Mille têtes !
Kinshasa, le 01/06/2013
par la Prosperité
Mieux, il réfléchira, mieux, il agira. En tout cas, Melchisédech Sikuli a du pain sur la planche, pour dénouer le nœud gordien. Le cas Malumalu est désormais sur sa table. Ce sont les Evêques qui, à l’aune de leur dernière réunion, en ont décidé ainsi. D’un côté, il se disait plutôt préoccupé un peu plus de la situation de ses fidèles, à cause des activités pernicieuses des rebelles qui, selon lui, les prennent en tenaille.
D’un autre, il est tenu de lire correctement le droit canon, avant d’appliquer les décisions à lui recommandées par la CENCO. C’est donc un Evêque de Beni-Butembo pris, lui-même, en étau qui, en âme et conscience, est appelé à se prononcer sur le cas d’un des ses prêtres. Il devra d’abord certainement s’interroger personnellement sur les motivations profondes de l’agitation observée autour du cas sous examen. Puis, il établira un parallélisme entre les fonctions de Malumalu à la tête de la CEI et celles qui sont les siennes aujourd’hui, à la présidence de la CENI, nouvelle formule. Là-dessus, sa tâche ne sera pas facile. Car, en tout état de cause, la relation de cause à effet, pourrait bénéficier raisonnablement d’une dose de bémol, avant de poser le moindre geste. Il devra ensuite, revisiter la raison sociale de l’église en tant que réservoir d’intelligences crédibles auxquelles la nation peut de temps en temps, recourir de façon préférentielle, en cas de difficulté. La nature du sacerdoce des ecclésiastiques, religieux et religieuses ainsi que la mission proprement dite de l’église en tant qu’œuvre conduite par les humains mais surtout, en tant qu’organisation engagée au service du bien-être de ses fidèles, n’en sont pas moins touchées, dans cette analyse du dossier. La situation est corsée, plus que nul n’y pense. Tant que la CENCO a joué à la prudence, en évitant d’excommunier Malumalu, l’on ne voit comment Mgr Sikuli se laisserait prendre au piège, en allant vers des positions extrêmes. A la pire des hypothèses, il se limiterait peut-être à le mettre à l’index des activités de l’église aussi longtemps qu’il demeurera à la tête de la CENI. Quoi de plus normal, pour lui, de prendre une telle décision, pour éloigner momentanément l’actuel Président de la CENI, de son travail habituel. L’on comprend bien que l’église catholique refuse de se mouiller derrière l’aigreur d’une mission risquée, avec l’avalanche de réactions devant résulter des éventuels écueils si, contre toute attente, les élections 2016 en arrivaient à être bâclées, comme ce fut le cas autrefois avec celles des épisodes 2006 et 2011. Comment alors Sikuli s’y prendra autrement, pour respecter la volonté du souverain primaire – via les Députés et le Chef de l’Etat- qui a validé le choix de Malumalu, avant d’être certifié, en définitive, par la Cour Suprême de Justice ? Pas facile du tout. Car, le binôme électeurs-élus demeure une réalité indéniable. Et, pourtant, parmi les électeurs, l’on compte de nombreux fidèles catholiques qui, à un certain moment de l’histoire, s’étaient rendus aux urnes, pour confirmer le mandat en vertu duquel ces Députés, dans leur majorité, au Palais du Peuple, ont avalisé dernièrement l’équipe Malumalu. Peut-il excommunier ce prêtre, sans se mettre sur le dos la responsabilité d’une crise tout à fait nouvelle, entre l’Etat et l’église catholique ? Est-il possible que Sikuli décide d’ôter à Malumalu, sa qualité de prêtre, en l’absence d’une position tranchée de Rome ? Voilà autant d’équations à mille têtes auxquelles ce prélat de Beni-Butembo est exposé.
LPM











1 juillet 2013
Au fil des jours