(CongoForum)
Les sujets évoqués par la maigre presse congolaise de ce jour sont le retrait de certains militaires rwandais en RDC, la lutte contre l’exploitation illégale du bois (souvent curieusement appelée « braconnage ») en RC, la part prise par le gouvernement dans le combat contre le virus d’Ebola, la mort du Professeur Georges Defour. Si la presse congolaise est maigre, par contre la partie de cette Rp que nous consacrons à la presse internationale a des allures si charnues que l’on peut parler d’obésité. Cela nous force, une fois de plus, à recourir au PDF, en exprimant tous nos regrets aux lecteurs pour lesquels cela posera un problème, du fait de la lenteur de leur connection.
Est et RDC/Rwanda
Le Potentiel écrit « Traque des Fdlr, Rutshuru : des soldats rwandais se retirent sans partir de la Rdc ». James Kabarebe est le premier à faire état de la présence des troupes rwandaises, évoluant au sein d’une force spéciale conjointe avec les Fardc, pour la traque des Fdlr. Selon Radio Okapi , des soldats des RDF et des Fardc se retirent des forces spéciales entre la Rdc et le Rwanda pour traquer les Fdlr à Rutshuru au Nord-Kivu. Selon le confrère, ces forces spéciales du Rwanda et de la Rdc sont déployées depuis février 2011 pour la traque des Fdlr. Et vendredi dernier, dans plusieurs villages du Nord-Kivu, les populations locales ont constaté le départ de ces militaires pour une destination inconnue, note le journal. Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement, n’a pas manqué l’occasion et a déclaré, jeudi 21 juin, que « le problème des FDLR tire ses origines du Rwanda ». «Nous avons difficile à croire que le Rwanda ne soit pas considéré comme partie intégrante des problèmes qui ont surgi dans cette partie de notre pays dans la mesure où le cœur du problème, comme le président Kagame lui-même l’a défini c’est les FDLR. Or les FDLR, ce sont des Rwandais. Par ce fait même, le problème ne peut pas être défini comme congolo-congolais» , a affirmé Lambert Mende. « Le communiqué rwandais annonçant le retrait de ses troupes de la RDC est surprenant , constate RFI , parce que le Rwanda n’était plus censé avoir des troupes en RDC. Des troupes rwandaises sont effectivement entrées en territoire congolais début 2009 pour mener une lutte conjointe avec l’armée congolaise contre les rebelles hutus rwandais FDLR. Visiblement, elles ne s’étaient pas toutes retirées. Cette présence devenait problématique à l’heure où le Rwanda est maintenant accusé de soutenir la mutinerie du M23 entré en guerre contre l’armée congolaise ». (La propagande rwandaise oscille en effet entre deux thèmes : le premier consiste à parler de « problème congolo-congolais» en décrivant le M23 comme un mouvement de mécontentement des soldats « congolais rwandophones » : le second consiste à attribuer tout ce qui va mal, et en particulier les exactions marquées par une brutalité particulière, aux FDLR « génocidaires ». C’est à propos des FDLR aussi que le Rwanda s’en prend à la crédibilité de Steve Hege, coordinateur de l’équipe d’experts de l’ONU qui accuse le Rwanda de « soutenir » le M23. NdlR) Le Potentiel note aussi « Province-Orientale : les Fardc tuent 18 combattants du groupe Morgan à Lulumo ». Il qui dit que des affrontements entre les Fardc et les miliciens proches de Morgan à Lulumo, dans le district d’Ituri, ont fait 18 morts dans les rang des rebelles.
Divers
La Prospérité nous fait savoir « Situation épidémiologique d’Ebola : aucun suspect à Kinshasa !». La fièvre hémorragique virale d’Ebola n’a pas atteint la ville de Kinshasa, même pas la commune urbano-rurale de Maluku, porte d’entrée à partir de l’Est. La dysenterie dont souffraient certains riverains à Maluku n’est pas d’origine virale. Les efforts sont consentis pour que cette épidémie qui sévit dans la province Orientale, singulièrement dans la zone de santé d’Isiro, soit maîtrisée, à en croire notre consoeur. C’est ce qu’a dit le ministre de la Santé publique, Dr. Kabange Numbi. La Prospérité titre aussi « Exploitation illégale du bois congolais : Bavon N’sa Mputu en guerre contre les braconniers ! » Plus question d’exploitation et de commercialisation illégale du bois congolais, ainsi en a décidé le ministre de l’Environnement, M. Bavon N’sa Mputu. Le ministre l’a annoncé devant la presse hier. « Le Père fondateur de l’ISDR/Bukavu n’est plus, Le Professeur Georges DEFOUR s’est éteint à l’âge près de cent ans, son corps sera inhumé à Bukavu » peut-on lire sur le site web du gouvernorat du Nord-Kivu. Très célèbre dans le monde de l’éducation pour avoir fondé l’Institut Supérieur de Développement Rural à Bukavu ISDR, le Révérend Père Georges DEFOUR (pére blanc) s’est éteint en Belgique, le 21 août 2012 à quelques quatre mois avant d’atteindre cent ans âge sur la terre des hommes. Son corps vient d’être rapatrié ce jeudi 30 août 2012 à Bukavu via Bujumbura ou une veillée mortuaire a été organisée par les xaveris Burundais. (A l’intention de nos lecteurs « novices » : Les « Xaveri » sont un mouvement d’Action Catholique de la jeunesse, analogue au « Patro » ou à la « Chirojeugd » belges. Ils sont surtout répandus en RDC, au Rwanda et au Burundi. NdlR)
Presse et documents étrangers
La prolixité de la presse internationale tient surtout à deux événements de la semaine qui vient de s’écouler : l’annonce de la présence de François Hollande au XIV° Sommet de la Francophonie et l’examen par la Commission des Sanctions de l’ONU du différend RDC/Rwanda. La question de la présence de FH au XIV° Sommet de la Francophonie tient avant tout à ce que l’on veut en faire un commentare implicite des élections du 28/11/11. Celles-ci ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Le « boycott » – et, conséquemment la « politique de la chaise vide » – était l’une des options possible. Hollande n’a pas choisi celle-là. La session de l’ONU coïncidait dans le temps avec la visite au Congo et au Rwanda de Didier Reynders. Un ministre en voyage emmène toujours avec lui un certain nombre de journalistes qui ne se font bien sûr pas faute d’interviewer ou de commenter. Le fait que le Rwanda s’en soit pris personnellement au coordinateur des experts de l’ONU a également rajouté un certain « sel » au ragoût. La diaspora n’a de son côté pas manqué de participer au débat sur « l’Internet congolais », sur l’un et l’autre des deux sujets. Pourquoi il faut se rendre, malgré tout, à Kinshasa Mediapart – 26 Août 2012 Pouria Amirshahi , député PS des Français de l’étranger et secrétaire national à la coopération et à la francophonie, enjoint François Hollande à se rendre au sommet de la Francophonie à Kinshasa en octobre prochain pour défendre « les principes de liberté et d’État de droit, donner la parole à la société civile, proposer de partager [un nouveau projet de la francophonie]. Et nous verrons que les opposants, journalistes, artistes, intellectuels, mais aussi la jeunesse congolaise ne prendront pas cela pour une trahison mais au contraire comme un acte solidaire et courageux. » L’ouverture, le 19 juin dernier, du procès en appel des assassins de Floribert Chebaya et de son chauffeur Fidèle Bazana nous rappelle le prix exorbitant que les défenseurs des droits de l’homme congolais ont payé et continuent de payer pour leurs engagements. La figure de Floribert Chebaya reste un exemple pour ses compatriotes engagés dans la lutte pour le changement politique en République Démocratique du Congo, et au-delà, pour tous les citoyens d’Afrique qui vivent sous le régime de la peur et de l’arbitraire. Récemment, des voix ont enjoint le président de la République François Hollande à ne pas se rendre au prochain sommet de la Francophonie, qui se déroulera dans la capitale congolaise, Kinshasa, en octobre prochain. Leur argumentation s’appuie, entre autres raisons, sur l’élection contestée, et effectivement contestable, de Joseph Kabila en novembre 2011, ce qu’ont constaté les observateurs internationaux. Il est possible que le pouvoir congolais actuel attende impatiemment ce sommet pour rasseoir une légitimité qu’il a été incapable d’obtenir régulièrement par les urnes. Dès lors, pour beaucoup, il s’agit de ne pas faire le jeu du pouvoir. Certes. Mais alors ? Comment tendre concrètement la main à la société civile au-delà des seules postures morales décrétées de loin ? Comment parler aux millions de Congolais qui ne se sont pas reconnus dans ce scrutin ? À l’inverse, en cas de présence à Kinshasa, comment briser les convenances diplomatiques et ne pas, de fait, être complice d’un pouvoir jugé liberticide ? La politique de la chaise vide ne changera pas la situation politique en République Démocratique du Congo. Au contraire. Qu’il me soit permis d’affirmer ici qu’isoler certains pays correspond le plus souvent à une absence de politique et n’œuvre en rien pour le bien-être des populations. A contrario, les honneurs maintes fois rendus aux ex-chefs d’État Ben Ali et Moubarak, ont été choquants – rappelons au passage qu’ils n’ont nullement empêché les peuples de faire tomber les régimes de ces pays. Entre ces deux écueils – la seule condamnation de principe et la compromission –, il faut inventer une nouvelle voie. Se rendre à Kinshasa, ce n’est pas donner un blanc-seing à Joseph Kabila. Se rendre à Kinshasa, c’est saisir l’opportunité d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation politique et sécuritaire au Congo. Ce peut être l’occasion de briser l’isolement des militants des droits de l’homme locaux. À cette fin, les autorités françaises doivent dès à présent s’assurer que notre délégation pourra rencontrer librement les acteurs de la société civile, avec pour objectif de tisser et de renforcer nos liens avec elle, car c’est elle qui possède les clefs de l’avenir du pays. Se rendre à Kinshasa c’est aussi, au-delà de la capitale congolaise et de sa société civile si active et vivante, marquer sa solidarité avec le peuple congolais martyrisé par des années de guerre. Une guerre qui n’est pas totalement terminée, à l’Est, avec des menaces sur l’intégrité territoriale de ce grand pays, et une population qui continue à souffrir de déplacements, meurtres, exactions de toutes sortes. Surtout, la présence du président de la République française à Kinshasa ne se placerait pas dans le cadre d’une visite officielle d’État mais dans celui d’un moment dédié à la Francophonie. Cette dimension est capitale. La langue française n’est plus la nôtre, et elle n’est plus, de fait, une langue de domination. Et c’est une bonne nouvelle. Elle est désormais véhiculée et nourrie par de nombreuses cultures francophones, aussi différentes soient-elles. Elle est vécue différemment par les peuples qui la composent : langue nationale au Québec, langue politique en Wallonie, « trésor de guerre » au Maghreb, langue d’émancipation pour de nombreux peuples d’Afrique de l’Ouest et centrale, langue de la République pour les Français, la francophonie est un univers mental riche de représentations. En même temps son ambition repose sur une vertu essentielle : l’égalité de patrimoine, la langue. La langue française peut constituer un outil autant qu’une réponse à de nombreux pays de la planète s’ils décident de s’allier durablement pour organiser un nouvel espace de coopérations économique, culturelle, scientifique et éducative. Il est temps de proposer un nouveau projet de la francophonie à condition que celui-ci ne se confonde pas avec la seule obsession de la grandeur de la France mais incarne une communauté de destin, tournée vers le co-développement et assumée entre plusieurs peuples. Dans ce cadre, des outils nouveaux peuvent constituer autant d’armes démocratiques pour les sociétés civiles d’aujourd’hui et pour les générations de demain. À titre d’exemples : un Passeport économique et culturel de la Francophonie, un Erasmus francophone, un réel espace médiatique francophone… Ne pas se saisir du prochain sommet de la francophonie pour plaider en faveur de ce nouvel horizon commun reviendrait à rater un train essentiel de l’Histoire en marche, à l’heure d’une mondialisation qui démantèle plus qu’elle n’organise. Pour toutes ces raisons, il me semble nécessaire de se rendre à Kinshasa. Pour cela, il faudra éviter deux écueils : celui de la chaise vide d’une part, celui du silence – forcément complice – d’autre part. Et à la condition qu’avec d’autres, la France formule un nouvel horizon francophone, qui se veut aussi un espace citoyen et démocratique. Monsieur le président de la République française, allez à Kinshasa, défendez les principes de liberté et d’État de droit. Donnez la parole à la société civile. Proposez de partager un nouveau rêve commun, celui de la francophonie. Et nous verrons que les opposants, journalistes, artistes, intellectuels, mais aussi la jeunesse congolaise ne prendront pas cela pour une trahison mais au contraire comme un acte solidaire et courageux.
1 septembre 2012
Aujourd'hui dans la presse