’Etat lance un appel à la transparence!»
Ce journal rapporte que la première table ronde sur la responsabilité sociale des entreprises annoncée depuis quelques mois a ouvert ses portes le mardi 12 juin 2012 à Kinshasa. Selon lui, la table ronde, initiée par le Fonds Social de la RDC (FSRDC), a pour objectif d’évaluer la mise en œuvre de l’implantation des investissements socialement responsables et écologiquement durables en RDC. Toute la question est de savoir quelles sont les entreprises minières, forestières, pétrolières qui tiennent vraiment compte de l’éthique dans leur gouvernance notamment, dans les décisions de leurs activités économiques. La Prospérité précise que l’Etat congolais veut, en effet, obtenir un engagement public de transparence de la part de toutes les entreprises opérant sur son sol.
Elections
Les élections du 28/11/11 ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.
D’après une information de CongoNews, reprise par un certain nombre de sites de « l’Internet congolais », Evariste Boshab, lors d’une allocution à Lubumbashi, a plaidé pour la continuation et l’approfondissement du coup d’Etat, en faisant acclamer l’idée d’un troisième mandat de JKK.
(Cela supposerait évidement une nouvelle révision de la Constitution. Si on la révise à ce rythme-là, autant vaudrait ne pas en avoir. En tous cas, on ne pourra pas, cette fois, dire que JKK modifie les règles juste avant la partie.
Reste cependant à savoir si cette manœuvre du SG du PPRD est approuvée par son « patron » ou siBshab, assez nettement « en perte de vitesse » a cherché à rehausser son image en se montrant « plus joséphiste que Joseph ». NdlR)
© CongoForum, le mercredi 13 juin 2012
13 juin 2012
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