LE DIALOGUE NATIONAL : UN JEU DE CACHE-CACHE SUR FOND DES AMBITIONS ET ILLUSIONS DES UNS ET DES AUTRES
———————————————————————
Les feux rouges de la mémoire
Les Concertations nationales au format de « Joseph Kabila », c’est du déjà vu, c’est du déjà entendu, c’est du déjà rejeté.
Partout où il a été question de permettre au Peuple de « discuter », « dialoguer », « échanger » sur la manière dont la République est gérée, le comportement des dirigeants affectés, pour la plupart, de virus du pourvoir, s’est avéré le même.
Lorsque l’ouragan de l’Histoire fait sonner le glas des dictatures en Afrique au début des années 1990, le maréchal Mobutu croit devoir et pouvoir y résister.
A l’exigence unanime du Peuple zaïrois pour la tenue d’une Conférence nationale souveraine, le président-fondateur du Mpr Parti Etat, esclave de son rêve de mourir au pouvoir, crée ce qu’il a bien voulu, lui, appeler « Concertations populaires » dont il se confie lui-même, la charge de définir l’organisation et le fonctionnement, mais aussi et surtout d’en assurer le suivi à travers ses propres rouages et hommes de main.
En véritable juge et partie, il en tire des conclusions contraires aux avis et considérations unanimes des Zaïrois, lesquels recommandent sa démission pure et simple.
Sa tricherie de trop, lui coûte cher. Ainsi, vient de s’écrouler définitivement, la fragile passerelle de confiance qui résistait encore, entre lui et les Zaïrois qui, pourtant, meurtris et appauvris à outrance par son système de gestion, avaient participé massivement à sa machiavélique démarche.
Lorsque, par son Ordonnance n°091-10 du 06 mars 1991, le dictateur institue la Conférence constitutionnelle dont la mission consiste à déterminer les options fondamentales sur l’organisation politique de la IIIème République, et élaborer un projet de constitution à soumettre au referendum, toute la communauté nationale et internationale se lève comme un seul homme pour rejeter le format des assises qu’il propose.
L’opposition et la société civile, crédibles et très actives à l’époque, insistent sur le caractère souverain de la Conférence nationale. Les pressions internes et externes sont tellement fortes qu’il suffit d’un petit mois pour que Mobutu revoie sa copie.
Un acte constitutif 097 portant création et composition de la Conférence nationale intervient le 11 avril 1991, lequel ne contient qu’un article unique modifiant et complétant les articles 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 10 de l’Ordonnance 091-010 du 06 mars 1991.
La Conférence nationale ainsi créée, est chargée de « discuter de toutes les questions d’intérêt national en vue de la démocratisation des options fondamentales de la Troisième République, élaborer un projet de constitution à soumettre au referendum et déterminer le contenu de la loi électorale et élaborer un calendrier électoral ».
Contraint à reculer, et en dépit de sa peur bleue de voir la Conférence nationale se transformer en un tribunal populaire ou en une cour de règlement des comptes, le maréchal spécifie, à l’article 2 –modifié- de son texte de loi, que la Conférence statuerait « souverainement » ; qu’elle serait précédée par une commission préparatoire chargée de l’organisation matérielle des assises ainsi que de l’élaboration des projets de règlement intérieur et d’ordre du jour à soumettre à l’approbation de l’Assemblée plénière ; que ses décisions seraient exécutoires ; et qu’un comité de suivi serait élu pour s’assurer de l’exécution de ses décisions.
Contre vents et marrais, le dictateur venait de subir, à son tour, la loi du Peuple qui dressait justement, tous ces préalables pour sa participation.
Parlant de contexte, il est vrai qu’un concours de circonstances avait favorisé une telle amplification des faits, notamment la fameuse perestroïka de Gorbatchev suivie de l’exécution spectaculaire du président roumain Ceausescu, la tenue d’une série de Conférences nationales au Niger, Benin, Côte d’Ivoire, Gabon et surtout au Congo Brazzaville voisin, où le chef de l’Etat Sassou Ngwesso est poussé à la démission ; le renoncement du premier ministre Lunda Bululu qui avoue l’échec de son action ; les jeux d’argent Bindo, Madova et Nguma qui démunissent la population, provoquant sa colère explosive transformée en émeutes dans les camps militaires et sites universitaires ; le controversé massacre des étudiants de Lubumbashi ; les révélations du distingué quotidien Kinois « Umoja » sur l’existence de la loge secrète « Prima Curia » composée de hauts responsables du MPR-Parti Etat, un pacte de sang pour sauvegarder le système Mobutu et ses bénéficiaires à tout prix ; l’expiration du mandat septennal du maréchal au 05 décembre 1990 ; la promulgation de la loi consacrant le multipartisme intégral, relative à l’organisation et au financement des partis politiques, laquelle permet la création des nombreux partis politiques acquis au changement…
Si le maréchal Mobutu avait du ajuster son Ordonnance créant la Conférence constitutionnelle avant le démarrage de la Conférence nationale, le renversement des rapports de force, lui, s’est produit plutôt au fil des travaux jusqu’à imposer à la dictature, la « souveraineté » des assises ainsi que le caractère « exécutoire et opposable à tous » des résolutions et recommandations y afférentes.
En fait, l’adoption, par l’Assemblée plénière, en date du 05 mai 1992, de l’Acte fondamental proclamant la souveraineté de la Conférence nationale, permet de déplier la gamme des conjonctures dans lesquelles, par la suite, le vent de la Conférence nationale souveraine a soufflé sur les hauteurs d’un régime vomi de toutes parts.
Il s’agit, entre autres, des accords du Palais de Marbre qui décrètent le principe d’un Premier Ministre issu de l’opposition permettant à Nguz a Karl-i-bond de devenir Premier Ministre ; l’élection du Bureau de la Conférence présidé par le vertébré Archevêque de Kisangani, Monseigneur Laurent Monsengwo Pasinya ; l’insécurité généralisée ; les pillages ; le bombardement des résidences des opposants et des imprimeries, doublé de répression à l’encontre de la presse écrite…
La suite est également connue, à savoir la suspension des travaux de la Conférence nationale souveraine par le gouvernement de Nguz ; la mobilisation de l’opposition, la société civile et la population pour la reprise desdits travaux ; la marche des chrétiens, à cet effet, réprimée dans le sang avec plus d’une trentaine de morts ; la persécution des Kasaïens au Katanga ; la série de nominations et élections des Premiers ministres dont le prototype, Kengo wa Dondo issu d’un autre hold-up dénommé « Troisième voie », paradoxalement soutenu par Mgr Monsengwo, lui-même destitué en juin 1995…
Le contexte : Un parallélisme parfait
Nous avons tenu à rappeler toutes ces péripéties de triste mémoire pour démontrer combien le contexte de l’époque, à quelque nuances près, se retrouve être le même que celui dans lequel la Rd-Congo est plongée aujourd’hui.
En effet, les Congolais sont confrontés à une autre crise, aussi profonde, multiforme et persistante que celle des années quatre-vingt-dix, parce que caractérisée par les mêmes maux et autres fléaux définis à la Cns, tels que la paupérisation de la population, le ravalement et l’inversion des valeurs morales et spirituelles, l’arbitraire, l’impunité, la corruption, le népotisme, le tribalisme, la dislocation de l’appareil sanitaire, l’effondrement du système éducatif, la confiscation des libertés individuelles et collectives, le détournement de deniers publics, la spoliation des biens privés, l’impunité, l’incivisme et l’anarchie.
Se sont même ajoutés sur cette liste non exhaustive, l’imposture et la haute trahison au sommet de l’Etat, la prédation, le pillage des ressources naturelles, l’occupation et la menace de balkanisation.
Le même décor ainsi planté, sans issue de secours, entraîne des situations et comportements similaires dans le chef des acteurs nationaux et internationaux, lesquels se traduisent par un blocage net de toute la Nation dont le destin est frictionné aujourd’hui, plus qu’hier.
Voilà, comment l’Ordonnance n°13/078 du 26 juin 2013 portant création, organisation et fonctionnement des Concertations nationales, apparait comme une copie conforme de l’Ordonnance 091-10 du 06 mars 1991 portant création et composition de la Conférence constitutionnelle.
Deux entêtements, deux aveuglements, deux Ordonnances qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
On se rend compte que les deux Ordonnances ont été conçues par les mêmes cerveaux dévoyés, dans les mêmes conditions d’intelligence politique, pour alimenter l’illusion de pouvoir contourner le mur de la résistance qui, pourtant, s’est fortement érigé dans les esprits des Congolais/Zaïrois.
En recourant aux mêmes fourvoiements, les officines du pouvoir actuel, ont suffisamment prouvé leurs limites parce qu’incapables de fournir le moindre effort d’innovation et d’adéquation par rapport aux suppliques en faveur d’un résultat contraire à celui de l’époque.
En s’amusant à plagier tout ce que le maréchal et ses services adoptaient comme postures face aux mêmes événements, le laboratoire de « Joseph Kabila », censé en imaginer les effets, conduit le pays aux mêmes chimériques culs-de-sac dont l’issue est plutôt un asservissement social qu’une démocratie salutaire. A la différence qu’aujourd’hui, les contrecoups seront plus préjudiciables pour l’ensemble du pays.
En tant que mécanisme de recherche de solution aux problèmes qui se posent avec acuité à notre chère Patrie, le Dialogue national ou les Concertations nationales exigent une préparation conséquente devant tenir compte de tous les paramètres susceptibles de garantir le bon déroulement et la meilleure issue des assises.
Il est normal que l’humanité entière se sente offusquée de lire l’Ordonnance créant les Concertations nationales, laquelle crache sur les fondamentaux en pareilles circonstances, en ce qui concerne la neutralité de la médiation pour éviter d’être ridiculement juge et partie à la fois, la composition équilibrée des représentations, le rationnel de l’ordre du jour, le caractère exécutoire et opposable à tous, des résolutions, et enfin, la crédibilité du pouvoir de suivi.
Dans la mesure où, à l’instar de Mobutu, « Joseph Kabila » a commencé par faire fi de tous ces impératifs élémentaires, il éloigne la solution recherchée à la véritable crise, la nôtre, en tant que problème, lequel a une cause, c’est-à-dire le pourquoi profond de la crise ; lequel a aussi un dénouement à travers les objectifs poursuivis parmi lesquels, cette cohésion nationale dont la proclamation ne suffira pas non plus, à elle seule, sans un mécanisme de suivi approprié.
Dans la mesure où, également, le Dialogue national ou les Concertations nationales doivent absolument aboutir à des réajustements politiques et institutionnels tel qu’envisagé par l’Accord cadre d’Addis Abeba et la Résolution 2098, comment prétendre y arriver avec le format proposé par un pouvoir en place, si contesté, lequel -format- est jugé par Mary Robinson de « pas assez inclusif et crédible » pour garantir « de bonnes consultations devant servir à consolider l’unité nationale et mettre fin aux cycles de violence dans l’Est du pays » ?
Que faire ?
Devant la même incapacité notoire des institutions, d’apporter des solutions à la crise, s’imposent naturellement, cette même nécessité absolue, cette même extrême urgence et cette même volonté inébranlable d’analyser sans complaisance, les causes des revers accumulés en vue de trouver, enfin, dans un esprit de dialogue de franchise, de correction et de réconciliation, les voies et moyens propres à relever le défi et à jeter les bases d’un Etat de droit pouvant garantir un développement total et harmonieux de la Nation.
Au regard des forces et intérêts en présence, tout rêve est interdit. Les Congolais doivent se débarrasser des moindres égarements. Le jeu de la souris pratiqué par la communauté internationale ne nous permet pas d’attendre de la Monusco ni de la Brigade d’intervention, des miracles jamais opérés en Somalie, au Soudan ou ailleurs.
Les schémas, déjà tracés au niveau des grandes puissances de ce monde, et dont certaines forces occultes sont chargées d’exécuter, ne doivent plus nous surprendre. Nous suivons tout aussi intelligemment, leur regard projeté du miroir de la diversion à travers la Résolution 2098, l’Accord cadre et la présence des forces internationales dont la mission demeure inexplorée.
Il sera donc, impérieux, dans ce cadre, et à l’instar de la Conférence nationale souveraine, que le Dialogue national ou les Concertations nationales à tenir, se définissent comme une initiative et une Assemblée du Peuple constituée des Forces vives de la Nation et non l’affaire d’un individu ou groupe d’individus qui se placerait au-dessus du Peuple et se soustrairait à ses décisions.
Il s’avèrera aussi essentiel, de lier l’ensemble des institutions du pays aux décisions d’un tel rassemblement. Et ceux qui dirigent si mal le pays aujourd’hui, n’ont pas à avoir peur d’un forum transparent et souverain, lequel devra se tenir coûte que coûte, parce que les participants veilleront à définir une sorte de compromis politique global susceptible de permettre une nouvelle transition pacifique pour l’intérêt supérieur de la Nation.
Pour cela, devront être discutées sans complaisance, en plus des questions liées directement à la guerre, celles relatives à la neutralité de la transition, au respect des droits de l’homme, au contrôle et à la sanction à tous les niveaux, de la gestion de l’Etat, aux garanties nécessaires à l’autonomie de chaque institution dans l’exercice de ses pouvoirs, à l’esprit de collaboration entre institutions et organes dirigeants, à la responsabilisation du gouvernement dans la gestion de la chose publique dont il rend effectivement compte à la Nation à travers un organe législatif crédible, à la redéfinition de la Défense nationale et des relations extérieures…, en tant que domaines de collaboration prioritaires entre les plus hautes instances du pays, aux réformes d’une armée infiltrée et détruite en la dotant de toutes les capacités d’assurer la souveraineté et l’intégralité du territoire national ainsi que la protection des citoyens et de leurs biens.
Les nouveaux objectifs de la transition seront également définis en termes d’en garantir le suivi et l’exécution, contrairement au Dialogue inter congolais de Sun City dont les Résolutions et Recommandations sont restées lettre morte en terme d’exécution, les principes fondamentaux de l’Accord global et inclusif de Pretoria ayant été systématiquement enfreints par le président « Joseph Kabila », resté seul maître à bord.
J’anticipe certainement… Voici pourquoi :
Les illusions et surprises à répétition
L’arrogante « majorité » se croit capable de marcher sur une opposition réputée divisée et corrompue. Elle s’imagine qu’elle se permettra une promenade de santé dans une rencontre qu’elle saura contrôler de bout en bout. Tandis que certains « opposants » ne cessent de duper le Peuple en proclamant haut et fort, que le Dialogue national ou les Concertations nationales ne visent pas le partage de pouvoir alors qu’ils sont en contact avec la même « majorité » pour préparer un gouvernement de transition ou d’union nationale. Ils affirment même, pinces sans rire, qu’ils ne feront pas partie d’un gouvernement issu de ces assises.
Quant à l’opposition radicale, elle hésite encore à déployer courageusement en aval, le véritable problème « d’homme à la tête du pays », qui se pose à la République, au risque même de subir la loi d’une nouvelle « Troisième voie » en gestation.
Au moment où, pour ses intérêts partisans, et donc à tort, cette « majorité » déclare rejeter tout schéma qui conduirait à une révision constitutionnelle, laquelle remettrait en question la légitimité des institutions controversées en place, l’opposition s’engage, elle, à raison, à exclure toute possibilité de révision de l’article 220 verrouillé de la même Constitution.
D’utopiques impasses politiques à d’utopiques impasses politiques.
Le schéma en vue et ses conséquences
Et pourtant, lorsqu’on sait que le départ de « Joseph Kabila », qui devrait être, en principe, la solution fondamentale à la crise congolaise aujourd’hui, ne figure pas sur l’agenda de l’opposition et encore moins, dans celui de l’omnipotente communauté internationale, il y a lieu de déduire que c’est l’herbe qui paiera les frais de cette confrontation entre deux composantes principales du Dialogue en vue.
L’herbe, ici, c’est la Rd-Congo et les pauvres Congolais qui seront bientôt livrés, une fois de plus, aux incohérences et autres casses du scenario standard qu’imposent généralement les puissances occidentales dans pareilles circonstances.
Ces dernières dicteront encore leur slogan de « ni vainqueur ni vaincu » pour « privilégier une solution politique » en l’absence d’une solution militaire. Elles entonneront l’autre rengaine en proclamant perfidement, que « la crise politique ne doit pas se résoudre contre la majorité ni contre l’opposition » dans sa diversité, « ni au détriment de la paix et de l’intérêt supérieur de la nation ».
Certes, les mots sonnent peut-être mal dans les oreilles des Congolais, victimes de telles approches. Mais, au regard de ce qui précède, le célèbre « partage du pouvoir » va devoir, une fois de plus, conclure les débats dans le sens de répartition des responsabilités entre composantes dans une certaine équité et/ou équilibre politique et sociologique approprié.
Le Dialogue national ou les Concertations nationales affirmeront alors, que la cohabitation des différentes forces vives de la Nation au sein du gouvernement, comme l’intégration des éléments des groupes armés, l’instrument rwandais M23 y compris, dans les institutions et au sein de l’armée, est conçue dans une optique plutôt de pacification, de solidarité et de complémentarité que de contrainte.
Dans un style aussi standard, le document final des assises recommandera que les rapports à s’entretenir entre les différents acteurs de la gestion de la chose publique, soient ceux de courtoisie et de respect mutuel.
La présence pressentie du président Denis Sassou Ngwesso à la médiation, arrangée par la même Communauté internationale, permet de comprendre que la poire sera coupée en trois (pouvoir, opposition et groupes armés), si pas à cinq (y ajouter la diaspora et la société civile) dans un schéma proche à celui de Centrafrique où son rôle a été déterminant.
L’inconnue, susceptible de modifier légèrement, le tableau ci-haut, demeure la réponse finale attendue de l’Udps dont le lider maximo Etienne Tshisekedi rejette jusqu’à ce jour, toute offre contraire à son élection comme président de la République.
La grande question à se poser à ce niveau, est celle de savoir la suite des événements par rapport à un tel amalgame qui, assurément, nous fait tourner en rond parce qu’il nous éloigne encore et toujours davantage, d’une solution durable à la crise.
Conclusion
Si, contrairement à Bozize, « Joseph Kabila » roule pour un tel schéma qui les arrange, lui et son réseau d’occupation, tout en condamnant la Nation congolaise à demeurer otage des mêmes puissances prédatrices, instigatrices de la balkanisation du pays, « Joseph Kabila » n’inventera pas la roue en matière de Dialogue.
Dans les heures qui suivent, il va revisiter son Ordonnance pour l’adapter, à sa manière, aux sifflements de l’ouragan de l’Histoire. C’est le prix à payer lorsqu’un travail est mal fait au niveau de ceux qui lui ont fait signer pareil chiffon tout en sachant qu’il serait attaqué avec virulence et donc sujet à modification.
Il est évident que le Chef lui-même, n’était pas encore né au moment où les Congolais ont commencé à dire non à la servitude volontaire. Mais, un Chef est censé s’informer, s’instruire et s’ajuster pour être réellement au-dessus de la mêlée.
A l’allure où vont les choses, je doute fort que la réaction de l’ensemble de l’opposition dans sa diversité, va rester constante dans son refus de cautionner la tenue d’un Dialogue national/Concertations nationales du statu quo.
Prosper NDUME PELE Nzogu
Président National du Msd
2. Dialogue, négociations, concertations en RDC
8 Aug
Ces assises sont souhaitées selon l’entendement et les objectifs de ceux qui soutiennent leur tenue. Pour les pseudos opposants, les politiciens affairistes et apatrides infiltrés dans la classe politique congolaise, les concertations constituent une opportunité pour offrir à Kabila la légitimité sociopolitique qui lui fait défaut en échange de quelques concessions de postes et parcelles de pouvoir.
Les chantres de la majorité Kabiliste claironnent sur une occasion de permettre à la nation une voie de construire la cohésion populaire pour faire face à l’agression militaire dont l’Est de la RDC est victime par les rebellions rwandaises : RCD, CNDP, M23 et autres milices inféodés.
La communauté internationale, par l’accord signé en février 2013 en Ethiopie, et une résolution de l’ONU, voudrait baliser le retour à la vie politique, économique, sociale, sécuritaire et diplomatique normale en RDC.
En appelant le peuple et la classe politique en opposition à construire la cohésion nationale, la majorité Kabiliste devrait expliquer le bien fondé de ce cri de détresse étant donné que les institutions politiques en place sont issues des élections de 2006 et de 2011 qu’elle prétend avoir remportées. La sommation de l’électorat du chef de la Majorité et de ses 300 députés ; des gouverneurs de provinces, des président des Assemblées provinciales, des députés provinciaux et des administrateurs de territoires ; aurait pu offrir à la majorité une base sociopolitique homogène ou d’intérêt nécessaire pour constituer une cohésion politique autour de leurs actions.
Pour répondre à la majorité au pouvoir, la question à ce nouveau tournant historique de la RDC, serait de savoir qu’est-ce qui a rompu la cohésion nationale que celle-ci appelle à reconstruire. La fracture entre les dirigeants au pouvoir et la population devrait être l’objet focal de ces assises, car l’origine des guerres de l’Est est connue de tout congolais. Il s’agit d’un complot ourdi par les sociétés multinationales pour avoir la prédation des richesses congolaises, ayant comme complices sous regionaux : Kagame, Kabila et Museveni.
La lecture de l’histoire politique de la RDC permet de rappeler à l’opinion nationale et de ceux qui seront appelés à jouer le rôle médiateur dans ce dialogue demandé par l’ONU, que la problématique de la cohésion nationale, de l’adhésion populaire ou de la volonté populaire en RDC, est constituée de frustrations dues à l’obstruction aux aspirations populaires dont les racines remontent à l’époque coloniale.
Jamais les populations congolaises ont été administrées par les dirigeants de leur choix ou ont pu faire entendre leurs aspirations profondes et bénéficier des richesses dont leur pays est doté. Tout leur est imposé, leurs victoires politiques sont tournées en dérision. De ces frustrations naissent leur indifférence vis à vis des imposteurs criminels économiques et politiques qui leurs sont imposés, et leur appui à tout ce qui fait échec à ce dernier.
En effet, au cours de la période coloniale, les populations autochtones ont assisté impuissantes aux violences multiformes jusqu’aux humiliations en public de leurs souverains. Ce régime d’intrus étrangers et pillards sauvages ne pouvait jouir de l’adhésion populaire.
En 1960, un dirigeant est sorti de la volonté populaire : Patrice Emery LUMUMBA. La joie de ses électeurs a été de courte durée, car assassiné par les Forces nostalgiques et impérialistes. La frustration populaire a été immense, les espoirs d’émancipation étouffés. Il s’est suivi 32 ans de dictature barbare par le Maréchal MOBUTU imposé par la cia et les services de renseignement belges, un orphelin de père tchadien et de mère centrafricaine, mais selon les déclarations à la CNS, élevé par une congolaise du nom de Mama Yemo, davantage redouté pour son regime de terreur sur la population que aimé. Les pillages de 1991 et l’accueil réservé aux kadogo de l’AFDL ont éclaté au grand jour l’ampleur de l’animosité envers son règne, qui couvait depuis longtemps.
En 1992, la population à travers la conférence nationale souveraine (CNS), a porté son dévolu sur Etienne TSHISEKEDI pour recouvrer sa dignité et laver l’affront du régime de MOBUTU. Une fois de plus, les espoirs du peuple ont été étouffés par les forces impérialistes et prédatrices au secours de MOBUTU.
Les frustrations populaires de cet épisode ont porté au pouvoir, Laurent Désiré KABILA, le soldat du peuple, lui aussi assassiné laissant les populations dans l’amertume.
Les élections de 2006 et 2011 ont connu le triomphe respectif de Jean Pierre BEMBA Igué et de Etienne TSHISEKEDI. Hélas l’un est en prison en Hollande et l’autre en résidence surveillée à Kinshasa. Le pouvoir issu de ces élections attribué à Kabila par Louis Michel, Swing et la Droite française comptant sur ses limites intellectuelles et son ignorance de l’histoire de la RDC et de ses affaires publiques, pour se garantir de la main mise sur le pays, est exercé par défi avec l’appui des complices internes qui ne défendent pas les intérêts politiques et économiques de la population congolaise. L’apathie envers les animateurs du présent pouvoir, du reste affublés de pseudonymes moqueurs, n’est pas à démontrer et n’a de commune mesure que le rejet, bref l’absence de cohésion nationale
Ce parcours historique ressort les causes de l’indifférence « absence de cohésion nationale » pacifiquement manifestée par les populations congolaises vis-à-vis de ceux qui se targuent de la puissance de les gouverner par défi, donc sans légitimité. Cette même attitude vise aussi les occidentaux qui jouent toujours un rôle négatif contre la population congolaise. La faiblesse dans l’administration de la RDC est devenue une bombe sur les têtes des occidentaux que leurs gouvernements mettront longtemps à désamorcer (immigration clandestine, Chine, circulation incontrôlée des métaux dangereux au profit des groupes maffieux et terroristes et pays ennemis, carrefour du trafic des drogues, blanchiment des capitaux, etc..).
La grande singularité du régime kabila est qu’il n’est animé par aucune idée-force et hommes à même de galvaniser l’enthousiasme de la population. Le slogan des 5 chantiers et de modernité est considéré comme une diversion sur les enjeux de balkanisation du pays et une voie supplémentaire pour voler.
L’opinion congolaise dans son ensemble est informée par les médias étrangers et autres témoignages que Kabila est ruandolïde ou tout simplement un authentique tutsi ruandais, ancien agent de renseignement de l’armée rwandaise ( APR), après de petits boulots en Tanzanie. Depuis 1994, ses compatriotes ruandais ont massacré plus de 5 millions d’innocents congolais, continuent cette œuvre macabre sous le CNDP, le M23 : comme des forcenés ils violent des bébés et des vieilles femmes, détruisent les infrastructures économiques, et pillent les richesses nationales au profit de leur d’origine : le Ruanda.
Plus grave encore, Kabila est cité dans le soutien des agresseurs, la trahison de l’armée nationale et les assassinats de nombreux cadres congolais dont les officiers supérieurs militaires ; sans compter les privations et violations des droits humains dont son régime est accusé par les organisations internationales. Les autres peuples d’Afrique et Présidents étrangers (DIMA ROUSSEF du Brésil) sont choqués du rôle qu’il joue contre la RDC et de l’inattention des congolais face au danger qui menace leur pays. Il lui est imputé la désorganisation de l’armée, la création et le ravitaillement des groupes rebelles dont le M23, l’infiltration de l’armée et les services de renseignement par les officiers ruandais, la promotion du conflit entre les intérêts occidentaux et ceux de la coalition chine-Russie, le trafic de l’uranium aux groupes terroristes arabes et pays ennemis de nos alliés, le bradage du patrimoine et intérêts économiques congolais, l’entretien de la guerre à l’Est, la collaboration à l’épuration des populations du Kivu dont les espaces sont repeuplés de ruandais dits refugiés congolais,etc.
Ce réquisitoire basé sur des faits dénoncé par les rapports internationaux étale la haute trahison de Kabila, et démontre la déraison et l’impossibilité d’une cohésion nationale autour du régime en place. Car aux frustrations politiques dues à la contestation de la légitimité s’ajoute le sentiment général d’humiliation et de subir un régime de domination de type Léopold II.
La réponse à la question de trouver la voie de restaurer la cohésion nationale et de mobiliser la population en faveur de l’action politique des institutions politiques passe par ce que le Cardinal Monsengwo a qualifié de « vérité des urnes » et « d’éviction du pouvoir d’occupation » prônée par Honoré Ngbanda Zamboko, qui constituent l’intime conviction de la population à la veille de ce dialogue.
Le peuple se mettra derrière la personne qu’elle a élue. Tout entêtement est suicidaire. Le pays est en danger. La RDC doit jouer son rôle moteur dans le développement de l’Afrique. La résolution d’une crise multiforme aussi profonde se réalise par la Révolution ou le bannissement du règne politique qui en est responsable. Pour ces raisons, profitant du cadre de Dialogue voulu par la communauté internationale, l’ordre du jour de ces assises devra comprendre entre autres les points principaux suivants :
1) La destitution de Kabila et la récupération sans condition du pouvoir d’Etat de mains de ceux qui veulent l’exercer contre la volonté de la population congolaise,
2) L’interpellation et l’exhortation de tous les apatrides vivant en RDC pour cesser de jouer aux espions et de s’ingérer dans les affaires politiques du pays. La RDC est un pays hospitalier, ils peuvent faire fortune à leur guise, mais travailler loyalement comme le font les juifs à travers le monde dans leurs pays d’accueil,
3) La Suspension de la Constitution actuelle qui a été taillée par les belges sur la personne et la personnalité de Kabila, en vue de réaliser le plan funeste de balkanisation de la RDC,
4) La mise en congé des gouverneurs, des ’Assemblées provinciales et du Sénat ; leur mandature ayant longtemps expirée,
5) La dissolution de l’Assemblée nationale issue de la fraude électorale de 2011, et la mise en place d’une Assemblée provisoire sur une base paritaire société civile et classe politique.
Les autres matières comme la reforme de la CNI, la gouvernance économique et politique, la cohabitation et l’exploitation minière aux frontières, le social, la sécurité, la reforme de l’armée et des services de renseignement y compris l’administration publique, les contrats léonins, seront traités par la nouvelle assemblée nationale légitime et le nouveau gouvernement qui en sera l’émanation.
Eu égard à cet agenda et face à la gravité de la situation et des enjeux, l’Eglise catholique et l’UDPS qui est l’unique Parti politique disposant d’une base démographique et idéologique effective et opérationnelle dans toutes les provinces, ont l’obligation de prendre une part active à ces assises voulues par la communauté internationale.
Jean Kondolo Mudia Mukuta
3. S’ATTAQUER AUX CAUSES PROFONDES DE LA GUERRE
Interview à Mr. Thomas d’Aquin Mbiti, Président de la Société Civile Nord-Kivu.
Goma, le 10 juillet 2013.
La Société civile du Nord Kivu, s’exprime, par son Président Mr. Thomas d’Aquin Muiti, accompagné par son Rapporteur général, Mr. Negura Bary Bonaventure.
(NB : les déclarations en rouge n’engagent que l’auteur.)
Mot de remerciement
D’abord je vous remercie pour ce que fait le réseau que vous représentez et nous sommes reconnaissants au réseau de vous avoir déployée ici à l’Est pour comprendre et goûter ce qui se passe. Puisque quand vous êtes en Italie il peut y avoir des informations qui vous font croire que dans cette partie de la RD Congo il n’y a plus personne qui vive. Le fait de prendre le courage et de venir passer la nuit à Goma aujourd’hui, pendant qu’on est en train de parler d’une éventuelle attaque dans les quelques heures, signifie que vous avez à coeur la population qui continue à croupir dans la misère. Pour cela nous, Société civile, nous qui sommes la bouche de cette population meurtrie, nous sommes dans l’obligation de dire grand merci. Transmettez notre reconnaissance aux Italiens : nous savons ce que fait l’Italie pour notre pays.
1. QUATORZE MOIS AVEC LE M23
Qui compose le M23 ?
Le M23 comporte les mêmes acteurs qui ont commencé la guerre depuis 1993 ; donc, jusqu’à mars 2013, nous avons totalisé vingt ans de guerre ici à l’Est. Cette guerre du M23 est menée par les mêmes acteurs qui ne changent que de casquette et de blouse : avant c’était le CNDP, avant-hier c’étaient les Mutebusi au Sud-Kivu, par ailleurs c’était le RCD… Le M23, c’est le Rwanda dans ses intérêts économiques..
Qui n’a pas respecté les accords ?
Je vais parler de ce que nous venons de traverser pendant plus ou moins quatorze mois, avec la présence du M23. Le M23 a commencé cette défection en disant qu’il veut revendiquer un accord qui n’a pas été exécuté par la partie gouvernementale, l’accord du 23 mars 2009. Malheureusement, lors des pourparlers de Kampala, en évaluant cet accord on a compris que c’est plutôt le CNDP qui n’a pas respecté la close qui stipulait qu’il ne pourrait plus jamais recourir aux armes pour une quelconque revendication, qu’elle soit politique ou militaire : toute revendication devait se faire de manière politique, pacifique. Chose qui n’a pas été faite. Alors que la partie gouvernementale avait respecté à plus de 75% les obligations qui étaient les siennes.
Une catastrophe pour la population
Pour nous, en tant que population, depuis le déclanchement de la guerre par le M23 c’est le chaos, la catastrophe. Dans l’entité sous contrôle du M23, des milliers de femmes sont violées; il y a eu des enlèvements, des tueries, le recrutement forcé de jeunes et d’enfants, les chefs coutumiers sont menacés – par exemple le chef de la chefferie de Bwisha à Rutshuru est déplacé – ; la population a été contrainte de traverser les frontières : aujourd’hui les camps des déplacés, les camps des réfugiés en Ouganda sont pleins de population venue de Rutshuru ; les camps de Kanyarucinya et de Mugunga, ici au niveau de la ville de Goma c’est la population venue des zones sous contrôle du M23. Chaque jour il y a des tueries dans la ville de Goma et sur les axes routiers Goma-Rutshuru-Kanyabayonga.
Tout pasteur, tout chef de localité qui n’arrive pas à obéir aux ordres du M23 est tué ; à un chef de localité on a lié la langue avec une corde et on l’a tiré pour lui dire : continue à parler !, jusqu’à ce qu’il a émis le dernier souffle. Et aujourd’hui, avec le M23, on est dans une situation telle que jamais vécue au monde.
Dans les quatorze mois du M23 la population de Rutshuru vient de vivre une situation qui dépasse les vingt ans de guerre, puisque elle vit dans un esclavage total. Les écoles ne fonctionnent plus : que deviennent ces enfants qui ne sont pas scolarisés pendant quatorze mois ? Ils sont dans des camps de réfugiés, de déplacés : ils deviennent une bombe à retardement dans les jours qui viennent. Tout cela nous pensons que c’est une catastrophe que le M23 est en train d’infliger à la population.
2. TOUTE UNE PROVINCE DESTABILISEE
A Rutshuru, Nyiragongo, Goma, une situation indescriptible
C’est ainsi que nous vivons aujourd’hui une situation indescriptible, très grave. Au niveau de Rutshuru, Nyiragongo et Goma, il y a des familles de dix personnes qui vivent avec un dollar par jour, et pour trouver ce dollar, le papa et la maman partent faire le transport des bagages dans les marchés ; le soir chacun amène ce qu’il a récolté pour chercher ce que nous appelons le « murongo », un gobelet en plastique utilisé pour l’achat de la farine, avec quelques petits poissons et un peu de braise pour faire la cuisine.
Quand vous arrivez dans les marchés, vous voyez comment ces membres de familles se disputent les bagages. C’est comme une faveur transporter un bagage ; et quand une personne n’est pas enregistrée dans ce marché, les autres membres transporteurs la tabassent pour qu’elle ne leur arrache pas le travail. C’est la catastrophe.
Dans la partie Walikale aussi
Dans le reste de la province c’est aussi la catastrophe. Le M23 a crée des alliances. Par exemple, dans le territoire de Walikale, il utilise un groupe armé qu’on appelle les « Nduma defense of Congo », NDC, dirigé par un civil autoproclamé général, qui s’appelle Cheka. Les gens pensent à un sobriquet, mais Cheka, en réalité Shekarima, c’est un nom nyanga. Avant d’être très actif, Cheka a commencé par des voyages au Rwanda, où il a bénéficié d’argent et d’armes et de munitions, pour « traquer les FDLR », l’armée des Hutu rwandais réfugiés à l’Est de la RD Congo. La traque des FDLR, considérés ennemis et génocidaires, est en effet l’argument le plus avancé par le Rwanda pour justifier ce qu’il fait à l’Est de la RD Congo.
Cheka a donc commencé comme quelqu’un qui fait la guerre contre les FDLR et il est l’allié du M23, qui déclare avoir le même objectif de poursuivre les FDLR puisque les FARDC ne sont pas capables de le faire. Cheka opprime la population à Walikale, vient de faire détruire la cité de Mpinga, a été l’auteur d’un viol systématique de plus de 300 femmes à Luvungi. Non loin d’hier, il a attaqué toutes les positions des FARDC à partir de Mbofi jusqu’à Kipua. On parle de plus de vingt militaires FARDC tués ; cela signifie que la population civile doit être dans une situation catastrophique. Les armes et les munitions de guerre que Cheka utilise proviennent du M23, qui les reçoit du Rwanda.
Dans la partie Béni
Dans la partie Béni, à l’autre extrême de la Province, le M23 collabore avec certains officiers qui ont fait défections : par exemple le fameux général autoproclamé qu’on appelle Hilaire Kombi, qui était officier de l’armée congolaise, mais qui a fait défection et qui entretient une situation catastrophique en territoire de Béni. Jusqu’en avril dernier nous avons dénombré plus de 580 personnes enlevées à destination inconnue. Les trois prêtres assomptionnistes de la paroisse de Beni-Mbaho, qui ont été enlevés sont aussi victimes de ces alliés du M23. Aujourd’hui, au niveau de Béni, nous constatons avec peur la présence des Al-Shabab et des Al-Kaida aux côtés de M23 et de Mr. Hilaire Kombi.
Donc la partie Béni, la partie Walikale et le centre de la province, qui est Rutshuru et Nyiragongo, sont en situation catastrophique. Le Rwanda et l’Ouganda, moyennant le M23 et ses alliés, semble déstabiliser toute la province, puisque pour atteindre Walikale il faut passer pas Masisi ; pour atteindre Béni il faut traverser Butembo, Lubero, Béni ville et arriver à Béni territoire. Lorsque le M23 prend le centre, l’extrême Walikale et l’autre extrême Béni, cela signifie qu’il a la tendance de prendre toute la province en étau et la déstabiliser d’une manière systématique.
3. LES DIFFERENTS GROUPS ARMES PRESENTS AU NORD-KIVU
Deux catégories
Au Nord-Kivu, il y a une trentaine de groupes armés: les Maï-maï Kiricho, les Maï-maï Kifuafua, les Raïa Mutomboki, les Nyatura, les Vutura… Tous ces groupes armés, il faut les repartir en deux catégories : la première catégorie, ce sont les groupes armés créés et appuyés par le Rwanda à travers Bosco Ntaganda à l’époque. Bosco Ntaganda a créé les Raïa Mutomboki, le Cheka, le M23 actuel, le Hilaire Kombi à Béni. Tous ces groupes armés travaillent pour le compte du Rwanda.
Ces groupes armés, héritiers de l’AFDL, du RCD et du CNDP, se sont fortement enrichis. C’est eux qui sont aujourd’hui les grands concessionnaires dans le Masisi, le Walikale, le Rutshuru. Les achats se font par la force : on renvoie toute la population dans les camps de déplacés et les officiers viennent leur dire : « Vous êtes dans les camps, vous allez mourir de faim. Est-ce que nous pouvons réfléchir sur votre plantation, sur votre concession qui est telle part ? ». La personne, à bout de forces, voyant comment les enfants commencent à mourir de faim, répond : « Donnez-moi le peu d’argent ». D’autres, après avoir fait fuir l’autorité coutumière légitime, ont choisi parmi les membres de sa famille un garçon voyou, en lui donnant le pouvoir d’être chef, et lui ont dit : « Vous savez que votre grand frère / votre père / votre oncle paternel a cette concession ; maintenant c’est vous qui gérez : est-ce que vous pouvez nous la céder ? Voici des milliers de dollars ». C’est ainsi que ces gens-là deviennent aujourd’hui les plus grands concessionnaires. Face à l’enrichissement rapide des groupes armés, certains prennent aussi les armes dans le but de s’enrichir.
Les groupes armés de la deuxième catégorie sont nés en effet sous forme d’autodéfense, à cause de la faiblesse de l’autorité de l’Etat. Des jeunes se disent : « Ces autres qui viennent avec le Rwanda, viennent prendre nos champs, nous tuer, nous arracher notre pouvoir, est-ce que nous pouvons nous constituer en groupe armés ? ».
Des groupes persistant même dans l’armée nationale
Il faut reconnaître en effet qu’à un certain moment l’armée congolaise n’a plus existé : il a existé ces groupes appuyés par le Rwanda ou l’Ouganda: le RCD-Goma, le RDC-KML qui était à Béni, en Ituri, au service de l’Ouganda, le RCD National qui était dans la Province Orientale au service de l’Ouganda, le MLC de Jean-Pierre Bemba, qui a travaillé avec l’Ouganda aussi.
Une fois intégrés dans l’armée nationale, ces groupes armés n’ont pas cessé de travailler comme appartenant à leurs chefs, à leurs autorités morales : les anciens militaires du MLC continuaient à se sentir dépendant de Jean-Pierre Bemba, ceux du RCD-Goma qui se sont reconstruits en CNDP et aujourd’hui en M23, ont continué à obéir à leur hiérarchie et aux ordres venus du Rwanda. Cela n’a pas disparu. Il y a des militaires de l’ex-CNDP qui ont refusé de quitter le Nord-Kivu pour être déployés ailleurs, car parmi eux il y a des Rwandais, qui veulent rester pour continuer à rendre le service attendu par le Rwanda.
Jusqu’aujourd’hui les minerais traversent ici grâce à des officiers militaires. Sous prétexte de faire des patrouilles en ville de Goma, ces officiers circulent avec leur véhicule jusqu’à 1h du matin, pour transporter vers le Rwanda les colis de cassitérite. Ils chargent la cassitérite dans les sites comme celui de Biréré, de là ils arrivent à la frontière, déposent leurs colis dans une autre voiture provenant du Rwanda, puis ils continuent leurs tours. Nous voyons cela et le dénonçons chaque jour.
C’est ainsi que même sur les lignes du front contre le M23, certains militaires congolais tiraient sur leurs collègues. Une fois que l’ennemi est affaibli, les militaires patriotes constatent que ceux qui sont derrière, des FARDC, tirent sur leurs collègues. Nous avons donc traversé une période de non-armée, ce qui a fait que les groupes armés soient plus nombreux.
Des politiciens derrière
Derrière certains groupes, il y a des hommes politiques congolais à la recherche de l’argent et de pouvoir. Les anciens groupes rebelles que j’ai cités sont chapeautés par des personnages bien connus de la politique du pays. Aujourd’hui Roger Lumbala, ancien chef du RCD National, a été démis de ses fonctions de député car il est avec le M23 et veut reprendre son groupe armé. Mr. Kombi Hilaire ancien officier du RCD-KML, est au service de Mbusa Nyamwisi. Certains créent des groupes armés parce qu’ils pensent qu’il est possible d’accéder ainsi à des postes dans la politique ou dans l’armée. Le CNDP, à travers M23 veut plus de postes que ceux qu’ils ont eus. C’est comme cela que tous les 30 groupes armés existent aujourd’hui sur le sol de la République.
4. INFORMATION OU DISTRACTION ?
Nous sommes constamment informés
Nous avons les informations tous les jours, car nous sommes présents à l’intérieur des zones sous contrôle du M23 ; nous avons nos organisations, nous sommes en contact même avec des hommes des troupes qui travaillent aux côtés du M23 et qui nous informent s’ils ont bénéficié d’armes et munitions, en quelle quantité, de quelle catégorie. Dernièrement, pendant l’attaque à Mutaho, lorsque trois chars de combat du Rwanda sont arrivés, ce sont les hommes de troupe du M23 qui nous l’ont dit. Et le lendemain les chars sont rentrés au Rwanda.
Ce matin à 6h01 j’ai eu un message qui dit : affrontement à Kibati depuis 5h00 du matin. Quand nous recevons ces messages, nous essayons d’appeler pour avoir des détails. Lorsque les Al-Shabab sont arrivés à Rutshuru et à Béni ; nous sommes informés du fait que des éléments de Mr. Kombi Hilaire sont envoyés dans les pays de l’Afrique du Nord pour suivre la formation de terroristes: c’est tel jeune qui est parti, tel jour, il vient de passer trois mois, il vient de rentrer.
Vérités et distractions
C’est ainsi que nous sommes à mesure de reconnaître les fausses informations. Par exemple, la division dont on a parlé entre Bosco Ntaganda et Sultani Makenga du M23, c’est une manière de distraire ceux qui sont facile à se laisser distraire. Mais nous à la Société civile ne sommes pas faciles à nous laisser distraire. Après le conflit entre les deux, les troupes fidèles à Bosco Ntaganda ont traversé la frontière vers le Rwanda, mais après que Bosco Ntanganda ait été transféré à La Haye, les mêmes troupes ont réintégré le M23. Est-ce que les Conventions internationales permettent de remettre un réfugié à un groupe rebelle ? Le Rwanda bafoue même les conventions internationales. Nous avons été étonnés de voir un Secrétaire général de l’ONU qui va passer la nuit pour parler chez quelqu’un qui bafoue les conventions internationales.
Il n’y a jamais eu une division dans le groupe du M23. On déshabille St Pierre pour habiller St Paul C’est la tactique du Rwanda : lorsque parmi les commandants qui sont créés chaque jour quelqu’un n’obéit pas à la ligne de conduite, ou bien il est devenu trop sale aux yeux de la Communauté internationale, on le met un peu à l’écart. C’est le cas de Sultani Makenga aujourd’hui : on a voulu ramener Laurent Nkunda, parce que Sultani Makenga est déjà sous mandant d’arrêt international.
Hier l’information est arrivée que le Rwanda a rappelé vite vite Laurent Nkunda, car il s’est rendu compte que sa présence à la tête du M23 peut nuire au Rwanda, qui avait dit que Nkunda était aux arrets et en train de comparaitre et qu’on ne peut pas l’extrader en RD Congo, car cette dernière continue à appliquer la peine de mort. Hier on l’a remplacé par son petit frère. Tout cela c’est la manoeuvre du Rwanda.
Hier même quelqu’un est venu nous dire que le M23 vient de commencer à retirer ses troupes, à reculer de ligne de front ici à Kibati et nous avons dit : ce sont des informations de nature à nous distraire, à nous faire sortir de notre ligne. Et ce matin le M23 a recommencé la bataille.
5. NOTRE MESSAGE A BAN-KI-MOON
Une visite éclair qui nous a déçus
Nous avons attendu la visite du Secrétaire général des Nations Unies, Mr. Ban-Ki-Moon, avec l’espoir de pouvoir lui décrire ce que nous vivons et ses causes. Nous avons toutefois été très déçus par sa visite éclair au Nord-Kivu : arrivé à Goma à 10h30, il en est reparti à 13h14, sans même recevoir les acteurs qui pouvaient lui parler des causes profondes de la crise. Il a rencontré les humanitaires, qui sont certes en train de faire un travail de qualité ici, mais non la Société civile. Ban-Ki-Moon est allé passer la nuit au Rwanda, chez le bourreau, qui a eu tout le temps de parler.
Or, c’est nous, Société civile, qui donnons l’information au Gouverneur de Province, aux autorités de Kinshasa ; c’est chez nous que certains humanitaires cherchent l’information. A Addis Abeba, le jour où la RD Congo a déposé la requête contre le Rwanda en l’accusant d’agression, le Rwanda a déclaré d’être plutôt la victime. N’eut été la présence de la Société Civile, même les délégués de Kinshasa n’auraient pas eu assez d’arguments auprès des autres Etats de la Région des Grands Lacs représentés dans la salle.
Se passer de notre présence nous a paru une manière de ne pas reconnaître la souffrance de la population, de ne pas prendre en compte les causes profondes de la crise, puisque « tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi ». C’est ainsi que le 23 mai 2013, nous avons adressé au Secrétaire général une lettre ouverte concernant la nécessité d’attaquer les causes profondes de la crise1.
1 Cf. http://www.ingeta.com/lettre-ouverte-des-forces-vives-de-la-societe-civile-du-nord-kivu-a-ban-ki-moon/
2 Cf. http://www.ingeta.com/rapport-mapping-des-nation-unis-sur-la-rdc/
Le Rapport Mapping oublié
Dans la lettre ouverte à Ban-Ki-moon, nous avons aussi évoqué le Rapport Mapping, publié par les Nations Unies le 1er octobre 2010, concernant les événements de guerre en RD Congo dans la décennie 1993-20032, un rapport resté sans suite. Nous nous posons jusqu’à maintenant la question de savoir quel est le pouvoir du Rwanda sur les autres nations ? Nous avons vu Joseph Kabila et Paul Kagamé devant le Secrétaire général des Nations Unies. Avant la fin de la séance, Kagamé a quitté la salle en se disant appelé à d’autres obligations. Quel mépris à l’égard du Secrétaire général, mais le Secrétaire général tolère cela ! Et pour le Rapport Mapping, le Rwanda dit tout haut que le rapporteur c’est un menteur, alors que ce rapport a été rédigé sur le terrain. Et comme il a dit ainsi, on a gelé le Rapport. Pourquoi peut-il rester lettre morte, alors qu’il reflétait la réalité de ce que fait le Rwanda sur le terrain ?
La bonne foi de la RD Congo
Lorsque le Rwanda disait que la RD Congo entretient les FDLR contre le Rwanda, la RD Congo a dit : le RCD a été créé sous prétexte que nous n’avons pas attaqué les FDLR ; or, le RCD a gouverné trois ans à Goma, accompagné par l’armée rwandaise, mais ils n’ont pas pu mettre fin à l’activisme des FDLR. Le chef du RCD, Mr. Azarias Ruberhwa Manyowa est allé jusqu’à la tête du pays comme vice-président de la République, en charge de la sécurité et de la défense. Il a dit qu’il ne voulait pas que les militaires RCD soient déployés à Kinshasa parce qu’ils devaient continuer la mission de traquer les FDLR, mais la Transition s’est terminée sans que les FDLR n’aient été exterminées. Par après, les militaires du CNDP ont refusé d’être déployés ailleurs que dans le Nord-Kivu, en disant de douter que Kinshasa traque les FDLR. Le CNDP est resté à Goma plus de quatre ans, sans mettre fin aux FDLR.
Alors Kinshasa a demandé que l’armée rwandaise vienne se joindre à l’armée congolaise pour traquer les FDLR : c’était le programme « Umoja wetu ». Or, Umoja wetu a fait une « mission de santé » : ils sont passés par Nyiragongo, Rutshuru, ils sont descendus sur Mpinga, Walikale, Itebero, Bukavu sans rien faire contre les FDLR et ils sont rentrés; c’était du tourisme de l’armée rwandaise sur le sol congolais. Plutôt, au lieu de traquer les FDLR, on a constaté que parmi les militaires rwandais il y avait ceux qui laissaient aux FDLR des caissons de munitions.
FDLR, un fond de commerce pour le Rwanda
Dans notre lettre nous avons demandé que l’on mette une pression sur le Rwanda, pour que le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi règlent leurs problèmes de démocratie, de justice et de réconciliation. Le Rwanda pour déstabiliser cette partie de l’Est avance comme argument la présence des génocidaires ici. Il va même plus loin, en disant que la RD Congo utilise les mêmes FDLR contre le Rwanda. Comme j’ai dit, la RD Congo a montré sa bonne foi, en disant : Rwanda, envoyez votre armée. Ce programme est bien souligné par le STAREC, c’est ce que nous avons appelé « Programme Umoja wetu ». Mais par surprise, l’armée rwandaise est rentré au Rwanda en disant : « Nous pensons que les FDLR n’existent plus au Congo ». Et après quelques mois, ils disent : les FDLR sont dans l’armée congolaise. Par surprise encore, ce qui nous donne peur car nous voyons que les FDLR sont devenues un fond de commerce pour le Rwanda, c’est que l’armée du M23 qui est l’armée rwandaise utilise le colonel Mandevu, ici à Nyiragongo. Il est là, il reçoit tout, qui est à la ligne de front du M23 avec l’appui du Rwanda. Comment justifier que les FDLR deviennent quelque chose aux côtés de la RD Congo ? Nous disons que les FDLR c’est tout simplement un fond de commerce. Pour mettre fin à tout cela, est-ce que le Rwanda peut prouver, peut attester par des actes en disant : nous voulons la démocratie. Les Hutu et nous les Tutsi nous nous mettons autour d’une table. Est-ce que nous pouvons statuer sur les problèmes qui nous divisent ? C’est un élément important.
Deux poids, deux mesures
Nous regrettons en sentant qu’à la Communauté internationale il y a des questions qu’on gère avec le principe de « deux poids, deux mesures ». D’où vient la puissance de Paul Kagamé pour être considéré comme un super-homme et les autres des sous-hommes ? On nous dit qu’il est super-homme puisqu’il sait gérer. Mais il sait gérer comment ? C’est comme qui dirait : on lui donne une province de la RD Congo, avec une autonomie financière, mais qui ne peut pas le faire ? On ne doit pas comparer le Rwanda à la RD Congo ! Le Rwanda se trouve dans la RD Congo combien de fois ? Et quand quelqu’un construit des routes sur une petite portion, est-ce qu’on croit qu’il a construit des routes sur l’étendue de la RD Congo ? Ce n’est pas la même chose ! Toutes les routes que Kabila vient de construire à Kinshasa peuvent correspondre à toutes les routes que Kagamé a construites ! Et donc les gens doivent comprendre que la RD Congo est tout un continent. Est-ce pour cela qu’il faut encourager Kagamé à couper ce pays et dominer sur une partie de la population de la RD Congo ? Nous pensons que non ! Nous ne devons pas marcher comme cela !
Comme quand on verse du feu sur les fourmis
Les quelques paysans qui sont encore à Rutshuru cultivent, mais à la récolte, ce sont les militaires du M23 qui font la récolte et qui amènent les vivres au Rwanda. Même chose pour Nyiragongo : les paysans cultivent, mais les récoltes vont au Rwanda. C’est pourquoi il n’y a pas trois jours, vendredi 5 ou samedi 6 juillet, les jeunes paysans se sont permis de prendre les machettes et sont entrés dans les rangs du M23 jusqu’à tuer six éléments du M23, pour dire : nous sommes en train de mourir à petit feu, cette fois-ci tuez-nous directement, parce que le fait de récolter nos vivres et de les amener au Rwanda nous n’allons pas l’accepter. Quel sacrifice ! Cela signifie la dernière colère. C’est comme quand on verse du feu sur les fourmis, il y a certaines fourmis qui viennent toucher les braises. C’est le désespoir total. Quel courage exceptionnel ! C’est ce qui va arriver un jour, si rien n’est fait. C’est pourquoi nous avons demandé à Ban-Ki-moon de s’attaquer aux causes profondes de la crise.
Toucher aux causes profondes
C’est bon de déployer ici une brigade d’intervention, mais est-ce que cette brigade va toucher les causes profondes ? Pour nous les causes, la racine pivotante de cette crise de l’Est c’est : que veut le Rwanda ? que veut l’Ouganda ? Nous sommes d’accord sur le commerce transfrontalier, mais est-ce que le commerce est dans le bruit des bottes ? L’argent ne veut pas le bruit des bottes ! Si le Rwanda veut profiter des richesses de la RD Congo, nous devons nous donner la peine, nous tous !
Les causes profondes de cette guerre, c’est le pillage systématique des ressources, c’est l’affaiblissement du tissu économique de la population de l’Est, pour que le Rwanda continue à montrer d’être l’unique pays en Afrique capable de prouver son économie.
Le Rwanda doit arrêter d’entretenir cette cacophonie à l’Est de la RD Congo, pour permettre à cette population aussi d’émerger, de jouir de ses droits, surtout du droit à la vie.
Et voilà ce que nous avons voulu dire au Secrétaire Ban-Ki-moon : pourquoi des demi-mesures contre le Rwanda ? Nous pensons qu’il doit jouer son rôle de manière honnête et crédible. S’il veut trouver une solution à la crise en RDCongo, c’est tout simplement dire au Rwanda de cesser son activisme.
6. OBJECTIFS DE LA GUERRE
Déstabiliser
La guerre du M23 vient du fait que le Rwanda et l’Ouganda veulent faire la guerre contre la RD Congo. Pourquoi le Rwanda entretient-il des guerres depuis 1990-1993 à l’Est de la RD Congo ? C’est parce que le Rwanda tire des dividendes dans les minerais : la cassitérite, le coltan, le pétrole, le gaz sur le lac Kivu : puisque en faisant la guerre contre la population congolaise, la RDCongo ne s’organisera pas pour exploiter ces minerais, aucun investisseur ne viendra investir sur cette partie du territoire de la RD Congo, et alors le Rwanda se développera pendant que l’’Est de la RD Congo restera sous-développé. La poussière accablante des routes de Goma, c’est l’initiative du Rwanda, pour nous pousser à dire : pendant qu’il y a la guerre ici, on ne peut pas construire des routes ! Ainsi, la population se révoltera-t-elle en disant que Kinshasa est éloignée de Goma et pourra accepter le projet de certains membres de la Communauté internationale qui veulent à tout prix que cette partie du territoire soit balkanisée du reste du pays.
Voler
Nous perturber signifie aussi organiser un vol économique : quand l’aspirateur du Rwanda aspire le gaz méthane du lac Kivu, même le gaz de Goma s’en va de l’autre côté. Aujourd’hui le Rwanda est réputé grand producteur de minerais en Afrique. Mais il faut que ces gens qui ont caché le Rapport Mapping descendent au Rwanda pour demander où sont les sites des gisements, où est-ce qu’ils exploitent l’or, la cassitérite le coltan. Qu’ils nous montrent. Mais comme il y a un fanatisme à outrance, ils disent : le Rwanda produit. Non ! Tout le coltan que ces gens achètent au Rwanda provient de Masisi, ici, l’or provient de Lubero, le diamant de la Province Orientale. Quel gisement d’or, de coltan a le Rwanda aujourd’hui ? S’il y a encore des gens de ce monde qui aiment la population de l’Est de la RD Congo il y a moyen d’arrêter et d’arrêter tout de suite.
En outre, la guerre a handicapé l’agriculture. Alors que le Congo est plus fertile que le Rwanda, actuellement si vous allez ce matin au marché du quartier Kahembe à Birere, à Goma, vous verrez les tomates, les patates douces, les feuilles de manioc venant du Rwanda. C’est désolant, humiliant ! Voila ce que Kagamé veut de nous. Le Rwanda voudrait affaiblir la population de l’Est, la mettre dans un affaiblissement économique et psychologique, puisque les violences sexuelles faites à la femme actuellement c’est tout simplement une manière de créer la peur dans la population pour qu’elle dise : nous devons nous soumettre au Rwanda, pour éviter qu’ils viennent nous faire ce qui a été fait contre tel et tel.
7. LE DERNIER RAPPORT DU GROUPE D’EXPERT DES NATIONS UNIES
Minimiser ce qui est grave
Le Rapport intermédiaire du groupe d’experts des Nations Unies daté du 20 juin 20133 innocente l’Ouganda, en disant qu’elle n’est pas impliquée et que le Rwanda est impliqué mais non plus de manière consistante comme auparavant. Dire que le Rwanda est moins impliqué signifie : ce n’est plus grave, le Rwanda n’est plus très actif sur le territoire congolais.
3 Divulgué fin juin par Inner City Press. : http://www.innercitypress.com; pour une synthèse : http://www.julienpaluku.com/index.php/actualites/1-julien-paluku-articles/4615-rdc-les-revelations-du-nouveau-rapport-de-lonu
Nous disons : ce n’est pas vrai ! Peut-être ces experts ont-ils rédigé ce rapport dans des salons climatisés. Or, nous disons que le Rwanda est jusqu’à présent très actif. D’ailleurs, le M23 n’existe pas sans le Rwanda : le M23 a commencé en territoire de Masisi, les FARDC les ont pourchassés jusqu’au Rwanda, sur la colline Runyoni. Or, le ministre rwandais de la défense. Mr. Kabarebe, s’est permis un jour de dire que Runyoni est à la distance de deux jours de marche de la frontière du Rwanda, ce qui est faux : entre Runyoni et le Rwanda il n’y a même pas deux kilomètres ! C’est déplorable, regrettable et même ridicule qu’une telle autorité dise ces mensonges.
A Runyoni, le M23 était suffisamment affaibli. Comment a-t-il pu se maintenir et récupérer Rutshuru et Nyiragongo, alors que toute la partie Rutshuru était quadrillée par les FARDC, si ce n’est grâce aux renforts venus du Rwanda, puisque. D’où sont venus les renforts qui ont attaqué les FARDC jusqu’à récupérer la grande partie de la Chefferie du Bwisha, jusqu’à récupérer le Nyiragongo et la ville de Goma? Nous avons vu de nos yeux les militaires rwandais traverser par la grande barrière ici, à Goma.
Qu’est-ce qui dit que l’appui du Rwanda au M23 n’est pas grave ? Le fait d’envoyer un seul officier pour former les troupes du M23 signifie un appui. La Belgique n’a envoyé ici que trois instructeurs, qui viennent de produire tous ces commandos qui sont sur la ligne de front : la RD Congo va-t-elle dire qu’elle n’a pas bénéficié de l’appui de la Belgique ? C’est le plus grand appui dont on peut avoir besoin ! Donc nous pensons que le Rwanda est aux côtés du M23 et d’ailleurs nous disons que le M23 n’existe pas sans le Rwanda, jusqu’à présent. Ce rapport signifie tout simplement que pour les Nations Unies il y a des demi-mesures.
Des affirmations fausses
Ce n’est donc pas vrai, comme dit le Rapport intermédiaire, que le Rwanda aurait fait sérieusement le ménage dans ses rapports avec le M23. Aujourd’hui il continue à appuyer le M23 en hommes, en armes, en munitions et en tout. Concernant l’arrestation des officiers rwandais Jomba Gakumba, Gafishi Semikore et Theo Bitwayiki, dont parle le document, nous n’en sommes pas informés. Nous savons que Gafishi Semikore avait remplacé l’officier qui conduisait le front de Gatumba qui était tombé sur la ligne du front.
Quant à l’affirmation comme quoi il y aurait « collaboration entre certaines unités des FARDC et les FDLR dans des zones proches des territoires contrôlés par le M23″, c’est plutôt le contraire ! Nous pensons que c’est le M23 et le Rwanda qui utilisent les FDLR et collaborent avec elles. La preuve que nous avons c’est que pour le Rwanda il est impossible que la RD Congo ait des officiers qui ne sont pas corruptibles : un officier qui refuse la corruption du Rwanda sur la ligne de front pour laisser continuer les troupes du M23, pour le Rwanda il ne peut être qu’un FDLR. C’est comme cela qu’ils accusent les commandos qui sont sur la ligne de front d’être des FDLR. Mais qu’est-ce qui le prouve ? C’est vrai qu’au Congo il y a des Hutu congolais qui parlent le kinyarwanda : est-ce pour autant qu’ils sont des FDLR ? Il y a aussi des militaires Tutsi dans les rangs des FARDC que certains considèrent aussi comme des rwandais, du fait de leur appartenance ethnique. Nous disons : non, il faut savoir distinguer qu’il y a des Tutsi congolais et des Tutsi rwandais. Nous voulons dire la même chose au Rwanda : qu’il y a des Hutu rwandais et des Hutu congolais. Donc les vaillants combattants qui sont dans la ligne des FARDC et qui sont des Hutu, ceux-là ne doivent pas être considérés comme des FDLR.
Génocide, germe transmissible ?
Les Rwandais au pouvoir continuent à appeler les Hutu, les réfugiés en particulier, « génocidaires ». A moins que les germes du génocide se contaminent à la naissance, tout ce que nous savons aujourd’hui c’est que les militaires de l’armée rwandaise, qu’on appelait la Garde présidentielle, n’existent plus sur le sol congolais. Il existe ces jeunes qui sont venus du Rwanda à l’âge de dix-quinze ans qui constituent actuellement l’armée des FDLR. Le Rapport dit qu’il ne reste que 1500 FDLR au Congo. Qui les a comptés ? Celui-là qui les a comptés, c’est qu’il les entretient. Ce sont les Rwandais qui envoient les armes, ils savent combien ils en ont envoyées : ce sont de faux FDLR. Quand le Rwanda donne des chiffres comme ceux-là, comment les a-t-il eus ? Ils ont des listes. C’est pourquoi nous disons que c’est un fond de commerce, et la preuve c’est qu’il y a quelqu’un qui les a comptés, qui les a identifiés, qui connaît où ils sont.
8. A PROPOS DES INITIATIVES DE PAIX
Kampala : un dialogue qui n’a plus de sens
Nous n’avons aucun espoir par rapport aux pourparlers de Kampala. L’Ouganda – cela fait à peu-près sept mois – n’arrive pas à mettre ensemble les idées des deux parties – le gouvernement et le M23 – pour départager, puisqu’elle n’est pas bien placé pour trancher. Le M23 a violé à plusieurs reprises le règlement d’ordre intérieur et l’Ouganda, comme parrain du M23, n’a jamais été capable de le sanctionner.
Nous nous sommes retirés de ces pourparlers, alors qu’auparavant nous faisions partie des délégués, puisque le M23, c’est-à-dire le Rwanda, n’a pas l’envie que Kampala accouche d’un bébé. Toutes les revendications que le M23 est en train de présenter à Kampala, à part l’évaluation de l’Accord, ce sont des revendications illégales, illégitimes et anticonstitutionnelles. Et pour nous, quelqu’un qui veut piétiner la Constitution de la République, c’est simplement un traître, comme le stipule la Constitution. Or, nous n’avons pas besoin de traitres.
A Kampala, chaque fois qu’il y avait une question sensible, tout le monde nous disait : « Pouvez-vous nous permettre de sortir ? ». Et c’était des coups de téléphone pour demander au Rwanda la réponse à donner. Toutes ces marionnettes qui sont utilisées par le Rwanda à Kampala n’ont rien à décider et doivent arrêter. Il faut plutôt s’attaquer aux causes profondes.
La brigade d’intervention
Concernant la Brigade d’intervention, c’est une réponse à une demande adressée par la Société civile du Nord-Kivu et du Sud-Kivu aux pays de la Région des Grands Lacs à Addis Abeba, en juillet 2012. Par la suite, le Rwanda et l’Ouganda ont tergiversé, des concepts ont été créés : il faut une brigade internationale neutre, il faut que le Rwanda et l’Ouganda soient impliqués dans la constitution de cette brigade… et nous avons été toujours là, pour dire : on ne peut pas être juge et partie.
Nous nous sommes dit que la Brigade est la bienvenue, même si, seule, elle ne saura pas trouver la solution de la crise. Toutefois, nous pensons qu’elle va faire de grandes choses, avec le renforcement des FARDC et l’appui de toute la population qui aujourd’hui est en train de donner les informations aux FARDC: attention, le M23 est en train de s’infiltrer sur tel axe, prenez vos dispositions ; attention, nous sommes ici à Rutshuru, le M23 vient de recevoir un appui venant de l’Ouganda, trois jeeps viennent d’entrer ; attention, nous constatons des Somaliens, des Al-Shabab qui viennent d’entrer…
Que le Rwanda arrête l’appui
Nous ne voulons toutefois pas non plus minimiser les quelques conséquences de cela. C’est pourquoi la Société civile continue à sensibiliser le Chef de l’Etat qui à l’époque avait dit que pour attaquer le M23 il faut travailler à trois niveaux : politique, diplomatique et militaire. Nous demandons au Chef de l’Etat de continuer de cette allure : Même si nous ne sommes plus d’accord avec ce qui se fait à Kampala, il y a moyen de faire autre chose ailleurs, en touchant le niveau Rwanda – Ouganda, puisque continuer à dialoguer avec le M23 c’est continuer à demander à d’autres bandits de créer d’autres groupes armés. Plutôt que dialoguer, autant aller demander au Rwanda d’arrêter l’appui. Dès que le Rwanda arrête, dès que le Rwanda récupère ses éléments, le M23 cesse d’exister. Nous pensons qu’avec cela, nous sommes sûrs que la paix peut revenir.
Non à la balkanisation de la RD Congo
Nous qui sommes chaque jour en contact avec la population, nous disons : on peut tout faire en ce pays, sauf la balkanisation. Et si ce projet était donné à Kagamé, la Communauté internationale regrettera un jour, lorsque nous, toute la Société civile, nous mobiliserons toute la population pour descendre sur Kigali à pied : ainsi Kagamé va tuer, va tuer, jusqu’à ce qu’il dira : c’est assez, je viens de tuer le grand nombre, mais les gens continuent à venir. Nous allons le faire un jour ! Si la Communauté internationale croit que Kagamé est un super-homme, quelqu’un qui a l’autorisation de tuer et de violer les Congolais, nous allons dire : ce n’est pas possible ! Nous allons le chercher nous-mêmes pour lui dire : voici toutes les belles femmes congolaises, commencez à violer jusqu’à ce que tu ailles te sentir satisfait. Sinon, trop c’est trop : vingt-trois ans de guerre, c’est trop ! Donc tous ceux qui appuient Kagamé dans ses projets macabres nous leur disons d’arrêter.
Une armée réellement républicaine
Nous demandons aussi à tous les Etas amis de la RD Congo, à tous ces hommes et femmes qui ont le souci de voir cette pauvre population de l’Est jouir de leur droit à la vie et à la parole, de continuer à plaider pour que la RD Congo se dote d’une armée réellement républicaine, dissuasive et capable de gérer l’intégrité du territoire. Ce n’est pas impossible, parce que cela a déjà commencé. Nous remercions la Belgique, pour la formation de commandos à Kindu, la Monusco pour la formation qu’elle fait à Kamina et ailleurs ; les autres peuvent faire de même, pour que cette armée jadis constituée de groupes armés soit aujourd’hui une armée réellement républicaine et qui constitue un corps.
Nécessité d’un dialogue interne au Rwanda
Au Burundi, qui a la même composition ethnique du Rwanda, il y a une grande évolution, car ils sont déjà autour d’une table. Ils ont adopté un mécanisme de résolution de leurs problèmes : comme les Tutsi sont minoritaires, ils ont fixé pour eux un quota de 40%, Dans tous les domaines, les Tutsi doivent être représentés au 40% et les Hutu à 60%. Ce sont des choix de nature à ramener la paix. Des personnes qui pendant les rébellions avaient pris de maisons et des champs appartenant à des Hutu, sont aujourd’hui en train de les restituer, chose qui n’est pas encore faite au Rwanda. Dans notre correspondance au Secrétaire général de l’ONU nous avons donc dit : est-ce que le Rwanda peut nous aider à mettre fin à cet alibi comme quoi la RD Congo hébergerait les génocidaires ? Est-ce qu’ils peuvent se mettre autour d’une table pour traiter de leurs questions ? Comme la Communauté internationale nous a toujours imposé le dialogue, est-ce qu’au Rwanda on peut aussi imposer un dialogue ?
Et les élections au Rwanda, comment se passent-elles ? On place les effigies des candidats devant les électeurs et on leur dit : « Allez vous aligner devant l’effigie de la personne choisie ». Quand on voit un Hutu se mettre devant l’effigie d’un autre Hutu, on le menace directement: « Vous recommencez ce que vous avez fait ? ». Il est alors obligé de s’aligner devant l’effigie de celui qu’on veut faire passer. Si quelqu’un refuse, le soir il est en prison. Et cela c’est de la base au sommet ! Tout le monde est informé du sort de Mme Victoire Ingabire, aujourd’hui en prison : qu’a-t-elle fait ? Le pasteur Bizimungu, qu’a-t-il fait ? Comment peut-on appeler cela démocratie ? Ce sont des questions qu’il faut examiner au niveau international.
Nous serons à côté des investisseurs
Pour ceux qui veulent prendre le coltan de la RD Congo, nous les Congolais nous sommes là : venez. Comme les investisseurs disent que parmi les Congolais il y a ceux qui demandent ce qu’ils appellent « ma part », si cet investisseur nous dit que tel ministre a dit : « Donnez-moi d’abord ma part avant d’aller investir là-bas », nous la Société civile nous allons le poursuivre jusqu’à ce qu’il soit demis de ses fonctions, jusqu’à ce que le Chef de l’Etat lui dise de partir. Mais il faut des preuves.
Nous avons besoin de ces investisseurs qui ont besoin du coltan, du pétrole, de la cassitérite, de l’or et du diamant de l’Est de la RD Congo. Nous sommes là, nous allons leur faciliter la tâche s’ils nous disent ce qu’ils veulent faire, pourvu qu’ils cessent de donner leur argent à Kagamé pour qu’il vienne tuer. Cela rend ces minerais « minerais de sang ».
L’aide véritable
Ce que nous demandons, ce n’est pas les aides humanitaires. Nous avons une population dynamique. Vous pouvez le remarquer : à Goma, après vingt ans de guerre, les gens continuent à vivre. Et certains sont en train de construire. Dans la zone de Rutshuru, où se trouve la route Goma-Butembo-Beni, les minibus sont pillés chaque jour ; on a pillé aujourd’hui et le lendemain d’autres disent : nous y allons quand-même. Il y a des femmes qui sont violées à bord des bus, mais d’autres disent : nous devons partir. C’est une population en quelque sorte meurtrie, mais aussi dynamique.
Nous n’avons pas besoin des aides humanitaires, nous avons besoin de la paix. Si les gens peuvent nous aider à avoir la paix, à mettre fin à toutes ces guerres ici, le reste va suivre. Si les gens peuvent nous aider à dire au Rwanda d’arrêter, le lendemain tous les Congolais qui deviendront riches ici. Les entreprises seront créées et les Congolais vont se débrouiller et vont atteindre le niveau supérieur du développement durable.
Sinon, ceux qui continuent à croire qu’il ne faut que des aides humanitaires, sont aussi en train de créer de l’attentisme au sein de cette population-là. Je ne dis pas que c’est mauvais aujourd’hui, vu le contexte actuel ; mais surtout nous avons besoin de ceux qui nous amènent la paix durable. Une fois la paix rétablie, nous aurons besoin de projets de développement durable, pas seulement pour nous, mais pour nos générations futures.
Continuer à plaider
Que les hommes et femmes épris de paix continuent à plaider pour cette population victime d’une guerre d’agression de la part du Rwanda. Nous demandons à l’opinion internationale de mieux aider cette Afrique : aujourd’hui c’est nous qui subissons, demain ce sera un autre pays, après demain un autre encore.
Ces idées sont partagées par toute la Société civile du Nord-Kivu et par la population, parce que nous sommes dans la population : c’est nous qui subissons toutes les douleurs causés par le M23 et si prochainement le Secrétaire général des Nations Unies rentrait au Congo, nous le supplierions de se référer à la Société civile qui est la population qui subit toutes les douleurs possibles.
(Témoignage recueilli par Teresina Caffi)
TABLE DES MATIERES
1. Quatorze mois avec le M23 .……………………………………. 1
2. Toute une Province déstabilisée …………………………………… 2
3. Les différents groups armes présents au Nord-Kivu …………….3
4. Information ou distraction ? ………………………………………………….4
5. Notre message a Ban-Ki-Moon ..………………………………….. 5
6. Objectifs de la guerre ……………………………………………… 7
7. Le dernier Rapport du Groupe d’expert des Nations Unies …….. 8
8. A propos des initiatives de paix ..…………………….……………. 9
–
« Il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres. » – Patrice Emery Lumumba –
« Si cette prise de conscience pouvait faire tache d’huile ! Un peuple bien informé, bien formé (ou se formant à partir de la lecture des faits) et sagement organisé en force d’auto-défense populaire est « la meilleure arme de destruction massive » contre les politiques impérialistes. Celles-ci ne triomphent longtemps que là où l’obscurantisme et l’obscurité sont entretenus. » – Jean-Pierre Mbelu –
« En effet, depuis sa création en 1885 par les politiciens colonialistes européens, le Congo continue d’être une vache au lait dont seule une très petite fraction des congolais jouit de ses richesses. La majorité des congolais souffrent terriblement.
Ceux qui se soucient du bien-être de la majorité de congolais se posent souvent la question de savoir pourquoi tant de problèmes au Congo? Quand est-ce que le Congo va-t-il décoller? A quand la fin de la crise politique, sociale et économique ?
Ces questions sont importantes, car pour soigner une maladie il faut en connaitre les causes. Parfois, il nous faut saisir notre courage avec nos deux mains et saisir le taureau par ses cornes pour interroger le passé. Interroger le passé pour comprendre le présent afin de préparer l’avenir de nos enfants est un exercice obligatoire.
Faute de faire un diagnostic correct, nous risquons de tourner en rond alors que les années passent et que le monde mondialisé et compétitif ne cesse de nous apporter de nouveaux défis qui compromettent notre survie.
Examiner le passé ne veut pas dire que l’administration coloniale belge porte seule la responsabilité de tous les maux que nous sommes en train de vivre. Notre culture joue une plus grande part dans notre stagnation. Je vais le démontrer brièvement dans cet article. Cet examen du passé voudrait rétablir la responsabilité et insister que seuls les congolais doivent se sentir les premiers responsables à rechercher les voies et les moyens de trouver des solutions à leurs problèmes. Celui qui veut résoudre les problèmes du Congo sans examiner le passé ressemble à un charlatan qui pose son oreille sur le ventre du patient pour diagnostiquer les maux de ventre chroniques dont souffre ce dernier. » – Mzee Lombe Mwembo -
Les Amis de Jean-Pierre Mbelu (Facebook)
«Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons.» – Martin Luther King -
« La solution des problèmes congolais sera confrontée à la résistance des occidentaux non par simple méchanceté, mais par la tendance naturelle humaine de conserver ses acquis. A tout cela, ajouter les difficultés financières qu’exigent toute reforme et surtout les désirs de vautours du monde mondialisé qui regardent le Congo comme un gâteau trop facile à se partager. Peut-être que ceux ou celles qui veulent voir et comprendre les problèmes du Congo ne sont pas encore né(es). » – Mzee Lombe Mwembo -
« Un fait est sûr : » Les petits restes, les minorités organisées et les autres ascètes du provisoire Congolais luttent sur plusieurs fronts. Un temps viendra où ils vont étonner le monde entier. » » – Jean-Pierre Mbelu -
« Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur. » – Patrice Emery Lumumba -
« J’aime cette Terre plus que tout le reste au monde. Un homme qui n’aimerait pas la tombe de son père serait pire qu’un animal sauvage. » – Chef Joseph Indien Nez Percé -
VIVE LE CONGO LIBRE, UNI & PROSPERE.
Visitez nous sur www.kongolibre.over-blog.com
12 août 2013
Actualités