(CongoForum)
La plupart de sujets exploités par les journaux parus ce mercredi à Kinshasa cocernent les Concertations nationales, pour lesquelles le présidium mis en place consulte les partis politiques et la société civile. A l’Est, rien de nouveau, en ce sens qu’une nouvelle trahison d’officiers CNDP intégrés dans les FARDC n’a rien de neuf.
Concertations
Le Phare annonce le déplacement du leader de l’UDPS le samedi prochain à Brazzaville où il va rencontrer le Président Sassou Nguesso. C’est à la demande de ce dernier que M. Etienne Tshisekedi fait ce déplacement qui a été confirmé après le passage, en début de semaine, d’un émissaire du Chef de l’Etat du Congo/Brazzaville, porteur d’une invitation personnelle qui a été remise en mains propres à Etienne Tshisekedi, dans sa résidence de la rue Pétunias, dans la commune de Limete.
La Prospérité titre «Tshisekedi chez Sassou ce samedi à Brazzaville !».
Pari gagné pour Samy Badibanga, s’exclame La Prospérité. Ce tête-à-tête, longtemps attendu entre les deux personnalités, se présente comme un rendez-vous de dernière chance, croit savoir le journal. Il est question de savoir, enfin, si le leader de l’UDPS pourrait ou ne pas participer aux Concertations nationales. « Toutes les dispositions ont été prises, à en croire une source crédible de la Présidence de l’Union pour la démocratie et le Progrès Social (UDPS). Albert Moleka, son Directeur de Cabinet aurait déjà traversé la rive gauche, pour préparer le terrain », rapporte La Prospérité. Jusque là, Tshisekedi se dit non concerné par ces assises, pendant que plusieurs voix, dans l’opinion, réclament sa présence.
(L’aspect le plus important de cette éventuelle présence d’ETwM, c’est qu’elle pourrait indiquer un retour vers la case départ. Le « dialogue » a été promis au départ pour régler le contentieux électoral. Puis, sous le nom de « concertations », il a reçu des contenus de plus en plus vastes et vagues. Il est aussi devenu manifeste que le pouvoir comptait en garder le contrôle et faire tourner le « dialogue » en une sorte de reconnaissance de sa légitimité.
Il faut rappeler que les élections du 28/11/11 ont été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.
Toutefois, même un face à face JKK / ETwM ne mènerait encore à rien tant que l’un ou l’autre ou tous deux persisteront à se réclamer d’un résultat inexistant. Le point sur lequel un consensus est indispensable à tout progrès, c’est qu’une élection doit être impeccable ou nulle et que donc il n’y a PAS de « résultats électraux ». NdlR)
Autre aspect des « concertations », elles pourraient être l’ocasion de remanements du gouvernement et de la Majorité.
A ce sujet, Forum des As titre: « gouvernement d’union nationale, L’UNC de Vital Kamerhe dit non à Léon Kengo ».
« Léon Kengo est un sage pour son expérience, mais pas le sage de l’Opposition politique », a indiqué le secrétaire général Jean Bertrand Ewanga Isewanga qui s’exprimait mardi dans une conférence de presse. Il réagissait une nouvelle fois à l’annonce de la formation d’un gouvernement à l’issue des concertations nationales. Pour l’UNC, ” le Dialogue ne doit pas être un lieu de conquête de pouvoir ou de partage équitable et équilibré du pouvoir de triste mémoire, mais plutôt un moment historique pour la réconciliation nationale en vue de restaurer la paix au pays et de baliser les voies et moyens pour le développement de notre cher et beau pays en vue du bien-être social du peuple congolais “, indique sans ambages Jean Bertrand Ewanga Isewanga.
Quant à lui, Le Potentiel rapporte que le MLC prend l’option de participer aux travaux du comité préparatoire des concertations nationales alors que l’UNC désavoue toute démarche tendant à asphyxier l’opposition. Dans un communiqué parvenu mardi soir au Potentiel, le secrétaire général du parti de Jean-Pierre Bemba, Thomas Luhaka indique que « le mouvement de libération du Congo a décidé de participer aux travaux du Comité préparatoire paritaire ». Toutefois, une réserve est mentionnée dans le texte : «le MLC tient à informer l’opinion que c’est à l’issue des travaux du comité préparatoire qu’il lèvera une option définitive quant à sa participation ou non aux concertations nationales proprement dites».
Au sujet de ce comité préparatoire, Forum des As affirme que le quota des membres est passé de 10 à 20 personnes par composante. Dans cette optique, Jean-Marie Ntantu Mey invite la société civile à ne pas aller en ordre dispersé.
Le Palmarès note « le MLC et l’UN, enfin, d’accord » pour prendre part aux concertations nationales. Thomas Luhaka pour le MLC et Clément Kanku pour l’UNC ont été reçus par le présidium des Concertations nationales.
Les deux précités ont confié à la presse que les nuages sombres qui existaient se sont enfin dissipés. Ainsi donc, sauf volte-face de dernière minute, rien ne s’oppose plus à ce que leurs partis participent aux concertations nationales.
Radio Okapi signale une intervention de Didier Reynders dans l’affaire des concertations. Il « plaide pour un débat sur la décentralisation lors des concertations nationales ».
En visite à Matadi (Bas-Congo) le mardi 13 août, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a plaidé pour que la question de la décentralisation soit débattue lors des concertations nationales. « On doit aussi donner une plus grande capacité d’action au niveau local et provincial », a-t-il expliqué. Le chef de la diplomatie belge a dit espérer que les élections provinciales et locales pourront se dérouler dans des bonnes conditions. « Je verrai l’abbé Malu-Malu (ndlr : président de la commission électorale) pour parler de ce calendrier et de la cohérence des prochaines élections », a-t-il indiqué.
Ceni
Alors que les concertations nationales cristallisent l’attention de la classe politique congolaise, La Prospérité signale que le président de la Ceni clique sur le fichier des élections et maintient le curseur sur le processus électoral pour lequel il a ouvert hier, mardi 13 août, un séminaire d’imprégnation à l’intention des membres de l’Assemblée plénière ainsi que ceux du bureau. Le but de ce séminaire, le journal : renforcer les capacités des dirigeants de la Ceni en vue de passer à la phase décisive de l’élaboration du calendrier des échéances électorales, du budget et, éventuellement, des sources potentielles de financement.
L’Avenir s’intéresse à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) où les 13 membres de cette institution sont en séminaire sur le leadership et gestion des conflits électoraux. De ce séminaire devra sortir une feuille de route des élections, soit un chronogramme assorti d’un certain nombre de contraintes qui établissent clairement les responsabilités des uns et des autres dans la bonne tenue des élections en RDC.
Tous les partenaires au processus électoral en RDC ont renouvelé leur soutien à l’Abbé Malumalu et à la CENI qu’il dirige dans sa vision d’accomplir de bonnes élections dans le futur, rapporte L’Avenir.
Est
Le Potentiel consacre sa Une à la énième défection survenue dimanche au Nord-Kivu dans les rangs des Forces armées de la RDC (FARDC). « En dix-huit mois, quatre officiers supérieurs des FARDC issus des rangs du CNDP ont fait désertion de manière spectaculaire », rapporte le quotidien. La dernière en date est celle du colonel Bisamaza, commandant intérimaire du premier secteur des FARDC à Beni dans le Nord-Kivu. Dans sa fuite, le colonel a embarqué, avec armes et munitions, 60 des éléments sous ses ordres, précise le journal. Direction : Rutshuru pour joindre le M23. « Plus de dessin pour confirmer que l’armée nationale est littéralement infiltrée. D’où, un nettoyage à fond des écuries s’impose et d’urgence », commente Le Potentiel. Et d’écrire, sous le sous-titre énergique« Nettoyer les écuries d’Augias » : « En effet, depuis l’accord de Sun City en 2002, la RDC a perdu tout contrôle de son système de défense. Cet accord, suivi d’autres plus compromettants pour les FARDC tels que l’accord de Goma de 2009, n’ont fait que fragiliser davantage la RDC. Dans son état actuel, l’armée nationale est un corps hétéroclite, un assemblage d’éléments issus des mouvements et groupes armés.
Comment recréer l’esprit de corps au sein d’une telle structure ? Pas facile, en tout cas. Pourtant, c’est l’image qu’on a aujourd’hui de l’armée congolaise. Ainsi, des officiers, particulièrement ceux opérant dans la partie Est, peuvent refuser un ordre de permutation vers une autre zone militaire et trouver une raison de quitter les rangs.
Le ver est dans le fruit. C’est le moins que l’on puisse dire. L’armée nationale doit être nettoyée de fond en comble pour la débarrasser de brebis galeuses qui plombent son action lorsqu’il s’agit de remplir sa mission.
Aujourd’hui, il devient évident que des opérations d’intégration, de brassage ou de mixage qui ont ramené sous les drapeaux des militaires aux origines douteuses ont été préméditées sous la dictée des décideurs au sein de la communauté internationale. Objectif : empêcher la RDC de se doter d’une armée véritablement républicaine, capable de défendre l’intégrité territoriale.
Aujourd’hui que des faits ont mis à l’évidence le degré d’infiltration des FARDC, il est temps d’engager un nettoyage à fond des officiers et des hommes de troupes, ainsi que l’ensemble des services de sécurité. L’efficacité de FARDC en dépend. »
(Dans toutes les armées du monde, la trahison, le refus d’obéissance, la mutinerie ou la désertion, se produisant en temps de guerre ou dans des zones d’opération, sont punies de mort. Sauf au Congo où cela permet de monter en grade.
Radio Okapi donne une nouvelle qui, quoique l’action se déroule à Kin, est relative à l’Est. « Le député national Muhindo Nzangi écope d’une peine de 3 ans de prison ferme pour atteinte à la sureté de l’Etat ».
Le verdict rendu de la Cour suprême de justice est tombé mardi 13 août à Kinshasa au terme d’un procès en procédure de flagrance. Les juges n’ont pas retenu contre lui les accusations d’outrage au chef de l’Etat comme l’avait demandé le ministère public.
Au cours d’une émission à laquelle il a participé dimanche 11 août à la radio Kivu One émettant à Goma, le député Muhindo Nzangi avait mis en cause les autorités congolaises dans la guerre qui se déroule au Nord-Kivu. Il avait été interpellé à la fin de cette émission et ramené à Kinshasa sous escorte militaire. Son jugement en procédure de flagrance avait alors commencé le lendemain.
« Condamner un député à trois ans. C’est très très sévère. La cour suprême n’a pas la tradition de condamner à de lourdes peines. Ensuite, c’est le temps qui lui reste pour le mandat, c’est-à-dire qu’il y a une volonté quelque part pour faire taire ce député du Nord-Kivu. C’est très grave pour nous tous, pour la démocratie. C’est révoltant, surtout que c’est rendu en premier et dernier ressort. Nous n’avons pas de recours », a déclaré Me Ruffin Lukoo, son avocat.
Et, grâce à La Libre et à l’agence Belga, revoici Didier Reynders qui affirme: « Kabila a la volonté d’agir contre les groupes armés dans l’est du Congo ». De plus, « Selon M. Reynders, le président est aussi « très conscient » des problèmes de sécurité et de défense à l’est ».
« Le président Joseph Kabila est déterminé à agir contre les groupes armés qui déstabilisent l’est de la République démocratique du Congo (RDC), M23 en tête, a assuré mercredi le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, à l’issue d’un entretien à Kinshasa avec le chef de l’Etat congolais. M. Kabila est « très conscient, comme le gouvernement, de la nécessité d’être beaucoup plus présent sur la scène régionale et internationale » pour défendre les positions de la RDC, en proie à une instabilité chronique dans l’est depuis des décennies, a-t-il affirmé à quelques journalistes après cette rencontre d’environ une heure et demie.
Selon M. Reynders, le président est aussi « très conscient » des problèmes de sécurité et de défense à l’est et souhaite voir les forces armées congolaises (FARDC) « jouer leur rôle » en commun avec les Casques bleus des Nations Unies dans la lutte contre ces groupes armés, dont le dernier en date, le Mouvement du 23 mars (M23), contrôle depuis plus d’un an une zone au nord de Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, voisine du Rwanda et de l’Ouganda. « J’ai senti une volonté d’agir », a commenté M. Reynders alors que le président Kabila n’a fait aucune déclaration ».
© CongoForum, le mercredi 14 août 2013
14 août 2013
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